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Députés démissionnaires du PAREN : L’ambition l’emporte sur le militantisme

Publié le vendredi 19 août 2005 à 13h24min

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Après les révélations sur les 30 millions de Blaise COMPAORE pour soutenir l’OBU, Laurent BADO est sorti le 10 août 2005 pour faire la lumière sur la démission des 3 députés de son parti, le PAREN. Comme à ses habitudes, le député n’a pas du tout été avare en parole. Pendant plus de deux heures d’horloge, il a entretenu les journalistes des vraies fausses raisons des trois démissionnaires.

Une fois de plus, l’ambition personnelle, les intérêts égoïstes et autres calculs politiciens ont eu raison d’un parti politique de l’opposition. Du reste, c’est ce que l’on peut retenir à la lumière des révélations de Laurent BADO sur la question de la démission des députés BADO Dema Raphaël, SANOU Wenceslas, et dame DRABO K. Joséphine.

Le film de la trahison

C’est suite à des rumeurs d’une éventuelle démission des trois députés que le secrétariat exécutif du PAREN qui s’est réuni le mardi 24 juin 2003 a instruit le président du parti, Laurent BADO, de s’informer auprès des intéressés pour en savoir plus sur la question. C’est ainsi que les ayant invité à son domicile Laurent BADO leur a demandé si par écrit, par téléphone ou physiquement, ils ont rencontré des responsables du CDP pour annoncer leur départ du PAREN et leur désir de rejoindre ce parti. Ce qu’ils ont catégoriquement nié. Le lundi 14 juillet 2003 c’était au tour de Emile PARE président de l’OBU auquel appartient le PAREN de s’étonner auprès de Laurent BADO, après avoir appris que dame DRABO a participé à une réunion avec 15 autres personnes chez Cyrille GOUNGOUNGA.

Le jeudi 4 septembre 2003, le PAREN a la confirmation que les députés BADO Raphaël et SANOU Wenceslas sont allés plaider leur départ dudit parti et, implicitement, leur retour à leur parti originel qui n’est autre que le CDP, mais les portes leur sont poliment restées fermées. Le vendredi 28 novembre 2003, Laurent BADO est joint par téléphone par un anonyme qui le prévient du complot qui se tramait contre son parti, le PAREN. Mais il a juste répondu : « Il y a Dieu au dessus des comploteurs » et est resté chez lui à Zoula.

Le mardi 20 juillet 2004, Laurent BADO joint au téléphone le député Wenceslas SANOU à Bobo pour lui annoncer l’arrivée d’un grand mobilisateur du PAREN originaire de l’Ouest comme ce dernier. Ledit mobilisateur devait passer le week-end du 24 au 25 juillet chez le député SANOU. Le député accepte, mais revient à Ouagadougou dès le 22 juillet sans en informer le parti encore moins le président et le mobilisateur qu’il devait du reste accueillir.

Le 6 juillet 2004, depuis Bobo, un militant de l’UNDD informe le mobilisateur du PAREN que c’était inutile de compter sur SANOU car celui-ci chercherait à casser le parti à Bobo pour rejoindre un autre. Ce même jour Laurent BADO joint au téléphone le député Wenceslas SANOU qui lui répond qu’il est en réunion à Ouagadougou et qu’il le rappellerait, ce qui jusqu’aujourd’hui n’a pas été effectif.

A la session extraordinaire de l’Assemblée nationale de juin 2005, à un député qui plaisantait sur les rumeurs de démission des trois députés du PAREN, le député Wenceslas SANOU dira ceci « il faut laisser les journalistes causer comme ils veulent ».

Dans la même foulée, une concertation est initiée par le député Laurent BADO, président du PAREN, qui désirait s’entretenir avec ses trois collègues. Il joint dame DRABO qui refuse tout entretien avec lui en l’absence des deux autres députés. Le 17 juin 2005 les trois députés démissionnent en bloc et partent quelques jours plus tard rejoindre l’ADF/RDA où ils comptent assouvir leur désir ultime. L’objectif est simple, dira BADO, si le président Blaise COMPAORE est réélu le 13 novembre, l’ADF/RDA aura des postes ministériels Wenceslas SANOU comme il l’a toujours souhaité sera peut-être ministre.

Une projection plausible puisque selon lui, au lendemain des législatives de 2002, Wenceslas SANOU l’avait approché pour lui demander d’intercéder auprès des autorités du pays pour qu’il soit nommé dans une institution internationale. Ce qui est resté lettre morte de sa part car ne s’inscrivant pas dans ses objectifs et sa démarche politique.

Quid de raisons des démissionnaires ?

La démission des trois députés du PAREN, à suivre la narration des évènements par Laurent BADO, pourrait faire l’objet d’un film à succès hollywoodien. Des « agents » transfuges qui chercheraient un point de chute en somme ! Si les « affaires » des trois députés ont commencé depuis deux ans (2003), c’est dire que les raisons avancées pour leurs démissions sont des faux-fuyant. Que ce soit celles officielles (crise au sein de l’OBU ou à répétition au sein du PAREN) ou celles officieuses (direction unilatérale et personnelle du parti par Laurent BADO, vente du parti à Blaise COMPAORE), toutes ces raisons ont été battues en brèches par les révélations de Laurent BADO.

L’homme s’est une fois de plus épanché dans un langage confinant au dépit d’une personne naïve abusée par des escrocs professionnels. Mais à sa charge, il n’ignore pas que le monde politique est ainsi fait avec ce jeu où les acteurs ont souvent comme un malin plaisir à enfreindre aux règles. D’ailleurs, il semble l’avoir lui-même compris lorsqu’il a confessé à la conférence de presse de ce 10 août : « Je ne suis pas fait pour la politique ». Il reconnaît que le milieu politique est une jungle où aucune place n’est laissée au sentiment et où les agneaux font les frais de la voracité des félins.

La réalité de ce monde, il faut le lui reconnaître est, souvent difficile à cerner en ce que les intérêts ne sont pas toujours conciliants même quand on prétend poursuivre les mêmes objectifs. Chacun voulant se réaliser, il va s’en dire que l’intérêt commun peut toujours attendre pour certains qui pensent avoir bien assimilé les règles du milieu ! Alors dans cette jungle, polluée, il y a de fortes chances que le Pr. BADO ait recours à un couvre-chef bien étanche pour le préserver des radiations car, comment reconnaître le bon grain de l’ivraie ?

Par Frédéric Ilboudo

L’Opinion

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