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Verdict du procès du putsch de 2015 : La réaction de quelques avocats

LEFASO.NET | Par Herman Frédéric Bassolé

Publié le lundi 2 septembre 2019 à 21h47min

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Verdict du procès du putsch de 2015 : La réaction de quelques avocats

Dans ses réquisitions, le parquet avait placé la barre très haut : prison à vie et destitution des principaux accusés de leur grade de général. Dans son verdict, ce lundi 2 septembre, le tribunal a finalement condamné Gilbert Diendéré à 20 ans de prison et Djibril Bassolé à 10 ans. Déchus chacun d’une décoration, ils ont 15 jours, à l’instar des autres accusés, pour faire appel. En attendant, nous vous proposons quelques réactions d’avocats à l’issue du verdict.

Me Mathieu Somé, avocat du Général Gilbert Diendéré :

« 20 ans, c’est excessif. Sur l’attentat à la sûreté de l’Etat, nous posons la question de savoir s’il y avait un État légal le 16 septembre. Chacun a une idée du coup d’Etat. Nous, nous avons visé des dispositions légales qui disent qu’il y a coup d’Etat quand on renverse par la violence un régime légal. La question qu’on se pose tout de suite, c’est ce qu’est un régime légal. On a la réponse dans la Constitution. L’article 167 dit que tout pouvoir légal doit tirer sa source de la Constitution. Or le pouvoir qui était en place le 16 septembre était assis sur une charte et non la Constitution. Alors pourquoi nous condamner sur l’attentat à la sûreté de l’Etat ? C’est un jugement ostensiblement politique ».

Me Guy Hervé Kam, avocat des parties civiles

« C’est déjà un très grand soulagement qu’on ait pu mener ce procès jusqu’au bout. Nous sommes totalement satisfaits du verdict parce que nous disions dès le départ que chacune des parties avait sa vérité mais que la plus importante était la vérité du tribunal. Et notre souhait était que cette vérité se rapproche plus de la vérité des faits. Le tribunal a fait application de peines que nous trouvons tout à fait clémentes mais nous disons que notre objectif n’était pas la vengeance. Et nous pensons que les victimes peuvent désormais reposer en paix. Le 22 octobre, on se retrouvera ici pour statuer sur les réparations. Comprenez que toutes les victimes décédées, blessées dans leur chair et ceux qui ont perdu des biens auront des réparations à demander. »

Me Mireille Mariam Barry, avocate du Général Djibril Bassolé

« Pour nous, la trahison n’était pas constituée, par conséquent, il faut que nous ayons entre nos mains le décisions des juges pour pouvoir apprécier les faits qui ont motivé qu’ils retiennent la trahison à l’encontre de M. Bassolé et qu’ils prononcent une peine de 10 ans. Je ne peux pas me prononcer sur un quelconque appel parce qu’à l’heure où je vous parle, je n’ai pas officiellement rencontré mon client pour avoir sa position. La décision de faire appel lui appartient. J’estime qu’il y a une main invisible sur certains actes qui ont été posés au cours de la procédure puisqu’il y a des règles qui n’ont pas été respectées. Une main invisible, ça peut être le politique ou autre chose. »

Me Prosper Farama, avocat des parties civiles

« D’être arrivés à l’issue de ce procès, c’est la principale victoire. Pour nous, c’est une victoire du peuple burkinabè, une victoire pour la démocratie et l’Etat de droit. Ce que nous espérons, c’est que tout le monde tirera comme leçon que plus jamais aucun Burkinabè, armé ou non, ne pensera qu’un coup d’Etat puisse le conduire au pouvoir. Seul le peuple, par sa légitimité, donne le pouvoir ».

Propos recueillis par Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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