Le cérémonial d’accueil aura été quelque peu escamoté du fait de la pluie qui arrosait Ouagadougou en ce mercredi d’août. Une pluie qualifiée "d’agréable surprise" et de "bon signe" par le président togolais qui a dit être venu "faire le point" de la situation sociopolitique de son pays au "grand frère et ami" Blaise Compaoré, et s’enquérir de ses "conseils et de sa sagesse" qui peuvent éclairer et enrichir la réflexion.

Car, même si "la situation s’apaise progressivement" au Togo, il reste encore "certains problèmes", notamment la question des réfugiés. Le Burkina Faso "allié stratégique" du Togo doit de ce fait apporter sa part contributive afin que de "meilleures perspectives" s’offrent au Togo.

Sur le fait que la situation est toujours délétère au Togo, Faure Gnassingbé a laissé entendre qu’il y a "des gens qui ont des intérêts divergents des nôtres", mais que cela ne l’empêchait pas de "tendre la main" sans exclusive à toutes les composantes politiques afin de "consolider" les avancées déjà notées. Son récent tête-à-tête à Rome avec l’opposant Gilchrist Olympio, sous l’égide de la communauté "Sante Eggidio", doit être compris dans ce sens. "Nous y avons renoncé à la violence comme moyen de règlement des malentendus et dissensions politiques" a laissé entendre le président togolais.

Autre signe de bonne volonté des dirigeants togolais, la libération de tous ceux qui avaient été arrêtés après l’élection présidentielle du 24 avril 2005.

Solidarité responsable

C’est désormais "le dialogue" qui doit être de mise et cette tournée sous régionale permettra de donner plus de poids à cette option. De même, la politique sur le terrain du gouvernement sera un indicateur. Faure Gnassingbé a indiqué qu’il n’était pas "opposé" au retour des réfugiés qui ne seraient pas menacés dans leur intégrité physique. Petit-à-petit, la normalisation se poursuit au Togo et il faut souhaiter pour un pays comme le Burkina Faso, qu’il en soit toujours ainsi.

Le Togo est en effet devenu l’un des débouchés maritimes "naturels" du pays des Hommes intègres avec la crise ivoirienne. Laquelle crise risque d’empirer avec la radicalisation observée dans les deux camps sur fond de dissensions quant à l’interprétation à faire de l’arbitrage du médiateur Thabo Mbeki. Le Togo est donc la "solution" à court et à moyen terme et et ’l’on comprend que le président du Faso se soit investi très tôt pour éteindre les braises qui couvaient dans ce pays.

L’autre raison qui milite en faveur d’un retour de la paix au pays d’Eyadema tient au fait que la sous-région ne se remettrait sûrement pas d’une deuxième guerre civile en moins de cinq ans. On a vu ce que la crise ivoirienne a coûté à l’UEMOA en termes économiques. Une zone qui n’échapperait probablement pas à une dévaluation en cas de "rechute" .

Devoir de solidarité donc avec le Togo, mais sens de la responsabilité aussi, même si les puristes et autres exégètes du droit pourraient opiner sur le fait que nous assistons là, à une paix des cimetières. Ce serait oublier que morale et politique n’ont jamais fait bon ménage en raison d’impératifs souvent divergents. Il faut donc aider Faure Gnassingbé à faire la paix, d’autant qu’il est animé de bonnes intentions, quitte à le "pousser" à transformer celles-ci en actes concrets. Nul doute que "le grand-frère" Compaoré et ses pairs de la sous-région sauront se mettre à la hauteur de cette tâche de sauvetage qui nous profitera à tous.

Boubakar SY
Sidwaya