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Situation alimentaire : les amis français de Guibaré se mobilisent

Publié le mardi 16 août 2005 à 10h01min

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Face à la situation alimentaire difficile que connaît le Burkina cette année, des associations de solidarité internationale se mobilisent. Un exemple avec Mme Colette Ménager, responsable de la "Commission Guibaré" d’Europe Inter Echanges, une association de villes jumelées de différents continents.

Le Burkina Faso connaît cette année des poches de déficit céréalier. En tant qu’association de solidarité internationale, comment réagissez-vous à cette situation à laquelle sont confrontées les populations dont vos partenaires burkinabè ?

Nous évitons l’assistanat mais devant un problème de disette, il est impossible de rester indifférent !! Nous avions vu les maigres récoltes en octobre 2005 puisqu’une délégation s’y est rendue à cette époque : les problèmes étaient prévisibles.

Avez-vous déjà mis en œuvre des mesures concrètes pour participer aux efforts de résolution de la crise alimentaire ?

Nous avons collecté des fonds en urgence en faisant appel à toutes les bonnes volontés : la période des vacances scolaires en France n’a pas été favorable car il nous a été difficile de joindre les écoles jumelées ( sauf quelques-unes) et les responsables étaient souvent absents. Nous avons cependant réussi à envoyer 1.600.000 FCFA environ.

Nos partenaires allemands d’Uelzen ont participé aussi. Nous espérons d’autres dons : il seraient alors affectés à la prévention d’une telle situation. Les jeunes qui sont allés faire du soutien scolaire pendant les vacances nous ont confirmé que notre idée d’assurer une cantine scolaire grâce aux mères éducatrices , avait favorisé la fréquentation scolaire tout en assurant UN repas par jour aux enfants.

A votre avis, peut-on éviter des situations de ce genre et comment ?

Il est nécessaire de prévoir dès les récoltes d’octobre en programmant une gestion rigoureuse de banques de céréales : c’est un point que nous avons souvent évoqué avec nos partenaires. Il est certainement nécessaire d’envisager une formation en gestion de banques de céréales : nous espérons seulement que nous trouverons des jeunes suffisamment éduqués , qui seraient restés dans les villages et qui pourraient assumer cette fonction.

Depuis quand date votre partenariat et quels sont les principaux axes d’intervention ?

Depuis le 1er décembre 1988. Nous intervenons dans différents domaines car nous sommes persuadés que nous ne pouvons pas les séparer.

Il faut soutenir les efforts des paysans ( formation, aides à de nouvelles techniques, maraîchages ,élevage ,protection de l’environnement..) ; pour la santé,nous avons participé à la construction et à la rénovation des CSPS et des maternités, soutenu les campagnes de sensibilisation organisées par les agents de santé.. ; nul effort sans éducation : nous avons un programme pluriannuel de construction et de rénovation des écoles et logements de maîtres ; un système de parrainages pour les collégiens , lycéens et apprentis a été mis en place( enfants de paysans les plus défavorisés et élèves sélectionnés par la commission scolaire de Guibaré) : nous espérons ainsi faire émerger de jeunes talents. Pour éviter l’exode rural et générer des ressources, nous avons aidé à la création de plusieurs entreprises artisanales ou commerciales(notamment auprès des femmes ).

Quelles sont les principales réalisations et qu’en est-il des perspectives ?

Nous voulons poursuivre ces efforts déjà consentis (ci-dessus) en essayant de faire prendre conscience aux jeunes qui vont à l’école qu’être paysans n’est pas dégradant par rapport aux activités « tertiaires » !!Quand nous discutons avec certains jeunes, nous entendons : « je suis revenu au village, je n’ai pas réussi aux concours. .je ne fais rien ». Nous leur avons souvent répété que nous comprenions bien leur souci : être fonctionnaire, c’est assurer l’avenir de toute une famille...mais le fait de ne pas avoir réussi prouve qu’ils n’étaient peut-être pas faits pour cela, en revanche, ils ont des connaissances ( ou peuvent accéder à des connaissances) grâce à leur éducation : ils peuvent être les leaders de nouvelles méthodes dans les villages.

Ils doivent se mettre au service d’une population qui n’a pas eu la chance d’aller à l’école. D’ailleurs, lors des visites de nos amis en France, ils ont été étonnés de voir que nos agriculteurs étaient des personnes très qualifiées..

Comment se porte votre jumelage ?

Très bien sur le plan humain : nous avons créé des liens très chaleureux : nous participons à la vie des gens que nous connaissons quand nous en avons l’occasion. Nous voudrions bien inviter plus souvent nos amis chez nous mais l’argent est souvent difficile à trouver et nos fonds sont entièrement réservés aux projets en cours à Guibaré, les membres des délégations financent leurs voyages sur leurs propres fonds !! Nous espérons pouvoir développer les échanges culturels ....

Propos recueillis par C. Paré
Lefaso.net

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