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Chambre des mines du Burkina : Une semaine d’activités pour promouvoir la santé et la sécurité au travail

Publié le mardi 18 juin 2019 à 23h05min

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Chambre des mines du Burkina : Une semaine d’activités pour promouvoir la santé et la sécurité au travail

La Chambre des mines du Burkina, ayant constaté les cas d’accidents de travail dans plusieurs secteurs d’activités dont celui des mines, veut apporter sa contribution à la gestion de ce problème. C’est ainsi qu’elle a initié une semaine de sensibilisation sur la prévention et la gestion des risques en milieu minier, qui se tiendra du 25 au 28 juin 2019. Afin d’apporter des détails sur cette activité, le président de la Chambre des mines du Burkina, Tidiane Barry, et le directeur exécutif Toussaint Bamouni ont entretenu la presse à ce sujet dans une interview, le vendredi 14 juin 2019.

Journalistes : Dans quel cadre se tient la semaine de sensibilisation sur la prévention et la gestion des risques en milieu minier ?

Direction de la chambre des mines du Burkina : Chaque année est célébrée la Journée mondiale santé-sécurité, à l’initiative de l’Organisation internationale du travail. En tant que faitière des sociétés minières au Burkina Faso, la Chambre des mines a voulu marquer le cours de cette journée mondiale de la santé-sécurité en instituant une Semaine nationale de la santé-sécurité, dont la première édition aura lieu du 25 au 28 juin 2019 ici à Ouagadougou.

Quel est aujourd’hui l’état des lieux en matière de santé-sécurité au niveau des mines au Burkina Faso ?

Dans une société minière, toute forme d’incident ou d’accident doit pouvoir être enregistrée et suivie correctement. Il doit donc y avoir un système qui permet de mesurer le niveau de risque qu’il y a dans un travail et un système qui permet de gérer la mitigation de ces différents risques en milieu de travail. Et surtout un système qui amène l’homme à adopter des valeurs qui permettent d’éviter les incidents de travail.

Quelle que soit la robustesse du système de sécurité que vous avez, la première prévention consiste à sensibiliser, à éduquer et à former le personnel sur les risques qui peuvent se présenter sur l’environnement du travail et c’est tout cet ensemble qui est mis en place un peu partout dans les sociétés minières au Burkina Faso. L’activité minière industrielle, qui est relativement nouvelle au Burkina Faso, s’est accompagnée d’un certain nombre de mesures et la santé-sécurité s’est renforcée et s’est vulgarisée dans notre pays grâce à l’essor de l’industrie minière.

La nature même des activités minières permet de faire en sorte que la santé-sécurité soit au cœur des préoccupations, des équipements assez lourds sont utilisés et un certain nombre de produits chimiques aussi. En matière de santé-sécurité, le constat est satisfaisant et la première édition de cette Semaine nationale de santé et sécurité est pour nous l’occasion de présenter un cadre de promotion et de partage d’expériences sur les bonnes pratiques dans la prévention et la gestion des risques en matière de santé-sécurité au travail dans les industries minières, mais également dans les autres secteurs d’activités du pays. Nous avons donc un rôle particulier à jouer pour cette industrie qui emploie des milliers de travailleurs dans des environnements de travail qui présentent des risques assez particuliers.

Le directeur exécutif Toussaint Bamouni

Les accidents de travail au niveau international sont chiffrés à environ 2,2 millions par an. Quelles sont les statistiques nationales particulièrement pour les mines ?

En matière de statistiques, je dirais que l’industrie minière au Burkina Faso aujourd’hui ne présente pas beaucoup plus de record d’incidents et d’accidents par rapport aux autres secteurs d’activités. Et cela, parce que les mesures de prévention et de gestion de la santé-sécurité ont été au cœur des préoccupations de chaque société minière depuis le départ.

La notion de « zéro incident » est une valeur mise en avant et partagée par l’ensemble des sociétés minières. Il faut aussi signaler que la règlementation nationale prévoit de pouvoir apporter l’ensemble des incidents, des risques qui peuvent se présenter dans l’environnement du travail, mais au-delà de cette règlementation nationale et de ce qu’elle impose, les sociétés minières adoptent les meilleures pratiques au niveau national.

Les impacts de l’activité minière sur l’espérance de vie moyenne des travailleurs ont-ils été établis ?

L’activité minière a dix ans d’existence dans le pays. Ce qui est une période très courte pour pouvoir établir l’incidence sur l’espérance de vie moyenne d’un travailleur minier. Tout compte fait, l’orpaillage artisanal est aussi un sous-secteur des mines qui nourrit environ un million de personnes. Alors, la question va en profondeur et nécessite une étude exhaustive qui prenne en compte tous les deux sous-secteurs.

De par la loi, il y a même un suivi-contrôle du secteur minier par le ministère, des visites annuelles pour permettre le respect rigoureux des textes en vigueur. La question interpelle et les activités que nous menons peuvent ouvrir le débat et proposer des pistes de solutions. Les réponses qui viendraient des professionnels permettraient de voir s’il est possible de l’établir avec la courte période d’activité minière dans le pays.

Certaines sociétés sont victimes de violences terroristes. Est-ce que cela peut être classé parmi les mesures de sécurité au niveau des industries minières ?

La question de la santé-sécurité telle que nous la définissons ici, concerne uniquement les différents risques professionnels qui existent dans le milieu de travail. La sûreté de façon générale est une préoccupation et l’idée d’avoir la protection de l’être humain sur son milieu de travail comme valeur est essentielle pour nous et doit être aussi une préoccupation. Pour l’instant, ce sont des accidents de type professionnel.

Existe-t-il des moyens de pression sur des sociétés minières pour la mise en place d’un système de sécurité et la prise en charge des victimes en cas d’accident de travail ?

La base même, c’est le respect de la règlementation en vigueur. Donc quand on pose comme postulat qu’une entité ne respecte pas la règlementation en vigueur, il n’y a plus de discussion, elle doit assumer. Il y a des dispositions à prendre pour amener cette compagnie dans le droit chemin.

Mais l’expérience que nous avons dans notre pays démontre que les sociétés industrielles ont intégré la santé-sécurité au cœur de leurs actions et, mieux, ont permis à notre pays de faire un apprentissage en la matière. Il y a eu un effet contagieux positif de ce système et nous, ce que nous souhaitons, c’est qu’en dehors de la règlementation, les sociétés minières aillent au-delà de ce minimum pour intégrer la santé-sécurité comme une valeur et non comme une règle à laquelle elles sont soumises.

Quel est le dispositif mis en place au sein de la Chambre des mines qui permet de vérifier la mise en œuvre d’un système de sécurité conforme ?

C’est le rôle de la Chambre des mines, dans le rapport qu’elle a avec ses différents membres, d’inciter et d’amener les membres à adopter des valeurs de responsabilité sociale. Nous n’avons pas de pouvoir de coercition ou un rôle de contrôle, mais plutôt un rôle de sensibilisation et nous voulons nous rassurer que les systèmes en place permettent à nos industries minières de pouvoir fonctionner conformément aux normes internationales.

Il y a quelques semaines, dans le cadre de cette première édition de la Semaine nationale de santé-sécurité, plusieurs visites ont été faites dans des sites miniers pour comprendre ce qui se passe et pouvoir organiser la sensibilisation dans ce sens.

Quelles sont les activités qui sont prévues pendant cette semaine ?

Nous avons vraiment un programme très riche pour cette semaine. Les activités vont s’articuler autour d’une table ronde qui va marquer les échanges entre experts du domaine de la santé sécurité, le 25 juin. Ensuite, il va s’en suivre deux journées de formation ouvertes au grand public.

Ces formations vont porter sur la santé-sécurité, les risques en milieu minier, l’hygiène industrielle, les techniques d’enquête et d’analyse des accidents, la protection des machines, le travail en espace clos, le travail en hauteur, les innovations en secourisme, tout un ensemble de thématiques qui seront abordées à travers ces programmes de formation.

Également, pour le partage d’expériences, des stands seront disponibles pour les différentes sociétés minières et les professionnels d’entreprises qui évoluent dans le domaine de la santé-sécurité. Cela va leur permettre de faire valoir ce qu’elles ont comme expertise et comme innovation en matière de santé-sécurité. Une activité-phare sur laquelle je voudrais insister est le don de sang qui sera organisé en marge de toutes ces activités.

La journée mondiale du don de sang est le 14 juin de chaque année, et nous voulons profiter de cette activité pour promouvoir le don de sang d’autant plus que le mois de juin est le mois qui marque le début d’une période où le paludisme se développe et nous pensons qu’il est approprié que le don de sang marque la volonté des compagnies minières de préserver la vie de l’être humain au-delà même de leur environnement de travail. C’est pour cela que l’activité a une portée générale.

Le président de la chambre des mines,Tidiane Barry

Combien de participants sont attendus à cette semaine de santé-sécurité ?

On anticipe à peu près un millier de participants. Ce qui doit marquer un engouement pour cette activité. Nous pensons aussi que la thématique est très importante et que cette première édition va vraiment marquer le pas pour que chaque année, cette question de santé-sécurité soit abordée, échangée pour non seulement accompagner un bon développement du secteur minier dans notre pays, mais au-delà promouvoir des valeurs qui sont essentielles pour un pays qui a l’ambition d’aller vers l’émergence industrielle qui va de pair avec toutes ces problématiques.

Est-ce que les acteurs de l’orpaillage artisanal seront associés à l’activité ?

Bien évidemment qu’il faut associer toutes les parties prenantes du secteur et il faut même souhaiter qu’on ait plus d’acteurs du secteur informel. Donc c’est très ouvert et je rappelle qu’il s’agit de mettre le capital humain au cœur de l’activité minière. Qu’elle soit industrielle ou artisanale, c’est toujours des êtres humains qui s’y trouvent. Il faut saluer la mise en place de l’Agence nationale d’encadrement des exploitations minières (ANEMAS) qui est chargée d’encadrer le secteur minier artisanal, qui sera présente à l’activité de façon officielle.

Quels sont les résultats attendus ?

Il faut que chacun puisse repartir chez lui en intégrant un peu plus les valeurs de santé-sécurité dans toutes les dimensions de la vie. Que ce soit au niveau professionnel, même au niveau personnel ou familial.

Il y a dans toute activité humaine des risques, et les activités de prévention, de gestion de santé-sécurité doivent être des réflexes que nous adoptons dans notre quotidien. Donc nous espérons vraiment que cette semaine va permettre une prise de conscience sur la question de santé-sécurité et faire en sorte que ce soit une dimension où chacun apprendra un peu plus.

En quelle année a été instituée la Chambre des mines du Burkina et quels sont ses rapports avec le ministère des Mines ?

La Chambre des mines est une association à but non-lucratif qui a été créé en 2011 et a évolué avec le développement de l’activité minière. Son évolution institutionnelle provient d’abord du Groupement professionnel des miniers du Burkina (GPMB), et avec le développement du secteur, nous avons migré vers une Chambre des mines qui lui donne un positionnement institutionnel important pour mener à bien ses activités.

À la date d’aujourd’hui, le bilan est très bon ; c’est une structure qui apprend, qui évolue et qui tire beaucoup d’expériences de la pratique de la réalité du secteur minier. Nous avons un staff permanent dirigé par un directeur exécutif, dont le travail est encadré par un conseil d’administration de la chambre.

Comme elle est la faitière des sociétés minières au Burkina, nous avons de très bonnes relations avec le ministère des Mines qui sont des relations de partenariat et non de tutelle. Le ministère est un partenaire-clé pour la Chambre des mines au Burkina. Nous partageons d’ailleurs le même objectif qui est de permettre un développement harmonieux du secteur minier pour qu’il génère le maximum de retombées positives pour le bien-être de la population.

Propos recueillis par Etienne Lankoandé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 19 juin 2019 à 04:08, par Un Burkinabê En réponse à : Chambre des mines du Burkina : Une semaine d’activités pour promouvoir la santé et la sécurité au travail

    Je suis très remonté contre le Ministère des Mines et ceux de l’Habitat, des Infrastructures et enfin de l’Industrie du
    Burkina. Il devrait avoir une loi fixant des amendes très fortes contre les accidents de travail. Voici une opportunité de remplir les caisses de l’Etat. L’objectif de mon idée n’est pas de mettre devant l’argent contre la vie des travailleurs mais de forcer la main aux Entreprises des Mines, des Carrières, des BTP, des Routes, des Industries à investir dans la culture de la Sécurité au travail. Le cas le plus flagrant est la Cogeb sur le chantier du mini-échangeur de l’Hópital Yalgado. Il ya également le cas de la Sofitex ( polution de l’Environnement, maladies respiratoire des populations, maux de reins et de dos des producteurs de coton par manque d’outils adéquats - daba versus tracteurs). Pour la Sofitex et les autres compagnie du Coton c’est très grave.

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