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Procès du putsch : Cerveaux, exécutants et complices derrière les barreaux !

Publié le lundi 2 septembre 2019 à 21h55min

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Procès du putsch : Cerveaux, exécutants et complices derrière les barreaux !

Après 19 mois de procès à rebondissements, le sort des accusés est connu. Le cerveau du putsch, le Général Gilbert Diendéré, passera 20 ans derrière les barreaux, pendant que l’autre Général, Djibril Bassolé, lui, écope de 10 ans de prison ferme. Venus d’eux-mêmes parce que bénéficiant de la liberté provisoire, des accusés sont repartis avec leurs désormais co-détenus.

L’instant est solennel quand l’appariteur annonce d’une voix magistrale à 10h35 : « Le Tribunal » ! Le président Seidou Ouédraogo et les juges font leur entrée dans la salle qui connait une affluence des grands jours, au point de nécessité d’autres chaises. « Veuillez vous rasseoir », autorise le président, celui vers qui tous les regards sont tournés. « Gardes, faites reposer les armes », ordonne-t-il d’une voix calme et d’ajouter que l’audience est reprise.

Par dérogation, il autorisera ensuite les accusés à rester à leurs places pendant la lecture des réponses aux questions que les juges devraient répondre.
Le Général de brigade Diendéré Gilbert, cerveau du coup d’Etat, écope de la plus lourde peine, 20 ans de prison ferme. Il est resté impassible à l’énoncé du verdict. L’autre Général, Djibril Bassolé, lui n’était pas là comme depuis quelque temps, pour dit-on, des raisons de sécurité. En tout cas, il récolte 10 ans de prison ferme. Les deux chefs militaires ont été déchus de leurs décorations. ‘’Golf’’ n’est plus commandeur de l’Ordre national tout comme l’ancien ministre de la Sécurité n’est plus digne de l’insigne de Grand Officier de l’Ordre national.

L’Adjudant-chef major Badiel Eloi, celui qui a réparti les différentes tâches du commando qui a fait irruption dans la salle du conseil des ministres pour enlever le président et certains ministres, écope de 19 ans de prison ferme. Les Adjudants Nion Jean Florent Akowè et Nébié Moussa dit Rambo purgeront 17 ans de prison ferme.

Les Sergent-chef Koussoubé Roger, Joachim Damagna, Zerbo Laoko Mohamed Sanou Ali repartent aussi avec chacun 15 ans de prison ferme. Il faut préciser que le Sergent-chef Ali Sanou purge déjà une peine de 17 ans dans l’affaire du procès de Yimdi.

Le Caporal Nébié Abdoul Nafion qui purgeait également une peine de 10 ans dans le cadre de l’attaque de la poudrière de Yimdi, écope lui d’une peine à 12 ans de prison ferme.

11 ans de prison ferme, ainsi en a décidé le tribunal à l’encontre des Sergents Ouédraogo Zoubélé Jean Martial, Lankoandé Saïdou. La même peine est retenue pour l’adjudant Dibloni Gbonjaté et les capitaines Dao Abdoulaye et capitaine Zoumbri Oussène.

Les accusés qui s’en sortent avec 10 ans de prison ferme sont les plus nombreux. Il s’agit de l’Adjudant Birba Michel, Guelwaré Minata, Adjudant Ouekouri Kossè, sergent-chef Diallo Adama, le soldat de première classe Zouré Boureima, sergent Poda Ollo Stanislas Silvère, 1ère classe Soulama Seydou, caporal Drabo Hamidou, 1ère classe Zongo Hamado, sergent Pagbelem Amidou, colonel Traoré Abdoul Karim et comme souligné plus haut, le Général de brigade Bassolé Yipénè Djibril.

Le journaliste Ouédraogo Adama dit Damiss, le Caporal Moukoro Pascal, le Sergent-chef Bouda Mahamado, le soldat de première classe Coulibaly Samuel, Le sergent Yago Issa et le lieutenant Limon Kolamba Jacques passeront 5 ans de prison ferme à la Maison d’arrêt et de correction des armées, comme les autres.

Nanémé Ousséini Faïsal est condamné lui, à trois ans de prison ferme pendant que Baguian Abdoul Karim dit Lota et le caporal Diessongo Soumaïla passeront un an ferme derrière les barreaux.

Des peines assorties de sursis

Le commandant Korogo Abdoul Aziz, chef de corps du RSP au moment des faits, a été condamné à 5 ans de prison assorti de sursis ainsi que le chef d’Etat-major particulier de la présidence du Faso à l’époque du coup d’Etat, colonel major Kiéré Boureima. La même peine a été prononcée à l’endroit des hommes politiques Koné Léonce Siméon Martin, Yaméogo Augustin Hermann Magloire et Sawadogo Salifou.

Les Sergents Koné Souleymane, Couldiaty Salif, les caporaux Saboué Massa, Timboué Tuandaba les soldats de 1ère classe Ouédraogo Arouna, Kaboré Adama, Sow Lawapan Placide, les sous-lieutenants Zagré Bouraïma, Traoré Séibou et le lieutenant Ouattara Philippe écopent chacun de 5 ans de prison dont 4 ans assortis du sursis.

Quant au Sergent-chef Kambou Ardjouma, les sergents Sawadogo Nobila, Guiré Yahaya, Zallé Mahamadi, les soldats de première classe Compaoré Abdou, Ouattara Sidiki, Ly Amadou, et le Malien Sidi Lamine Oumar, ils sont condamnés à 5 ans de prison dont 3 ans assortis du sursis.

7 ans de prison dont 5 ans assortis du sursis, c’est la peine que devront purger les Lieutenants Dianda Abdou Kadri, Compaoré Relwindé, Gorgo Aliou Gislain Honoré et Koné Daouda Beyon.

Le premier visage public du coup d’Etat de septembre 2015 a été le Lieutenant-colonel Bamba Mamadou qui lisait les communiqués. Il a écopé de 10 ans de prison ferme dont 5 avec sursis. Quant au Caporal Dah Sami, le garde du corps du Gal Diendéré, c’est une peine de 10 ans de prison dont 4 ans assortis du sursis qui été prononcée à son encontre.

Le Colonel Bationo Omer, le Caporal Ouédraogo Issaka, l’Adjudant-chef Major Coumbia Moutuan, le Sergent Boué Siénimi Medard, le capitaine Ouédraogo Saïdou Gaston, Diawara Fatoumata Thérèse et Me Traoré Mamadou bénéficient de la relaxe.
Les accusés Sawadogo Paul, Sow Léonce et Ouédraogo Lassina eux sont mis hors de cause, pendant que l’action publique est éteinte à l’égard du soldat de 1ère classe Lompo Médanimpo, pour cause de décès.


Cliquez ici pour lire aussi Procès du putsch du CND : Le verdict complet du tribunal militaire


Venus libres, repartis condamnés

Plusieurs accusés bénéficiaient d’une liberté provisoire. Si certains ont pris le soin de venir accompagnés, d’autres sont venus seuls avec leurs motos ou véhicules. Les peines tombées, la prise de corps a été immédiate. Qui pour s’occuper des montures ? Certains ont eu l’occasion d’appeler des proches pour qu’ils viennent les récupérer. D’autres pas. Pour ces derniers, un sous-officier ayant bénéficié de la relaxe était à la tâche, calepin en main pour recenser les accusés dont les engins sont restés et appeler des connaissances.

Après le verdict, certains nouveaux condamnés qui bénéficiaient d’une liberté provisoire sont restés à leur place. Alors que la sécurité est venue les chercher, ils ne l’entendaient pas de cette oreille. Après que la salle d’audience se soit vidée, des accusés sont restés dans la salle. Quand les forces de l’ordre sont arrivées pour les chercher, ils ont marqué leur refus énergique. Leurs avocats fulminant à côté. Finalement, ils ont été embaqués et mis dans le car pour être conduits à la Maison d’arrêt et de correction des armées.


Lire aussi Verdict du Procès du putsch de septembre 2015 : Des Ouagalais réagissent


Les avocats réagissent

Me Guy Hervé Kam, avocat de la partie civile : « Nous sommes totalement satisfaits du verdict parce que nous disions dès le départ que chacune des parties avait sa vérité mais que la plus importante était la vérité du tribunal. Le tribunal a fait application de peines que nous trouvons tout à fait clémentes mais nous disons que notre objectif n’était pas la vengeance. Et nous pensons que les victimes peuvent désormais reposer en paix ».

Me Yelkouni Olivier, avocat du Général Gilbert Diendéré : « Même un an de prison, ce n’est pas bon à prendre. C’est une question de liberté. Le bien le plus cher de l’homme, c’est sa liberté. Aucune peine privative de liberté n’est bonne à prendre. »

Me Prosper Farama, avocat de la partie civile : « Pour nous, c’est une victoire du peuple burkinabè, une victoire pour la démocratie et l’Etat de droit. Ce que nous espérons, c’est que tout le monde tirera comme leçon que plus jamais aucun Burkinabè, armé ou non, ne pensera qu’un coup d’Etat puisse le conduire au pouvoir. Seul le peuple, par sa légitimité, donne le pouvoir »

Me Mireille Mariam Barry, avocate du Général Djibril Bassolé : « Pour nous, la trahison n’était pas constituée. Par conséquent, il faut que nous ayons entre nos mains les décisions des juges pour pouvoir apprécier les faits qui ont motivé qu’ils retiennent la trahison à l’encontre de M. Bassolé et qu’ils prononcent une peine de 10 ans. Je ne peux pas me prononcer sur un quelconque appel parce qu’à l’heure où je vous parle, je n’ai pas officiellement rencontré mon client pour avoir sa position. La décision de faire appel lui appartient. J’estime qu’il y a une main invisible sur certains actes qui ont été posés au cours de la procédure puisqu’il y a des règles qui n’ont pas été respectées. Une main invisible, ça peut être le politique ou autre chose ».


Cliquez ici pour lire aussi Verdict du procès du putsch du CND : Retour sur une demi-journée peu ordinaire


Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 2 septembre 2019 à 23:23, par Bebeto En réponse à : Procès du putsch : Cerveaux, exécutants et complices derrière les barreaux !

    FIN DE PARCOURS POUR LE CHEF DE LA GUESTAPO HITLERIENNE DE L’EX DICTATEUR BLAISE COMPAORE.
    Aujourd’hui 2 septembre 2019 est un jour béni de Dieu pour nous les vrais démocrates et patriotes du BF.
    C’est un jour qui incarne la victoire de la justice sur l’immoralité, la barbarie, la sauvagerie et sur le brigandage politique.
    Qui l’eut cru, il y a de cela une décennie, que Diendéré Gilbert sera un jour devant les juges et payera au plus fort ses crimes.
    Ce n’est que justice rendue aux victimes du putsch.
    Vivement que cette sentence reste gravée dans la mémoire collective de nous les Burkinabè.
    Le pouvoir c’est nous les Burkinabè et on l’obtient que par les urnes. Les raccourcis ne peuvent plus prospérer. Il faut batailler fort auprès de nous les électeurs. Et c’est chaque 5 ans, renouvelable une seule fois.
    Désormais, ce n’est plus possible de "faire" un Burkinabè et allez dormir et se dire qu’il n y aura rien. Haba !!!
    Non c’est fini !!!
    A sèème !!!
    A bana !!!
    Pour ces personnes condamnées dont certains se sont illustrées comme de vrais Rambo, ou Django, ou Trinita, ou Zapata ou Pecos, ainsi va la vie. Qu’ils songent dès maintenant à bien se comporter à la MACA, ils ne seront ni les premiers, ni les derniers à y séjourner.
    Certains risquent d’avoir d’autres condamnation supplémentaires, pcq leur nom sont bien cités dans les dossiers criminels Thomas SANKARA et Dabo Boukary.
    A ces personnes que nous verrons probablement sous peu dans le box d’accusés, nous souhaitons paix à leur âme politique.

  • Le 3 septembre 2019 à 04:10, par Rasompékarga. En réponse à : Procès du putsch : Cerveaux, exécutants et complices derrière les barreaux !

    Au moins le peuple burkinabé dans son ensemble est maintenant bien informé que Djibril Bassolé n’a jamais été mêlé à ce coup. On lui reproche la trahison, qui n’a rien à voir avec ce coup. BASSOLÉ n’est coupable de rien. La justice a été incapable de dire quand et où il a tenu les propos qui lui sont reprochés. Bassolé est un prisonnier politique et rien d’autre. Les multiples circonstances atténuantes sont simplement mentionnées sans pour autant indiquer leurs implications. NOUS L’AVONS DIT ET REPÉTÉ, Bassolé n’est pas mêlé à ce coup. La lutte pour liberté ne fait que commencer.

    Et la lutte pour la VÉRITÉ doit être maintenue. Ce procès est vraiment une petite kermess politique.

  • Le 3 septembre 2019 à 12:40, par Sidpassata Veritas En réponse à : Procès du putsch : Cerveaux, exécutants et complices derrière les barreaux !

    On ne peut pas faire trop facilement le procès de la Transition
    D’après Me Mathieu Somé, avocat du Général Gilbert Diendéré : « L’article 167 dit que tout pouvoir légal doit tirer sa source de la Constitution. Or le pouvoir qui était en place le 16 septembre était assis sur une charte et non la Constitution. Alors pourquoi nous condamner sur l’attentat à la sûreté de l’État ? C’est un jugement ostensiblement politique » Faux
    - Cette manière d’affirmer la chose est une déformation l’article 167 qui parle très exactement de la constitution comme source de toute légitimité, ce qui est bien différent de la légalité.
    - À mon humble avis, les auteurs d’une telle lecture déformante sont fort probablement guidés par le désire de faire le procès de la Transition et de l’insurrection. Ils omettent sciemment de dire que le même article de la constitution dit clairement et expressément que le putsch est illégal.
    Lisons l’article en question…
    Article 167 : « La source de toute légitimité découle de la présente Constitution. Tout pouvoir qui ne tire pas sa source de cette Constitution, notamment celui issu d’un coup d’État ou d’un putsch est illégal. Dans ce cas, le droit à la désobéissance civile est reconnu à tous les citoyens. »
    - Disons qu’avant la légalité, c’est d’abord de la constitution que toute la source de légitimité doit découler . Autrement dit même la loi ou tout autre disposition qui pourrait légaliser un fait ou situation doit tirer sa source de légitimité de la constitution, sinon cette loi ou cette disposition doit être considérée inconstitutionnelle.
    - Ceux qui désirent ardemment faire le procès de la Transition font comme si l’article 168 n’existe pas et qui dit que « le peuple Burkinabè proscrit toute idée de pouvoir personnel. Il proscrit également toute oppression d’une fraction du peuple par une autre ». Ils feignent d’ignorer que c’est l’intention d’une modification abusive (parce que illégitime) de l’article 37 de la constitution qui a mis le feu aux poudres et qui a poussé une bonne partie des citoyens à exercer son droit constitutionnel à la désobéissance civile. Ils devront bien se mettre en tête que cette désobéissance civile sous la forme d’une insurrection populaire a opposé 2 visions politiques de l’intérêt de la nation et que celle des insurgés l’a emporté. L’insurrection n’est pas un coup d’État mais une forme de désobéissance civile qui est allée jusqu’à la mettre fin à un pouvoir devenu illégitime au termes de la constitution qui consacre l’alternance par la limitation des mandats. Le pouvoir légalement en place voulait donc utiliser la légalité d’une modification illégitime pour se donner des droits que lui refuse expressément la constitution . La légalité (de la modification qui n’était ni opportune, ni nécessaire et encore moins urgente) ne suffit pas pour donner une légitimité que ne confère pas la constitution. Au contraire, la légitimité constitutionnelle d’une action (la désobéissance civile) ne peut être désavouée sur le simple fait de sa non légalité, puisque, par nature, elle n’a pas besoin d’être ordonnée par une loi que la constitution et ne pouvait pas l’être préalablement. La Transition n’étant pas étrangère à l’insurrection, elle fait partie de l’acte de désobéissance civile qui a constaté l’échec du pouvoir légalement mis en place mais qui s’est disqualifié lui-même par ses intentions et ses actions constitutionnellement illégitimes. Il était donc de la responsabilité de insurgés qui ont menés la désobéissance civile de mettre en route un processus organisé de retour à l’ordre constitutionnel civil normal, d’où la charte qui a été mise en place en complément de la constitution afin de gérer la Transition. Il faut donc comprendre que l’insurrection, la charte et la Transition forment un tout qui s’appelle « désobéissance civile » qui est un droit des citoyens garanti par la constitution contre les dérives du pouvoir légal.
    - On peut s’attaquer aux actes répréhensibles des uns ou des autres, qu’ils soient de la Transitions ou des pouvoirs qui l’ont précédée ou suivie : chacun reste responsables de ses actes même dans le cas d’un pouvoir légal et légitime.
    Mais ceux qui rêvent faire le procès judiciaire de la Transition devront plutôt penser à un improbable procès politique. Dans tous les cas, ils auront du pain sur la planche !

  • Le 3 septembre 2019 à 12:52, par loiteohin En réponse à : Procès du putsch : Cerveaux, exécutants et complices derrière les barreaux !

    Quelqu’un peut-il éclairer ma lanterne ? Je voudrai savoir dans quelles circonstances et sous quels chefs d’inculpation un militaire peut être dégradé lorsqu’il est reconnu coupable ?
    Est-il normal que nos deux généraux ressortent de ce procès avec toutes leurs épaulettes ?

  • Le 3 septembre 2019 à 13:59, par Chasseur d’insurrescrocs En réponse à : Procès du putsch : Cerveaux, exécutants et complices derrière les barreaux !

    Et pourtant, le procès de la transition est inévitable si on veut vraiment tourner la page !!!! A bas les insurrescrocs !!!

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