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Présidentielle 2005 : On veut distiller des peurs...

Publié le lundi 22 août 2005 à 08h57min

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Les débats de ces derniers jours s’abreuvent à la source de l’acceptation de Blaise Compaoré comme candidat à l’élection présidentielle du 13 novembre prochain : il a accepté de « relever le défi » avec tous ceux qui soutiennent sa candidature.

Cela aura suffi pour que, du côté de ses adversaires, ou opposants, l’on embouche les trompettes de Jéricho pour crier au loup. Cela reste sans doute de bonne guerre en démocratie, mais on est en droit de se demander si souvent, véritablement, ce n’est pas une simple envie d’user abondamment de cette chère liberté d’expression... pour ne rien dire !

En effet, débattre à présent de la légitimité ou encore de la légalité d’une candidature n’appartient plus qu’à une seule structure, le Conseil constitutionnel. Et si l’on se dit démocrate, nanti d’un solide esprit républicain, pourquoi douter de la bonne foi, en faisant fi de leur conscience professionnelle, de ceux-là qui se pencheront bientôt sur la quinzaine de dossiers qui leur seront soumis ? A l’évidence, il y en a qui souhaiteraient plutôt que la Cour se penchât sur des états d’âme.

Il faut avoir le courage de le dire, les partis de l’opposition semblent connaître une crise d’identité, de celle où, selon les psychanalystes modernes, le sujet se débat à la recherche d’un nouveau moi et d’une nouvelle conception de sa place dans la société.

Attirer les inquiétudes et distiller des peurs, voilà ce qui apparaît comme le cheval de Troie d’une certaine catégorie de citoyens auxquels les révélations de la presse sur la disparition de plus d’une vingtaine de millions de francs dans des résidences ministérielles a donné un bon coup de fouet. Très vite, l’on a jasé et, même, « réclamé » un remaniement gouvernemental. Cela dans l’intention avérée de pousser celui-là que l’on considère partant favori pour la présidentielle vers la sortie.

Cependant, de nombreux observateurs de la scène politique burkinabè avouent que les silences de l’homme sont parfois plus éloquents que ses discours ; qu’il pourrait même dire, comme cet homme politique français : « Il est vrai que je n’ai jamais eu l’art de féliciter qui le méritait, ni de pincer l’oreille des grognards. Indifférence aux êtres ? Je ne crois pas, mais le sentiment peut-être excessif que le travail bien fait porte en lui-même sa récompense. »

Par ailleurs, il est certain qu’il faudra, tôt ou tard, que l’on réponde aux véritables questions que les citoyens ont le courage de poser concernant l’insécurité galopante. Un phénomène qui n’est pas l’apanage du Burkina mais que l’on s’évertue à instrumentaliser. Là encore, une seule tête est mise à l’index. Mais chacun sait que le « sacrifice » du chef est une des plus vieilles recettes de l’humanité primitive qui font croire aux peuples que seule cette voie peut dissiper ses craintes et exorciser ses peurs.

Seulement, lorsqu’on sait aussi que rares de navigateurs oseraient changer les voiles de leur navire pendant une tempête, la conclusion qui apparaît est celle d’attente, sans doute à l’issue des élections qui devraient permette d’apporter un nouvel esprit au sein de nombreuses structures, particulièrement dans ce domaine où le combat doit être citoyen...

On le constate, l’opposition dispose moins encore aujourd’hui de prestige et de moyens d’actions réellement efficaces. En effet, peu à peu déconsidérée par ce que l’on aura qualifié de « révélations » jugées scandaleuses par une certaine opinion, l’opposition n’a pas fini de donner d’elle l’image d’individus faisant la politique avec des manières d’enfants pris en faute par des adultes.

A quelques mois de l’échéance du 13 novembre, il semble de plus en plus que l’on commence à ranger les scénarios de politique-fiction dans les tiroirs : s’il est un point sur lequel se fait l’unanimité des amis et des adversaires du candidat mille et une fois soutenu, c’est qu’il domine présentement le monde politique du Faso par sa personnalité. Et le passage du candidat Laurent Bado à l’écran de la télévision nationale le 14 août est venu jeter un pavé de taille dans la mare des hommes politiques moralistes et moralisants : l’on aura compris, en filigrane, que les vrais corrompus ne sont pas toujours ceux-là qu’on accuse ouvertement et vertement.

Une émission qui aura aussi permis aux très nombreux téléspectateurs (deux diffusions en une même soirée !) de découvrir en ces Robins des Bois politiques des personnages très différents des martyrs ou des anges que beaucoup avaient imaginé.

Si d’un côté l’on est plutôt soucieux de prendre des décisions et d’adopter des attitudes qui offriront peu de prise à la contestation des résultats du scrutin à venir, de l’autre, tout semble se cristalliser autour des moyens des diverses prétentions. Dans tous les cas, ils sont nombreux, les Burkinabè, à se demander si certains partis arrivaient au pouvoir par les voies démocratiques dont ils se font péremptoirement les hérauts, consentiraient-ils, le cas échéant, à suivre les mêmes voies pour retourner dans l’opposition.

A. Pazoté
Journal du jeudi

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Vos commentaires

  • Le 23 août 2005 à 00:42, par Burkimbila En réponse à : > Présidentielle 2005 : On veut distiller des peurs...

    Votre intervention semble une sorte de garniture autour d’une seule chose : "maintenir Djibril BASSOLET". Qui vous a dit que personne d’autre que BASSOLET ne peut assurer la séciruté du pays ? D’ailleurs qu’est-ce qu’il assure ? Même ceux qui prônent l’idée selon laquelle on ne remplace pas une équipe qui gagne, les conservateurs, vous diront que l’équipe de BASSOLET Djibril est perdante et mérite d’être chassée ! Arrêter de vouloir prendre ceux qui vous lisent pour des ignards. La meilleure solution pour l’Afrique, le Burkina Faso avec tous les partis politiques, est qu’il y ait la sécurité au Burkina Faso dès demain ; que BASSOLET Djibril parte dès maintenant afin que nous soyons en sécurité avant les élections !

    • Le 27 août 2005 à 17:16, par Dod En réponse à : > Présidentielle 2005 : On veut distiller des peurs...

      Si la candidature de Blaise Compaoré ne constitue pas en soi un événement dans l’actualité politique du burkina et ailleurs, parce même les morts savaient à l’avance qu’il se porterait candidat, ce dont il faut convenir, c’est les difficultés réelles auxquelles sont confrontés les burkinabè, dans leur grande majorité (famine, insécurité, pandémie du sida, etc) dans cette ambiance électorale, où l’on discute gros sous, dons et contredons, sauf progamme politique qui ouvre le chemin du progès pour le pays. Que ces questions constituent les défis à relever pour tout candidat, cela je le conçois. Mais que le parti de BC et ceux de l’opposition passent leur temps à divertir les populations de leurs propres entremises pré-électorales, sans qu’aucun ne prennent de fermes engagements devant le peuple qu’il entend servir de ses compétences et de ses convictions, voilà des comportements symptômtiques d’une grosse supercherie. Il y a là une atmosphère d’arbre qui cache la forêt, alors que les défis sont légions pour ce pays (classé presque dernier sur le plan mondial) et dont l’apprentissage de la démocratie (à l’occidentale) paraît déjà avoir avorté de sa propre gestation, au regard de débat citoyen qui engage des hommes et des femmes désireux de contribuer à la libération véritable de leur pays. Les complots et compromissions,les petites phrases assasines et menaces diverses sont révélatrices de vacuité politique. Ils devraient faire place aux attentes des peuples du Burkina pour se "déchevillier" de tous ceux qui les maitiennent dans l’illusion du progrès et de futurs prospères, cependant renvoyés tous et toujours aux calendes grecques.
      Apprenons à connaître notre peuple et l’aimer vraiment : à défaut de ces deux qualités acquises, restons pour le moins honnête à son endroit et finissons avec son instrumentalisation etle mensonge à son endroit.
      A bon entendeur, salut !
      God Save Burkina Faso !

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