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Lutte contre les criquets : Le Burkina Faso se dote d’un plan d’urgence

Publié le mardi 23 août 2005 à 08h05min

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La ville de Dori, chef-lieu de la province du Seno et de la région du Sahel, a abrité du 17 au 19 août 2005, un atelier d’information et le lancement officiel du Projet d’urgence de lutte contre le criquet pèlerin en Afrique (PULCPA). Ces deux activités placent tous les acteurs de la lutte anti-acridienne en alerte maximum dans l’attente d’une éventuelle invasion des criquets au Burkina Faso.

Le 9 août 2004, des essaims matures de criquets ont fait leur apparition dans les provinces de la région du Sahel (Soum, Oudalan, Seno). Cette invasion acridienne a remis en cause le bon déroulement de la campagne agricole 2004/2005 au Burkina Faso. « Les personnes affectées sont estimées à 491 056 individus ». Les cultures, les pâturages et les jachères ont été envahis par les criquets pèlerins dans l’Oudalan, le Soum, le Seno, le Yagha, le Sanmatenga, le Namentenga et le Lorum. « Les superficies infectées s’élèvent à 111 477 ha dont 62 673 ha sur cultures.

Les traitements ont couvert 24 865 ha soit 22,30% des superficies infectées. La quantité des pesticides utilisée s’élève à 23 339 litres », a indiqué un rapport du ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques (MAHRH). Pour se prémunir d’une éventuelle attaque, le gouvernement burkinabè a initié dans le cadre du projet d’urgence de lutte contre le criquet pèlerin en Afrique (PULCPA) des mécanismes de prévention. Intervenant dans 7 pays (Burkina Faso, Sénégal, Mali, Niger, Mauritanie, Tchad, Gambie), le projet « aidera les pays à gérer la crise actuelle, réduira les effets de l’invasion acridienne sur les populations et l’environnement, assurera la mise en place d’une stratégie renforcée de lutte préventive et d’intervention rapide. »

L’atelier d’information sur ce programme au plan national a rassemblé du 17 au 19 août 2005 à Dori chef-lieu de la province du Seno et de la région du Sahel cinquante cinq (55) participants représentant tous les acteurs impliqués dans la lutte antiacridienne : techniciens agricoles, partenaires au développement, autorités et populations locales, ONG, ministère de la Défense. Cette rencontre vise à les sensibiliser pour faciliter la collecte et la transmission rapide des informations sur des foyers d’infestations de criquets pèlerins. Pour le capitaine Koudbi Ouédraogo de l’armée de l’air, elle donne des arguments pour mieux gérer la lutte. D’un coût global de 8,4 millions de dollars US soit 4,2 milliards de F CFA cofinancés par l’Etat burkinabè et ses partenaires au développement (FAO, Banque mondiale), la lutte anti-acridienne au Burkina Faso permettra en quatre ans « de contrôler et d’éradiquer les infestations du criquet pèlerin en vue de contribuer à l’accroissement des productions agro-pastorales et assurer la sécurité alimentaire ».

Le coordonnateur du projet, Mamadou Coulibaly explique que les activités du plan d’action 2005/2006 adopté au cours de l’atelier porteront sur l’organisation et la mise en œuvre de campagnes de riposte, la restauration des productions agro-pastorales dans les zones touchées et l’assistance en matière de sécurité alimentaire.
Elles aideront également au renforcement des systèmes nationaux et régionaux de surveillance, d’alerte et de réaction en vue de les rendre efficaces et durables. Ce qui nécessitera la mise en place d’un dispositif de gestion de suivi et d’évaluation.

Le gouverneur de la région du Sahel Bila Dipama représentant le ministre en charge de l’Agriculture a appelé les populations bénéficiaires à s’impliquer activement dans la lutte pour bouter les criquets pèlerins du Burkina et de l’Afrique. Pour ce faire, du matériel composé de cinq (5) véhicules, de dix (10) motos et de cinq (5) atomiseurs ont été remis aux équipes de surveillance qui seront basées à Dori, Djibo, Gorom-Gorom, Sebba, Arbinda...

Jolivet Emmaüs


Le pont de Yalgo, une épine sur l’axe Kaya-Dori

Dès que les usagers de la route nationale N°3 Ouagadougou-Dori finissent le tronçon bitumé (Ouaga-Kaya), c’est l’angoisse sur celui Kaya-Dori. Long de 160 kilomètres seulement il suscite la peur des voyageurs et la crainte des transporteurs. Cette voie en terre est parsemée de gros nids de pouls, d’escaliers et de ponts ayant cédé sous le poids de l’eau. Il faudra 4 heures au minimum pour la parcourir. La partie la plus redoutée se situe entre Tougouri et Yalgo deux départements du Namentenga.

Et le pont de Yalgo que le barrage de la localité a presque englouti se présente comme un second passage du permis de conduire. Quand l’eau est trop forte, les passagers descendent pour emprunter une pirogue parfois surchargée. Ceux-ci attendent sur l’autre rive, l’arrivée du car si traversée est possible.

A contrario, ils devront continuer avec un autre transporteur. C’est ainsi qu’un car SOGEBAF s’est retrouvé dans les flots les roues en l’air. L’assistance des pêcheurs devenue pour eux une activité lucrative s’avère risquant. « Tous les ans, c’est comme cela » s’indignent passagers et transporteurs. Ils se sentent abandonnés. Si jusque-là on ne déplore pas de perte en vies humaines, il faut craindre le pire un jour. Traverser un pont long d’environ 150 m et entièrement submergé par des eaux demande du courage surhumain. Toutefois, il faut continuer à approvisionner le Sahel et une partie du Centre-Nord. Et les commerçants ne sont pas prêts à abandonner leurs activités et les populations d’arrêter de voyager. Les travaux de bitumage lancés en décembre 2004 ne sont qu’au stade de remplissage. Le désenclavement du Sahel burkinabè passe par le bitumage effectif de la Nationale n°3 jusqu’à Dori.

J.E.


En attendant l’abondance, Dori a faim

Il pleut actuellement sur la ville de Dori et la région du Sahel comme on ne l’a jamais vu auparavant. La pluie semble avoir changé de zone. Il ne se passe un jour sans que le ciel n’ouvre ses vannes. La cité du Liptako est couverte de flaques d’eau. La cathédrale et le palais de Justice « flottent » et ont l’aspect de gros navires sur un lac. Un plan d’assainissement se fait attendre. Les caniveaux manquent énormément. Les cultures (céréales notamment) connaissent une croissance spectaculaire. Dans certains champs, les plants sont déjà au stade des épis. Mais ces signes annonciateurs d’une bonne campagne agricole dans le Sahel et l’optimisme qu’ils suscitent n’arrivent pas à cacher la faim qui sévit au sein des populations, victimes de premier degré de l’attaque acridienne de l’an dernier. Malgré les efforts du gouvernement pour leur distribuer des vivres (395,5 tonnes), l’on estime à 0,07 le ratio habitant-sac de céréales. Une dizaine d’individus se présentent chaque jour à la direction provinciale de l’Action sociale dans l’espoir de recevoir des grains. Des sources bien informées indiquent que les magasins de la SONAGESS de la ville sont pleins de vivres dits « stocks de sécurité ». Des pourparlers seraient en cours pour permettre une autre distribution.

Les mêmes sources préviennent que les détournements et les ventes frauduleuses de vivres sont plus criantes à Dori que celles révélées à Gorom-Gorom ou à Sebba. Seulement par peur de représailles, les populations s’abstiennent de dénoncer les malversations.

J.E.


La situation acridienne se détériore au Tchad

Des bandes larvaires se sont formées à partir des récentes éclosions dans l’est du Tchad et dans les zones adjacentes de l’ouest et du nord de Darfour, au Soudan. L’étendue des populations acridiennes n’est pas claire car les zones infestées sont difficiles d’accès. Ceci, en plus des pluies récemment tombées et largement distribuées, peut conduire au développement d’une résurgence locale. Jusqu’à présent, une lutte limitée a été uniquement possible. La situation est plus calme ailleurs dans le Sahel, où uniquement des ailés dispersés sont présents.

Dans le nord de l’Ethiopie, quelques petites bandes larvaires ont été traitées à mi-juillet et il n’y a pas eu d’autres signalisations acridiennes depuis lors. Des ailés isolés sont présents dans les zones de reproduction estivale de l’intérieur du Yémen et au Rajasthan, en Inde.

Source FAO, situation du 21 juillet 2005

Sidwaya

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