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Lutte contre l’insécurité : Le gouvernement explore d’autres voies avec les routiers

Publié le lundi 22 août 2005 à 09h08min

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Le ministre de la Sécurité le Colonel Djibrill Bassolé, entouré de ses plus proches collaborateurs, a rencontré jeudi 18 août 2005 à Ouagadougou, les représentants des transporteurs routiers en vue d’une étroite collaboration entre les forces de sécurité et les transporteurs routiers face au grand banditisme qui sévit actuellement au Burkina Faso.

Une commission ad hoc a été mise en place pour mener une réflexion prompte sur les mesures de collaboration à prendre, en s’appuyant sur les diverses propositions qui ont été faites à cette occasion.

Présidée par le Secrétaire général du ministère de la Sécurité, M. Antoine Poda, la commission de réflexion est constituée de quinze membres dont dix issus des syndicats et organisations de transporteurs routiers et quatre des forces de la sécurité publique.

Elle aura à réfléchir sur les points prioritaires de cette collaboration, le personnel à mettre en œuvre ainsi que sur la question des moyens logistiques et financiers. Elle dispose de deux semaines pour rendre les conclusions de ses travaux. "I1 faut qu’elle aille vite et qu’elle soit concrète dans ses propositions", a souligné le ministre Djibrill Bassolé.

Le ministre Bassolé a proposé des solutions qui s’articulent autour de trois points. La première piste consiste en la présence des forces de sécurité sur les axes routiers, sous forme de patrouille, en collaboration avec les services de l’armée. Cette formule a ses limites selon le ministre qui rappelle que sur la route de Pô, les malfrats ont attaqué cinq minutes après le passage de la patrouille.

La deuxième formule est celle de l’escorte groupée à travers laquelle, en file indienne, les véhicules seront accompagnés lors de leur trajet par des équipes de la sécurité. Ce qui suppose une harmonisation des heures de départ et une certaine discipline pour les exploitants du transport en commun interurbain. Cette escorte pourrait se faire à véhicule ou à moto.

La troisième solution consiste en l’accompagnement de tous les véhicules de transport commun concerné par des éléments de la sécurité qui prennent place à l’intérieur des véhicules. Cette formule a donné des résultats satisfaisants sur la route de Pô.

Mais comme l’a fait remarquer le ministre Bassolé, des tirs offensifs de l’extérieur et de ceux de riposte de l’intérieur ne sont pas de nature à sécuriser les passagers. En outre, cette option consomme du personnel. Pour illustration, les grandes compagnies comme TCV prévoient quotidiennement à partir de Ouagadougou, douze départs sur l’axe Ouaga-Bobo et autant en sens inverse.

L’organisation des transporteurs routiers du Faso (OTRAF), le Syndicat national des transporteurs de voyageurs du Burkina (SNTRVB) et l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB) présents à cette rencontre se sont montrés disposés à collaborer avec les forces de sécurité.

Ils ont fait d’autres propositions en complément de celle déjà faites par le ministre, à savoir la vigilance dans les fouilles de tous les véhicules à partir des frontières, mais aussi au niveau des postes de contrôle en ce qui concerne les véhicules légers, utilisés par les bandits pour se rendre à leurs lieux d’opérations.

De nombreuses contributions ont été apportées aux mesures de lutte contre ce fléau qu’est actuellement le braquage des camions en circulation. Si elles sont mises en œuvre, elles permettront de donner une réplique totale aux délinquants.

"L’Etat seul n’a pas les moyens pour y taire face", a fait savoir le Colonel Mamadou Traoré, chef d’état major général de la Gendarmerie nationale. "Seriez-vous prêts à mettre la main à la poche ?", a-t-il lancé à l’endroit des transporteurs. Une enquête de la police révélée par le commissaire Rémi Sanou, Directeur de la police judiciaire (DPJ), indique que certains chauffeurs et apprentis à qui il a été remis d’importantes sommes d’argent pour des commissions, s’arrangent avec les bandits pour se faire expressément dépouillés.

Il a cité le cas d’un individu qui a simulé une panne mécanique puis une autre panne d’essence lui permettant d’atteindre la nuit au lieu d’attaque. "Le fait que certains braqueurs opèrent cagoulés, peuvent témoigner qu’ils ne sont pas étrangers à certains milieux", a-t-il fait remarquer.

Faisant le point de la situation du braquage sur les axes routiers, M. Rémi Sanou a résumé qu’il y a eu au total 424 attaques à main armée dont 75 cas concernant des véhicules de transports entre le 1er janvier et le 30 juillet 2005. La région de l’Est détient le record avec 146 attaques. Elle est suivie par la région du Centre-Est qui a enregistré 54 cas. Les veilles de marchés de bétail ou le jour du marché sont les jours privilégiés par les malfrats qui plument les acheteurs en partance pour les affaires ou de retour du marché.

Le ministre de la Sécurité a regretté que finalement ce sont les citoyens qui paient les pots cassés. "A part les cassures de pare-brise quelquefois, les propriétaires de véhicules sortent indemnes de ces attaques, l’argent des frais de transport étant bien gardé dans les gares avant le départ", a-t-il relevé.

Outre la présence du ministre de la Sécurité et son Secrétaire général, cette rencontre a regroupé le chef d’Etat-major de la gendarmerie, le colonel Mamadou Traoré, le Directeur de la police judiciaire de la Gendarmerie, le Lieutenant colonel Laurent Sawadogo. le Directeur de la police judiciaire, le commissaire Rémi Sanou, le Directeur de la police nationale, le commissaire Antoine Dakouré, le commandant de la Compagnie républicaine de sécurité, le commissaire Simon Soubeiga.

On aura remarqué que le colonel Bassolé a laissé ses invités s’exprimer sans les interrompre quand bien même ils se répétaient plus d’une fois ou font des propositions difficilement réalisables pour l’heure. Un participant très loquace a même suggéré qu’il soit installé des postes de sécurité dans tous les villages en bordure des voies et qu’ils soient dotés de moyens adéquats afin que les éléments puissent assurer des escortes régulières d’un village à l’autre. Visiblement, le ministre est à la recherche des solutions les plus appropriées.

Aimé Mouor KAMBIRE
Sidwaya

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