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Idrissa Kaboré, président de la Fédération burkinabè de Hockey sur Gazon : « Notre objectif est d’implanter la discipline partout au Burkina Faso »

Publié le vendredi 5 juillet 2019 à 12h49min

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Idrissa Kaboré, président de la Fédération burkinabè de Hockey sur Gazon : « Notre objectif est d’implanter la discipline partout au Burkina Faso »

Idrissa Kaboré ! Dans le milieu du sport burkinabè, il est parmi ceux qui ont posé le plus d’actes en termes de promotion de disciplines sportives. Pour exemple, il a été à l’origine de la première école de cyclisme au Burkina et l’un des premiers acteurs de la compétition cycliste dénommée « La Roue de l’amitié ivoiro-burkinabè » dont la première édition, courue entre Abidjan et Ziniaré, a eu lieu en 1997. Depuis 2016, il est à la tête de la Fédération burkinabè de hockey sur gazon, une nouvelle discipline qu’il veut implanter dans tout le pays. Lefaso.net l’a rencontré.

Lefaso.net : Au regard des conditions dans lesquelles vous pratiquez le hockey sur gazon au Burkina, on est tenté de parler plutôt de hockey sur terre battue ou hockey sur plateau !

Idrissa Kaboré : (Rires). Vous pouvez l’appeler comme vous voulez. Cela ne nous gêne pas. L’essentiel est qu’on arrive à pratiquer le sport que nous avons choisi. Cependant, je voudrais préciser que le hockey était pratiqué à ses débuts sur la terre nue. Un peu comme le football aussi.

Mais, par la suite, les gens ont trouvé qu’on pouvait mieux le jouer sur du gazon. Raison pour laquelle on a introduit le gazon dans l’appellation. Nous aussi nous voulons commencer avec nos moyens de bord et avons l’espoir que nous aurons un terrain adéquat pour pratiquer ce sport de notre choix.

Cela fait quatre ans que le hockey sur gazon est pratiqué au Burkina, quel bilan faites-vous ?

En quatre ans, nous avons pu élargir notre champ d’actions avec la création de plusieurs clubs. Au moment de la création de la fédération, il y avait sept clubs dont quatre à Ouagadougou et trois à Koudougou. Au dernier championnat, on était à seize clubs et aujourd’hui, nous sommes à 19 clubs répartis entre Ouagadougou, Koudougou, Gaoua, Djibo, Dori, Boromo, Houndé. Pour renforcer le nombre, des clubs sont en création à Orodara, Banfora, Ouahigouya, Boussé et Dédougou.

On remarque que vous misez sur les régions du Centre et le grand Ouest, qu’est-ce qui est prévu pour les autres régions ?

On a prévu des formations cette année pour le Centre-sud, le Centre-Est, l’Est et le Centre-Nord. Une formation pour le grand Ouest (Banfora, Orodara, Dédougou) aura lieu très prochainement, en vue de renforcer les capacités des encadreurs et de former de nouveaux encadreurs. Tous ces efforts visent à relever le niveau de la pratique de la discipline, surtout le championnat au Burkina.

En plus de la création des clubs, quel autre bilan faites-vous ?

Nous avons régulièrement tenu nos championnats bien que ce soit la seule compétition nationale pour les clubs. On a également pu participer à deux congrès de la Fédération internationale. Le premier a eu lieu en 2016 à Dubaï. Le Burkina a reçu son attestation de membre et le drapeau de la Fédération internationale, faisant de lui une nation de Hockey, à cette rencontre.

En fin octobre 2018, nous avons aussi pris part à New Delhi (Inde) au 46e congrès de la Fédération internationale. Au cours de ce congrès, une partie de la Fédération internationale a été renouvelée et des objectifs ont été confiés à la Confédération africaine et aux fédérations. On nous a demandé par exemple de travailler à développer le hockey féminin.

Nous avons tenu à participer à ce haut lieu de rencontre parce que nous avions besoin de nouer des contacts avec d’autres fédérations et c’était l’occasion pour nous. Ces contacts peuvent faciliter les échanges d’expériences et aussi peuvent nous permettre d’avoir des appuis pour développer la discipline au Burkina Faso.

Est-ce que cet objectif a été atteint ?

Oui. L’année passée, par exemple, nous avons pris part à une compétition à Accra (Ghana) organisée par la Confédération africaine. Le niveau de nos athlètes a émerveillé bien de personnes. Et même que nous avons tenu tête à des pays qui pratiquaient le hockey depuis les années 1960. Le jeu que nos athlètes ont développé a fait qu’une société anglaise nous a offert du matériel d’environ 60 millions de francs CFA.

Nous avons découvert là-bas le vrai gazon du hockey qui est en réalité différent de celui du football. Il est plus fin et plus court. On a aussi su que notre matériel n’était pas si mauvais par rapport à celui qu’utilisaient les autres équipes. C’est grâce à nos relations que nous avions pu obtenir du matériel de bonne qualité. C’est seulement au plan infrastructurel qu’on nous dépasse.

Mais comment le saurions-nous si on ne prenait pas part à ce tournoi ? Ce qui nous convainc que c’est seulement en nous frottant aux autres que nous connaitrons certaines réalités ; ce qui nous permettra de nous améliorer et de grandir.

Au plan national, Espoir Hockey club du Boulkiemdé dicte sa loi. Il a même remporté le 1er septembre 2018 pour la troisième fois consécutive, le championnat national.

Qu’est-ce qui peut expliquer une telle domination d’un club sur les autres ?

Lorsque nous avons décidé d’implanter le hockey sur gazon au Burkina, nous avons commencé par la formation des encadreurs. Nous avons par la suite envoyé dix personnes se former en niveaux 1, 2 à Accra avant de revenir créer les clubs. Nous avions aussi envoyé des gens suivre la formation des formateurs. L’entraineur de Espoir Hockey club du Boulkiemdé qui a remporté trois fois le championnat fait partie de ceux qui ont été formés à Accra. C’est une dame qui se bat.

Elle a un très bon niveau et les résultats sont visibles sur le terrain. Une chose est d’avoir les connaissances, une autre est de savoir les dispenser. Elle est vraiment très disposée à partager ses connaissances avec les joueurs. C’est ce qui fait sa force.

On le sait, les clubs sont l’initiative de bonnes volontés. Que fait la fédération pour les accompagner ?

Vous touchez là un vrai problème du sport en général au Burkina et du hockey en particulier. A notre arrivée à la tête de la Fédération, nous n’avions pas voulu naviguer à vue. Nous nous sommes dotés d’un plan quadriennal 2016-2020 qui planifie le développement du hockey au Burkina. Nous sommes l’une des rares fédérations à en disposer. Ce plan définit la procédure et les moyens.

Malheureusement, les moyens n’ont pas suivi. Jusque-là nous nous contentons des subsides, environ 8 millions, que l’Etat nous donne à travers le Ministère des sports et des loisirs.

La discipline a des difficultés à se pratiquer au Burkina. On a entre autres le manque d’infrastructures. Qu’est-ce qui est fait pour résoudre cela ?

La résolution de ce problème est une des raisons de notre participation aux réunions internationales. En y allant, nous découvrons la manière de travailler des autres fédérations et nouons des contacts.

Sur le plan national, nous avons adressé des correspondances à des structures afin d’obtenir des aides pour construire un terrain. Nous avons toujours eu des promesses mais qui peinent à se concrétiser.

Nous avons également pris contact avec des maires d’arrondissements afin de demander des espaces pour construire des endroits en faveur de la pratique de la discipline. Nous avons déjà obtenu un terrain à l’arrondissement n°6 qui pourra abriter le stade du hockey sur gazon pour lequel nous sommes à la recherche de moyens. Car pour construire toutes les infrastructures, nous avons besoin d’environ 450 millions de francs CFA mais uniquement pour le terrain, il nous faut au moins 100 millions de francs.

Nous avons aussi appris que le Burkina Faso est candidat à l’organisation des Jeux africains. Le hockey sur gazon étant un sport olympique, nous négocions avec le Ministère des Sports et des loisirs afin qu’il prenne en compte nos besoins au compte des infrastructures qui seront réalisées à cet effet. Ce sera une épine en moins pour nous.

Pour certains, le Hockey est un sport non adopté à notre contexte. Cela explique peut-être les difficultés que vous rencontrez dans la mobilisation des ressources. Que leur répondez-vous ?

C’est effectivement ce que les gens pensent du hockey sur gazon. Pourtant, il y a des pays africains notamment anglophones qui sont membres de la Fédération internationale. Les pays francophones s’intéressent un peu timidement à la discipline, raison pour laquelle ils ne sont pas nombreux à la Fédération internationale. En Afrique de l’ouest, on a peut-être le Togo et le Burkina qui en sont membres. En Côte-d’Ivoire, il y a un début de pratique de cette discipline, mais ce pays n’a pas encore de fédération.

Mais la vision selon laquelle le hockey est un sport de « blanc » est une fausse histoire. Car des Africains le pratiquent aussi.

Vous nourrissez des projets pour la discipline, pouvez-vous nous en parler ?

En tant que jeune fédération, nous voulons faire en sorte que le hockey puisse s’implanter dans le milieu sportif. Pour cela, nous avons initié plusieurs activités et tenons à réaliser chaque année le championnat. Nous voulons également étendre la pratique du hockey dans toutes les régions du pays. Nous voulons également construire un stade pour la discipline. Ce projet me tient particulièrement à cœur.

Seulement, nous souffrons, comme beaucoup de structures, de manque de moyens.
C’est pourquoi, l’une de nos ambitions actuellement est de trouver une société qui va accepter d’associer son image à notre sport en sponsorisant nos activités. Nous avons entrepris des démarches dans ce sens mais la réponse qu’on a toujours reçue est que nous allons étudier votre dossier et vous revenir. Mais ça reste toujours sans suite. C’est donc l’occasion pour moi de lancer un appel aux sociétés à sponsoriser nos activités car nous avons de grands projets pour le hockey sur gazon au Burkina Faso.

En dehors du hockey sur gazon, qu’avez personnellement pratiqué comme sport ?
Dans le milieu du sport, j’ai touché à tout ou presque : football, judo, athlétisme, cyclisme et maintenant le hockey sur gazon. Je suis détenteur de la deuxième Dan en judo obtenue en 1986. Dans le domaine de la formation, je suis détenteur de la licence du deuxième degré des encadreurs.

Propos recueillis par Jacques Théodore Balima
Lefaso.net

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