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Révocation du maire de Koudougou : le dossier

Publié le jeudi 11 août 2005 à 08h26min

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La question des financements occultes de partis d’opposition n’est pas encore évacuée que le monde politique du Faso, qui reprend de la verve au fur et à mesure que se rapproche l’échéance électorale du 13 novembre, a du grain à moudre avec celle de la révocation du maire de Koudougou par le gouvernement.

simple acte administratif que la chose est et dont des précédents d’ailleurs n’ont presque ému personne, la décision de révocation de Marcellin Noraogo YAMEOGO est devenue sujet de débat en ce que d’aucuns y verraient une sanction politique du fait de l’appartenance de l’intéressé à l’UNDD, parti de Me Hermann YAMEOGO qui n’est pas en odeur de sainteté avec le pouvoir.

Logique politicienne quand tu nous aveugles ! Et pourtant les faits reprochés à l’ancien édile de la ville commerçante qu’est Koudougou sont parlants. Nos investigations ont permis de lever un peu plus le coin de voile sur une gestion pour le moins chaotique de l’ex-locataire de l’Hôtel de ville qui a fait des lotissements sa vache à lait.
Lisez plutôt

Les faits selon le conseil des ministres du 27 juillet

Le deuxième rapport est relatif aux conclusions du contrôle de gestion à la Mairie de Koudougou.
Les opérations de lotissement de la ville de Koudougou depuis 1995 ont concerné neuf des dix secteurs de la ville.
Les investigations de la mission d’inspection ont mis à jour, les irrégularités suivantes :
- le lotissement de Koudougou a été initié sans autorisation préalable ;
- le lotissement n’a pas respecté les limites communales ;
- l’organisation administrative du lotissement a été faite en violation des règles édictées par la Réforme Agraire Foncière (RAF) ;
- il a été en outre relevé que les attributions ont été faites sans demandes formulées par les postulants ;
- la gestion financière du lotissement est caractérisée par une gabégie organisée ;
- le lotissement a entraîné un endettement de la commune à plus de cent six millions (106 000 000) de francs CFA ;
- certains contrats passés avec les bureaux de géomètres sont frauduleux : la mission d’inspection a relevé que la Société 1’Œil du Géomètre, a reçu quarante millions (40 000 000) de francs CFA sur un contrat "tacite" de 57 068 640 CFA pour l’extension du lotissement dans le secteur 2 ;
- le lot 11 de la zone appartenant au CEGECI a été parcellé et frauduleusement affecté.
Au regard des nombreuses irrégularités constatées dans cette gestion, le Conseil des ministres a pris les décisions suivantes :
- la révocation du maire Yaméogo Marcellin pour fautes graves de gestion avec poursuites judiciaires ;
- des poursuites judiciaires contre les conseillers, trésoriers et présidents des commissions de lotissement des secteurs 2, 4 et 9 ;
- des poursuites judiciaires contre la société "l’Œil du Géomètre".

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La version de Marcellin N. YAMEOGO

La révocation du Maire de Koudougou par le gouvernement, loin d’être un « coup d’humeur », est le résultat d’un processus responsable face à la « situation dramatique » qui caractérisait les opérations de lotissement dans la ville. Le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD), selon nos informations, depuis plusieurs mois, a tenté de « voir clair » dans ces opérations. Après sa révocation, M. YAMEOGO par une conférence de presse et une interview a beaucoup parlé. Certains diront qu’il a trop parlé. Mais les faits restent têtus.

Du lotissement de la ville de Koudougou, initié sans autorisation, à l’endettement de la commune en passant par le non-respect des limites communales et la gestion financière « qui ressemble à une gabegie », le MATD a tenu à avoir des explications claires et précises avant de se prononcer. C’est dire que rien n’a été décidé ou fait au hasard et que la décision n’a pas été prise à la tête du maire qui ne plairait pas à l’autorité.

Tout serait parti d’un contrôle de routine de l’Inspection technique du MATD débuté un peu avant la mi-janvier 2005. Ce contrôle qui a dû durer des semaines au vu des irrégularités mises à jour a concerné l’exécution physiquement du lotissement et l’organisation administrative et financière des opérations. Les différents protagonistes : les principaux acteurs : ancien Maire, Maire en exercice, entreprises, conseillers, bénéficiaires... ont été par ailleurs entendu. Certains ont même écrit.

La version de Marcellin N. YAMEOGO
Pour ce qui est en particulier du Maire Marcellin YAMEOGO, c’est vers la fin mars 2005 que le MATD lui a demandé des explications après de nombreuses auditions tant par le ministre que par l’Inspection technique. A cette correspondance, par lettre d’explications datée du 13 avril 2005, Marcellin Noraogo YAMEOGO répondait. Il affirmait que le lotissement des 09 secteurs de la commune est la résultante d’une première expérience de 1994. S’agissant du lotissement sans autorisation, le maire sortant, Emmanuel ZOMA, lui aurait assuré que la procédure avait été respectée.

Quant au non respect des limites communales, le maire YAMEOGO, affirme que : « le projet de lotissement, s’il devait se réaliser tel que décidé, il se situerait au-delà de nos limites mais les résultats du SDAU (schéma directeur d’aménagement et d’urbanisation) nous ont conduit à maintenir le bornage à l’intérieur des limites communales. Les bornes dans la zone vers le Sanguié se situeraient à plus de 1km sur notre frontière comme telle que définie par la loi.

Sur l’axe Koudougou-Kindi, la levée topographique est au-delà des limites mais les bornes se situant à l’intérieur du périmètre communal... ». De la question de la non conformité de l’organisation administrative du lotissement, Marcellin YAMEOGO explique qu’il n’y a eu qu’une seule commission chargée des attributions dans la commune mais pour une question de célérité il a crée plusieurs commissions de travail constituées de « personnes ressources » et cela par secteur. Sur le point de la gestion financière, M. YAMEOGO affirme que les déblocages de fonds se sont toujours justifiés par des dépenses liées au lotissement ou pour des questions qui concernent le secteur (prise en charge d’équipes sportives, paiement factures de géomètres etc.).

« Les attributions ont été faites selon un calendrier par secteur et les indemnités sont dues par jour effectif de travail. Il n’a jamais été pour moi de faire des cumuls », soutient-il dans ses explications. Et pourtant lors de sa conférence de presse du jeudi 28 juillet l’ex-maire YAMEOGO affirme la main sur le cœur que : « Je n’ai jamais fait de lotissement ni passé un contrat avec l’œil du géomètre ...

C’est plutôt le maire Emmanuel ZOMA qui a fait les lotissements ». Le maire YAMEOGO pour ce qui concerne l’endettement de la commune, dans ses explications rejette tout sur « certains géomètres » : « Certains géomètres doivent nous être redevables. Nous pensons qu’ils auraient reçu des paiements qui ne correspondaient pas au nombre de parcelles, objet du contrat... », foi de Marcellin YAMEOGO.

Enfin de la question des avenants passés avec « l’œil du géomètre », Marcellin YAMEOGO affirme qu’il y a eu un seul avenant avec ce cabinet. « Cet avenant non écrit est une opération qui a concerné les secteurs 02, 03 et 04 qui devait être payée entièrement par le secteur 02, contre remboursement par les autres secteurs. Cet avenant est de 57.068.930F... ».

A bien écouter M. YAMEOGO lors de sa conférence de presse, on a envie de dire qu’il n’a rien fait depuis qu’il est à la tête de la commune. Il préfère tout rejeter sur son prédécesseur, M. ZOMA, même si du bout des lèvres, il reconnaît qu’il a commis des erreurs. Comme on peut le constater, entre les explications du maire YAMEOGO et les résultats des Inspections techniques, le fossé est bien grand.

Par Ben Alex Béogo


Amalgames hypocrites

« Le pouvoir s’attaque à un citoyen honnête » a clamé l’ex-maire Marcellin YAMEOGO dans sa déclaration liminaire à la conférence de presse du 28 juillet dernier puis de poursuivre que ce qu’on lui fait subir n’est que la résultante d’une cabale orchestrée contre Hermann YAMEOGO et de tirer la conclusion sur un complot contre la ville de Koudougou dont le « réveil » sous sa direction gêne certaines personnes. Des amalgames on ne peut plus puérils qui ne sauraient être une bonne méthode de défense au vu de ce qui lui est reproché. Pour l’honnêteté de l’ex-bourgmestre, ses pratiques mafieuses et sa gestion de la commune à la façon d’une boutique de quartier permettent d’en juger.

Quant à penser qu’on s’attaque à sa personne pour atteindre Hermann YAMEOGO, ne se donne-t-il pas une trop grande importance ? Autrement dit, la grenouille qui se prend pour aussi grosse que le bœuf. Les casseroles que traîne Hermann sont si bruyantes qu’il n’est point besoin d’aller le chercher dans son patelin natal en enquiquinant le maire, son cousin et membre de son parti fût-il. Les faits sont très clairs : l’ancien édile Marcellin YAMEOGO a « bouffé » et la loi dit qu’il doit être poursuivi. Où est donc l’os ?

Le destin de la ville de Koudougou ne peut s’assimiler à celui de l’homme Marcellin YAMEOGO. Avant lui, d’autres personnes ont bâti cette ville qui ont le mérite d’être des pionniers, lui n’ayant fait que poursuivre une œuvre déjà commencée mais qui malheureusement, trop gourmand, a pensé qu’il ne pouvait faire tant de réalisations sans se « lécher les mains » comme on dit. L’appétit venant en mangeant, la suite on la connaît. La ritournelle, les autres sont contre Koudougou et ne veulent pas son développement, de sa bouche, est indigne de l’homme politique qu’il se prétend.

Simple tactique politicienne pour rallier à sa cause une population qu’il a pourtant trompée et volée. Le problème de Marcellin YAMEOGO est tout simplement administratif. La coloration politique qu’il tente de lui donner s’inscrit dans la logique de ceux qui pensent qu’ils peuvent, à leur poste de responsabilité, « feinter » impunément le peuple, s’abritant confortablement derrière le paravent de leur appartenance à un parti d’opposition car, les inquiéter ne sera-t-il pas vite perçu comme une cabale contre opposant ?

D’ailleurs beaucoup semblent s’être laissés prendre à ce piège, risquant de faire le lit à l’impunité pour certains malfrats à col blanc ! Tout compte fait, la justice devant traiter du cas Marcellin YAMEOGO, l’homme ferait mieux de rechercher des éléments de justification plus solides car son dossier est très consistant.

F. DOUSSE


Ce que dit la loi

On ne le soulignera jamais assez, Marcellin YAMEOGO ex-maire de la commune de Koudougou n’est victime d’une aucune cabale politique. Dans l’organisation et la gestion du lotissement de la ville, YAMEOGO a enfreint à la loi. Il en a fait à sa tête comme s’il était assuré de ne rendre compte à personne. En vérité l’homme est surpris de se retrouver devant la loi.

« La loi est dure, mais c’est la loi ». Pour une bonne conduite des opérations de lotissement il y a des préalables qui méritent d’être satisfaits. Il y a entre autres la nécessité :
de mener des enquêtes socioéconomique et démographique pour identifier les besoins réels, surtout ceux des populations ;
d’élaborarer des cahiers de charges pour les différentes zones ;
de respecter la réglementation en vigueur ;
de mettre en place un fichier attributaire fiable, crédible et informatisé par la collectivité locale
de garantir une gestion transparente, etc.
Si on peut regretter que le bourgmestre ait foulé aux pieds tous ces préalables indispensables à la bonne tenue de tout lotissement, il convient également de déplorer la manière un peu trop cavalière d’interpréter les textes et procédures de lotissement.

M. Marcellin Noraogo YAMEOGO, clame à qui veut l’entendre qu’il a hérité d’un désordre de son prédécesseur, M. Emmanuel ZOMA. Une ligne de défense bien fragile,car en la matière chacun devra porter sa croix. En effet, si héritage il y a on ne s’empresse pas tout de go de recevoir le patrimoine sans en faire un état au moment de la succession. On ne peut prendre le soin de se faire bon droit soi-même avant de passer aux affaires.

D’après le législateur, la loi s’applique à chaque sujet dans les mêmes conditions. C’est pourquoi dans le domaine foncier les articles 50 et suivant de la loi n°14/96/ADP définissent les conditions dans lesquelles tout Burkinabé peut acquérir un espace à but d’habitation ou commercial auprès de l’Administration en charge de la gestion du domaine foncier. Après analyse de la démarche de M. YAMEOGO rien n’a été fait à l’image des textes. La raison est toute simple. L’intention d’extorquer les populations est ancrée dans l’homme. Deux textes traitent des lotissements : une loi et un arrêté conjoint inter ministériel.

Tout lotissement ou toute opération de restructuration quelle que soit sa source de financement doit être autorisé par le ministre chargé de Habitat ; la demande d’autorisation de lotir étant de l’initiative de l’autorité locale compétente.

L’arrêté conjoint n° 13/MIHU/MATD du 1er mars 2002 fixe la procédure d’élaboration, d’approbation et d’implantation des plans de lotissement et de restructuration au Burkina Faso et la loi n° 042/98/AN portant organisation et fonctionnement des collectivités locales, dont l’article 135 précise les sanctions encourues par les autorités communales en cas de « spéculation sur l’affectation des terrains publics, les attributions de parcelles, les permis de construire ou de lotir », qui sont considérées comme des fautes graves pouvant entraîner la suspension ou la révocation du maire ou d’un adjoint.

Le lotissement de Koudougou a été initié sans autorisation préalable violant ainsi l’esprit de l’article 61 du décret 97/054/PRES/PM/MEF de 1997 portant application de la loi 14-96/ADP du 23 mai 1996, loi portant Réforme Agraire et Foncière au Burkina Faso (RAF) et l’article 229 du code général des collectivités qui stipule que : « La décision de lotissement des villes et localités appartient conjointement aux ministres chargés de l’Urbanisme et de l’Administration du territoire ... ».

Nul n’est sensé ignorer la loi, dit l’adage. Et quand c’est l’autorité compétente chargée de faire respecter la loi qui la piétine sous prétexte qu’il a hérité d’un désordre, avouons que cela relève du dilatoire et doit être condamné comme tel.

Fredéric Ilboudo


Détournements crapuleux

L’ex-maire de Koudougou, Marcellin Noraogo YAMEOGO, soutient dur comme fer que sa révocation est purement politique. « Ma révocation n’a d’autre objectif que d’abattre M. Hermann YAMEOGO » a t-il lâché à la conférence de presse du 28 juillet dernier. Pourtant, monsieur sait en tout âme et conscience que son passage à la tête de la commune a été un désastre. Et pour cause, sa gestion du lotissement dans la ville a été des plus catastrophiques ; les faits parlent d’eux-mêmes.

Nombreux sont ceux des Burkinabé qui pensent effectivement que le maire de Koudougou est victime d’une machination politique parce que peut-être surpris par la soudaineté de la décision gouvernementale dans cette ambiance de surchauffe politique à l’orée des joutes électorales. Seulement, la réalité et la vérité des faits sont là, crues et qui dédouanent l’autorité d’un tel dessein. Marcellin Noraogo YAMEOGO est victime de ses propres turpitudes. Et pour cause, il a posé des actes répréhensibles que lui-même en tant qu’opposant dénonce à longueur de journées à l’endroit du pouvoir en place. Il a fait preuve de légèreté sinon de cupidité dans la gestion de la ville dont il avait la charge. Contrairement à ce que le maire et ses acolytes soutiennent, il y a vraiment eu du faux, sinon des travers dans les conduites des opérations de lotissement de la ville. Les informations dont nous disposons aujourd’hui font état de plusieurs millions (700 000 000) dilapidés dans la conduite de cette opération. L’organisation administrative et financière des opérations de lotissement fait ressortir une gestion mafieuse par l’équipe de Marcellin YAMEOGO.

4 à 7 parcelles par ménage et pourtant des parcelles insuffisantes !

Ce qu’il faut savoir d’office, c’est que le lotissement de Koudougou a été initié sans autorisation préalable des autorités compétentes. Il a été fait en violation totale des textes qui régissent les opérations de lotissement dans notre pays (voir « ce que dit la loi »). Pire, le lotissement de Koudougou a dépassé les limites communales. En effet, sur le terrain, nous avons constaté que des bornes ont été implantées à plus d’un kilomètre des limites communales plus précisément sur l’axe Koudougou-Nandiala-Kindi et même dans des espaces relevant du ressort territorial de la province du Sanguié. Au total, avec plus de 60 000 parcelles dégagées, chacun des 14 502 ménages de Koudougou pouvait à la date du 17 février 2005 être attributaire de 4 parcelles !

Si les opérations étaient normalement conduites, à leur terme, dans les secteurs 2, 3 et 4, chaque ménage devrait disposer d’au moins sept (7) parcelles ! Tout naturellement l’aménagement ne répond donc pas aux besoins réels des populations. C’est dire si on a hypothéqué le développement de la ville pour les années à venir car sans aucun doute il y a gabegie d’autant que selon le maire, les parcelles dégagées resteraient insuffisantes pour satisfaire la demande !

Des attributions faites sans demande des acquéreurs

L’organisation administrative du lotissement a été confiée directement aux conseillers des secteurs par la création d’une commission d’attribution par secteur soit au total 9. Il en ressort que la conduite de l’opération était plutôt discutée dans les secteurs au lieu du conseil municipal. Cela n’a pas manqué de créer un désordre indescriptible dans l’organisation financière à telle enseigne que certains habitants parlaient de « lotissement privatisé ». En effet chaque secteur agissait à sa guise en toute autonomie. Outre que les commissions étaient pléthorique, clientélisme oblige, leurs membres n’avaient pas les qualifications, certains responsables comme des trésoriers étant même analphabètes. Alors bonjour la pagaille et la gabegie.

Au demeurant, si ce ne sont pas les commissions qui sont pléthoriques, ce sont les présidents de certaines d’entre elles qui sont ordonnateurs des dépenses avec des trésoriers analphabètes donc ne pouvant tenir à souhait un livre de compte à plus forte raison suivre convenablement la régularité des actes comptables. En réalité on se serait cru à Doumbelane, chacun faisant son maximum pour engranger le plus d’argent et de parcelles puisque, pire des pires, les attributions ont été faites sans demandes formulées par les postulants comme l’exige la loi. Les seuls documents disponibles étaient les listes de recensements d’où l’impossibilité de suivre l’opération. La porte ouverte donc aux détournements de toutes sortes, au clientélisme, à la spéculation foncière etc.

De la gestion financière du lotissement

Il faut le dire sans sourciller, la gestion financière du lotissement à Koudougou a été des plus gabégiques. Et pour cause, les déblocages de fonds ne donnaient pas toujours lieu à la production de pièces justificatives. Des comptes bancaires BICIA/B ont été ouvert pour chaque secteur mais aucun retrait ne pouvait se faire sans la signature du maire Marcellin YAMEOGO qui émettait les chèques.

Sur plus de 700 000 000 de franc FCFA mobilisés pour l’opération, tout a été utilisé essentiellement à payer les cabinets de géomètres, les conseillers municipaux et des fournitures. Tout cela sans pièces comptables justificatives dans la plupart des cas et sans documents contractuels signés entre la commune et les géomètres commis aux opérations d’aménagement. Il a d’ailleurs été constaté que depuis novembre 2000, le maire Marcellin YAMEOGO se faisait payer par secteur des perdièmes, ce qui veut dire qu’il était désintéressé neuf fois pour le même travail et donc empochait une somme moyenne de neuf fois supérieure à celle qui lui était due.

Contrats frauduleux

Avec de telles pratiques on comprend que le lotissement ait entraîné un endettement de la commune de Koudougou. Elle reste ainsi redevable pour des prestations de plus de 100 000 000 FCFA aux bureaux de géomètres. Des contrats frauduleux ont été passés avec certains de ces bureaux. Ainsi, le cabinet « L’œil du géomètre » a reçu quarante millions (40 000 000) FCFA sur un contrat « tacite » de plus 57 millions pour l’extension du lotissement dans le secteur 2. Or cette extension avait déjà fait pourtant l’objet d’un avenant passé avec le prédécesseur du maire Marcellin YAMEOGO, M. Emmanuel ZOMA, pour un montant de plus de vingt et six millions (26 000 000) dont vingt et un millions (21 000 000 de F CFA) restaient impayés. Alors pourquoi Marcelin a- t-il cru bon payer pour un travail déjà facturé et en partie payé mais non entièrement réalisé ? En réalité les 40 000 000 F ressemblent à une sorte de trop perçu qui est certainement repartie en direction du maire. L’homme a du reste reconnu à sa conférence de presse qu’il avait péché pour n’avoir pas passé un contrat additif.

Les choses ne sont pas fondamentalement différentes pour le secteur 4 où également, « L’œil du géomètre » a soumis un devis de plus de 81 millions qui a connu un début de paiement de plus de 34 millions sans même que la dette au titre des contrats antérieurs, dans ce secteur, de plus de 30 millions soit épongée. Fait, pour le moins curieux, le maire dit ne pas être au courant de cette opération qu’il a pourtant fait payer en partie. Au total pour ce seul cabinet, les trop perçus s’élèvent à près de 45 millions de FCFA.

Des conseillers trempés jusqu’au cou

La gestion scandaleuse de l’argent du contribuable Koudougoulais n’est pas imputable au seul maire Marcellin YAMEOGO. Nos sources révèlent des indélicatesses dans la gestion de certains conseillers. Là également, de nombreuses dépenses ne sont pas justifiées. D’ailleurs certains d’entre eux, convaincus de dissipation de fonds publics, ont procédé à des remboursements. Ainsi par exemple, le conseiller Paul O. YAMEOGO reconnaît avoir remboursé 140 000 F CFA ; il en est de même pour Adama OUEDRAOGO et Edouard YAMEOGO du secteur 10 qui ont à eux deux remboursé 141 500 FCFA.Des broutilles par rapport aux sommes colossales qui ont été dissipées.

Certes le maire Marcelin YAMEOGO a hérité d’un « désordre » dans le lotissement à mettre à l’actif de son prédécesseur mais il faut reconnaître que cela n’explique pas, encore moins ne justifie les actes posés par lui. Il doit donc être honnête et assumer ses responsabilités. En vérité, la gestion de la commune de Koudougou par Marcellin YAMEOGO a été la plus scandaleuse.

Au vu de ce cafouillage qui a permis de poser des actes délibérés de malversations, l’autorité devait-elle rester impassible au prétexte de l’appartenance du maire à un parti d’opposition ?

La réponse à cette question est illustrative de la direction que nous voulons donner à notre démocratie et de la conduite que nous voulons donner à la gestion de la chose publique ; surtout de nos collectivités locales.

Par Frédéric Ilboudo


Le cas du CEGECI : Les faits sont accablants

A sa conférence de presse du 28 juillet dernier, l’ex-maire de Koudougou, s’en est pris au CEGECI qui selon lui aurait, contrairement aux accusations portées contre lui, morcelé et attribué la partie de son domaine qui n’était pas mis en valeur. Le CEGECI aurait même refusé de lui accorder deux parcelles que la mairie sollicitait pour la construction d’une infrastructure sociale. Le MATD l’accuserait donc à tort. Nos enquêtes sont édifiantes et montrent la pertinence de ce proverbe bantou qui veut que « quand on a la diarhée on ne danse pas en public ».

Même si les premiers responsables de l’institution n’ont pas accepté s’ouvrir à nous préférant s’en remettre à la procédure en cours, nous avons réussi à glaner quelques informations crédibles qui, confrontées avec celles que nous avons recueillies sur le terrain, permettent de comprendre ce qui s’est passé en ce qui concerne la cité du 4-Août de Koudougou.

Tout serait parti d’une décision du CEGECI d’améliorer et d’optimiser la gestion de ses 24 cités du 4-Août. Il faut dire que dans la ferveur révolutionnaire celles-ci avaient été construites sans parcellement préalable des aires d’occupation.

Des travaux de délimitation des villas du 4-Août réparties dans les vingt quatre (24) provinces du Burkina, commandés par le CEGECI à la Direction de la Topographie et des Travaux Fonciers de la Direction Générale de l’Urbanisme et de la Topographie, tout a été fait sans anicroche et il restait à morceler les espaces vides qui se trouvaient à l’intérieur des cités. C’est à ce niveau que des problèmes interviendront à Koudougou. Dans cette ville, la cité du 4-Août est bâtie sur le Lot 2 de la Section AZ et est partie intégrante du plan général de lotissement de la ville de Koudougou.

Lorsque l’équipe chargée d’effectuer les travaux de délimitation est arrivée sur les lieux, elle a constaté que les espaces vides à l’intérieur de la cité avaient été morcelés en 8 parcelles sur le lot 11 alors que le plan de morcellement prévu par le CEGECI pour ce lot devrait dégager 10 parcelles. Renseignement pris il est ressorti que la mairie était à l’origine de ce travail.

Elle a donc naturellement réagi en demandant tout simplement à la mairie des éléments d’explication sur la situation. Cette lettre serait restée sans suite jusqu’au moment où elle a de nouveau envoyé une équipe sur le terrain en 2005 pour constater que boutiques et villas étaient en construction sur les parcelles en cause. Elle a de nouveau demandé par l’intermédiaire de sa hiérarchie des explications, qu’elle n’aura pas. Elle a alors décidé d’investiguer elle-même sur place et s’est entourée pour ce faire du maximum de légalité possible.

Le rapport de cette mission a permis de réunir des éléments de preuves suffisantes sur les interventions de la mairie dans le domaine du CEGECI. A partir de ce moment, le CEGECI a saisi par le biais de sa tutelle technique, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation pour demander la restitution des parcelles en question.

Interpellé, le maire Marcellin YAMEOGO aurait nié les faits avec véhémence, affirmant même n’avoir jamais été saisi par le CEGECI d’un quelconque problème sur ses parcelles. Mais en définitive, mis devant les éléments de preuve, il reconnaîtra les faits confirmant lui-même les attributions effectuées par sa personne. Tous les attributaires sont de ses relations et n’ont formulé aucune demande de parcelle.

En effet, locataires et entrepreneurs travaillant sur les réalisations de même que les services techniques ont clairement identifié les propriétaires, lesquels ont tout naturellement justifié qu’ils étaient attributaires. Et la boucle est bouclée ! Tout le reste n’est que fumigène comme dirait l’autre.

DT


Gestion scabreuse

Le moins que l’on puisse dire, les opérations de lotissement ont été une aubaine pour l’ex-locataire de la mairie de Koudougou pour s’enrichir illicitement. Outre le fait d’engranger les sous dans les attributions « gré à gré » des marchés et les attributions de parcelles sans demandes donc pratiquement à sa seule discrétion, Marcellin YAMEOGO pompait l’argent des lotissements par le biais des commissions d’attribution des parcelles des secteurs dont il s’était fait président en toute illégalité, des détournements scandaleux et des dépenses fantaisistes. Tout naturellement les justificatifs font défaut : états d’émargements non concordant, absences de bordereaux de livraison, absence de factures, contrats irréguliers etc ; tous les ingrédients d’une gestion scabreuse.

A la tête de la mairie depuis le 10 novembre 2000, Marcellin YAMEOGO a eu des appétits cupides aiguisés par les opérations de lotissements initiées par son prédécesseur. L’homme trouvait là, aubaine pour s’enrichir illicitement. Peut-être le poste, qui est électif, n’étant pas sûr du fait de la précarité des situations politiques, il a voulu prendre le pas sur le temps. Ainsi quelques mois seulement après sa prise de fonction, il mit en place une stratégie de dissipation des fonds récoltés sur les contributions des demandeurs de parcelles.

Etait-ce là la partie de son programme de gestion de la commune ? Toujours est-il que le nouvel édile s’est empressé de ramener à sa seule personne, contrairement aux dispositions légales, toute la gestion des commissions de lotissement des différents secteurs. Et leurs présidents et trésoriers, il faut le dire, étaient des maillons importants dans son dispositif.

Ainsi, ensemble, tout en passant outre la commission communale, ils se servaient de l’argent des lotissements en inventant des dépenses pour des motifs dont la décision nepouvait relever que du conseil municipal. Par exemple, le président et le trésorier d’une commission de lotissement de secteur émettent un faux besoin en fournitures auprès du maire qui donne l’ordre de décaisser l’argent. Et le tour est joué. L’argent décaissé prend une destination que eux seuls connaissent.

Quelques exemples pour illustrer ces pratiques malsaines. En août 2001 à la faveur de travaux de réfection à la maternité du secteur n°9 de Koudougou. Il ordonne un décaissement d’argent plus que nécessaire dans les fonds de lotissement du secteur. Sur cette somme, 329 310F CFA se sont volatilisés. Deux fautes graves apparaissent dans cet acte.

Tout d’abord seul le Conseil municipal pouvait décider d’un changement de destination de l’argent destiné au lotissement. Donc il n’avait pas le droit de soutirer des sommes dans les comptes du lotissement pour la réfection de la maternité. Ensuite il y a la partie de l’argent non justifiée. Il y a donc doublement détournement. Il en est de même lorsque 64 100F CFA sont décaissés des fonds de lotissement du secteur n°1 soit-disant pour acheter les fournitures. En réalité, la tactique du maire consistait à soutirer l’argent dans les fonds de lotissement à la ronde des secteurs.

Des complicités mafieuses

L’exemple plus ahurissant concerne un décaissement de 5 millions de FCFA en juillet 2002 pour régler la facture d’une certaine entreprise dénommée Rala Koangda qui aurait bouché un trou creusé au pied d’une colline au secteur n°2. Jusqu’à la date de révocation, le 27 juillet 2005 du maire, soit trois ans après, ce trou n’est toujours pas bouché. En plus, la facture n’est pas acquittée ! Vraiment scandaleux, d’autant qu’il est évident que tout au plus 200 000 (deux cent mille) Francs auraient largement suffi. Comme si cela ne suffisait pas l’entreprise réfute avoir eu un tel marché ! C’est pareil pour une somme de 850 000F CFA sortie des fonds du secteur n°2 et destinée initialement à l’achat de fournitures. Le président et le trésorier de la commission de lotissement dudit secteur ne sont jamais parvenus à fournir un quelconque bordereau de livraison desdites fournitures.

Le 2 août 2004, une somme de 4 millions est débloquée dans les fonds du même secteur pour une destination inconnue. Mais bien avant cela, 1,2 million ont été décaissés pour la prise en charge des commissions de lotissement en l’espace d’un mois (5 janvier-6 février 2004). Ce qui est curieux, non seulement les états de paiement élaborés dans ce sens ne sont pas émargés mais en plus on s’aperçoit qu’ils sont trophiques puisque les prises en charge des commissaires sont des multiples de 1000F alors qu’on y trouve des montants du genre 174 275F ou encore 1 112 500F. Encore dans ce secteur, on ne retrouve pas les traces de 620 000F CFA qui devraient servir de fonds de roulement. Il faut savoir au total qu’avec la complicité des conseillers Benjamin et Athanase YAMEOGO qui faisaient respectivement office de président et de trésorier dans la commission de lotissement du secteur n°2, 7 695 000F CFA ont disparu des fonds de lotissement dudit secteur.

Si au secteur n°3 les dégâts se limitent à 375 275F CFA, ils sont cependant très énormes au secteur n°4. Là-bas on trouve un trou de 11 179 125F CFA. Le président et le trésorier de la commission de lotissement soutiennent que 4,3 millions ont servi au paiement des membres de commission sans pour autant être en mesure de fournir la moindre preuve.

Mieux encore, on relève de sérieuses contradictions dans les justificatifs d’une somme de 3 250 000 F CFA qui serait utilisée selon certains, comme la contrepartie du secteur dans la construction d’un CSPS. Pour d’autres, cet argent touché le 29 décembre 2003 dans les fonds de lotissement aurait permis le parcellement d’une réserve. Mais toujours est-il que l’un dans l’autre, il n’y a aucune pièce justificative. Tout comme le montant de 1 387 000F CFA puisé le 8 juillet 2004 avec le chèque n° 50 82 59 reste sans le moindre justificatif. Par ailleurs, on peut noter le déblocage d’une somme globale de 1 632 625F CFA pour l’achat de fournitures qui n’ont jamais été livrées ou dont on a aucune trace.

Documents comptables falsifiés et vol de matériels
L’ex-locataire de la mairie de Koudougou n’était pas seulement qualifié dans les détournements de l’argent des lotissements. Sa responsabilité est aussi engagée dans le vol de matériels. En effet, le 29 octobre 2002, il fait puiser dans les fonds de lotissement du secteur n°9 la somme de 1 508 080F CFA pour dit-on aider l’OSEO dans la construction d’une école bilingue au dit secteur. Renseignements pris, l’OSEO dit n’avoir jamais reçu ce financement. Pis, elle affirme que 1,5 million de FCFA de fers de construction qu’elle avait entreposés à la mairie ont disparu miraculeusement.

Au secteur n°10, les complices du maire ont pu dissiper 3 075 500F CFA. Une somme disparue par usage de faux états de paiement des membres de commission de lotissement, des falsifications de dates et des surcharges sur des chèques comme celui d’un certain 18 août 2003 d’une valeur de 555 000F CFA. A tout le moins, Marcellin YAMEOGO aura donc profité des lotissements pour dissiper une trentaine de millions de FCFA en passant par les commissions à qui il avait donné autonomie de gestion. Il a même raclé les 61 millions de FCFA que son prédécesseur a laissé dans les caisses. Et cela, c’est sans tenir compte des autres « dividendes » d’autant que ses pratiques mafieuses s’étendaient dans les passations de marché et les attributions de parcelles. En tous les cas, pour les poursuites judiciaires engagées contre lui, il doit s’expliquer sur un trou de 106 millions.

Par Drissa TRAORE


Bonne gouvernance unipolaire ?

La révocation du Maire de Koudougou, Marcellin Noraogo YAMEOGO, par le gouvernement continue de faire des vagues. Si pour certains, on donne trop d’importance à cette révocation, parce que M. YAMEOGO n’est pas le premier maire à être révoqué, pour d’autres, c’est une véritable machine qui est en mouvement pour « neutraliser » à jamais l’UNDD et son président Me Hermann YAMEOGO. Marcellin N. YAMEOGO n’a t-il pas martelé à qui voulait l’entendre que : « On veut abattre Hermann en passant par moi » ? Balayant du revers de la main toutes les accusations portées contre lui, l’ex-maire affirme : « ma révocation est politique ».

Ce qui est bien dommage et préjudiciable à notre jeune démocratie, c’est que certains donnent l’impression de vouloir une chose et son contraire. En effet, ils sont les premiers à parler de corruption, de gabégie, bref de mal gouvernance dans notre pays mais quand le gouvernement prend ses responsabilités par des sanctions, les mêmes crient à la machination et y voient des sanctions politiques ou tout simplement une volonté affichée d’abattre un adversaire politique.

Comment parvenir alors à la bonne gouvernance si ceux qui confondent intérêt général et intérêt particulier en faisant de la mauvaise gestion leur sport favori ne sont pas sanctionnés à la hauteur de leur forfait pour décourager d’éventuels responsables adeptes des raccourcis pour s’enrichir ?

Les luttes d’un certain collectif qui battait pavé contre l’impunité étaient-elles simplement partisanes ? La question a son intérêt quand on sait que le parti dudit maire était de ses pères fondateurs. A voire la lecture que l’on fait de la révocation de Marcellin YAMEOGO, on a l’impression que les membres de l’opposition appelés à la gestion de la chose publique doivent être exemptés de l’application des lois en cas d’indélicatesse.

Si l’acte administratif pris par le gouvernement à l’encontre d’un responsable qui a lourdement fauté dans sa gestion est assimilé à une décision politique, alors l’impunité a encore de beaux jours puisque les entités Pouvoir et Opposition sont non seulement fraternellement ennemies et cela pour toujours, mais sont appelées à cogérer le pays. Alors, l’ex-maire Marcellin YAMEOGO de l’UNDD et l’opposition tout entière sont-ils au-dessus de la loi ? Doit-on leur accorder l’impunité ?

Et pourtant Marcellin N. YAMEOGO n’est pas le premier...
Avant l’ex-maire UNDD de Koudougou, il y a eu plusieurs de ses collègues qui ont essuyé l’ire du gouvernement pour les mêmes raisons et qui présentement rongent leur frein ailleurs qu’à l’Hôtel de ville de leur bourg. Ce sont entre autres les maires de Zorgho, Ouahigouya, Ziniaré.

Quoiqu’elles ne fussent pas de simples épiphénomènes, les révocations de ces édiles n’ont pas été sujets de polémiques dans le landerneau politique encore moins dans la presse. Est-ce parce que les intéressés appartiennent au parti au pouvoir, le CDP, et que cela doit être considéré comme une cuisine intérieure, cuisine qui ne saurait s’ouvrir aux maires d’autres obédiences qui ont la latitude de fonctionner sans en référer à « l’autorité CDP » ?

Si c’est le cas, il y a péril en la demeure car notre démocratie est en danger. En effet, à vouloir imposer à l’autorité de juger en fonction de l’appartenance politique du responsable subordonné, on fissure le dispositif législatif permettant par là à des gestionnaires des biens et deniers publics d’en faire à leur tête et cela pour le malheur de nos collectivités. Tout gouvernement a obligation de résultat, de bonne gestion... et doit en répondre devant le peuple à travers ses représentants que sont les députés à l’Assemblée nationale.

Dans cet optique, il a intérêt à assainir la gestion dans les collectivités locales donc des mairies et dans les services publics. Si des maires CDP ont pu être révoqués, on se demande pourquoi un maire UNDD ne peut l’être. Dans tous les cas, celui-ci n’est pas en dehors de la République et Koudougou est une ville du Burkina Faso, pays qui a opté depuis peu pour une grande décentralisation des administrations, ce qui exige des responsables commis à la tâche une gestion des plus rigoureuses.

L’approximation et la pagaille sont à bannir. C’est donc dire que Marcellin YAMEOGO ou tout autre, les griefs reprochés à la gestion de la mairie de Koudougou sont d’une gravité qui ne pouvait laisser l’autorité sans réaction. Les dégâts n’étant plus à limiter mais à réparer, il va s’en dire qu’un tel gestionnaire ne pouvait y arriver et la loi est sans état d’âme : Marcellin YAMEOGO devait être révoqué et poursuivi en justice pour répondre de ses actes. Ce n’est ni plus ni moins que ça.

Bonne gouvernance pour tous

L’ex-maire de Koudougou, devait pourtant être un exemple dans sa gestion pour deux raisons principales. La première est que, étant de l’opposition, il devait prouver aux yeux de tous que si un jour, son parti et son président arrivaient à la tête de l’Etat, ce serait la bonne gouvernance politique et économique pour tous.

La corruption, le népotisme, la gabegie, bref toutes les entorses à la bonne gouvernance devaient être combattues avec vigueur. Mais au regard des informations et autres documents que nous avons, l’ex-maire a fait de ce noble combat le dernier de ses soucis. La deuxième raison qui va de pair avec la première est que l’opposition radicale s’est toujours proclamée paragon de vertu.

C’est elle qui est la première à dénoncer la corruption et autres maux qui minent la bonne gouvernance dans notre pays sans toutefois donner l’exemple. On comprend alors que si elle arrive un jour à la tête de l’Etat, dure sera la gouvernance. Au regard de tout ce qui précède, on peut dire que la révocation de Marcellin N. YAMEOGO n’est rien d’autre que la volonté affichée du gouvernement de sanctionner la mauvaise gestion dans la cité.

Alors, pourquoi lui en tenir rigueur, lui qu’on a souvent critiqué pour son attentisme voire sa complicité dans la montée des maux qui minent la gestion de la chose publique ? La bonne gouvernance si elle doit être une réalité, le sera pour tous. L’impunité, qui est une de ses entorses doit être combattue. La lutte contre l’impunité et la mal gouvernance ne sauraient être unipolaires, pour ne pas dire unidirectionnelles. L’ex-maire de Koudougou n’est pas au-dessus de la loi.

Par Ben Alex Béogo


La fin des haricots pour l’UNDD

Si le parti de maître Hermann YAMEOGO rue tant dans les brancards après le « décagnotage » de Marcellin YAMEOGO de la mairie de Koudougou, c’est que celui-ci constitue un véritable drame financier pour l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD). Marcellin chassé de la mairie c’est aussi son unité d’élites qui est neutralisée et cinq années de clientélisme dont il ne pourra pas profiter pleinement des fruits.

Après la destitution de Marcellin YAMEOGO pour malversations diverses, le parti d’Hermann YAMEOGO n’a eu de cesse de crier au « complot politique » ourdi par les tenants de la IVe République pour « nuire » à l’opposant le plus « sérieux » ( ?) à Blaise COMPAORE dans la perspective de la présidentielle de novembre 2005. Une attitude qui n’a pas manqué de surprendre, si tant est que Marcellin YAMEOGO bénéficie de la présomption d’innocence d’une part et que ce n’est pas la première fois qu’un maire est destitué sous nos cieux de l’autre.

On pourra nous rétorquer que s’agissant d’un maire de l’opposition, il s’agit bien d’un précédent, mais ce serait occulter le fait qu’appartenir à l’opposition ne met pas à l’abri de la « tentation ». La dernière actualité politique est illustrative de cette assertion pour que l’on s’y attarde outre mesure. Disons plutôt que cette précipitation suspecte de l’UNDD pour crier au « montage » donne quelque véracité aux faits qui sont reprochés à Marcellin YAMEOGO.

On ne fera pas la leçon à quiconque en disant que pour faire de la politique, il faut disposer d’une solide assise financière, en ces temps où même dans le « pays réel » cher à Halidou OUEDRAOGO, le bruit des espèces sonnantes est plus convaincant que les beaux discours remplis de promesses toutes plus alléchantes les unes que les autres.

Or, depuis sa « rupture » physique et idéologique d’avec Blaise COMPAORE (honni soit qui mal y pense) Hermann YAMEOGO ère comme un beau diable dans le désert à la recherche de quelques abrisseaux pour s’abriter des rudes réalités d’un quotidien chaque jour plus torride. On l’a d’ailleurs vu déposer ses valises tantôt à Abidjan chez les xénophobes de GBAGBO, tantôt en Guinée chez le tyran grabataire et quelquefois (mais c’est fini pour lui) chez le petit colonel moustachu de Mauritanie qui a maintenant compris à ses dépens qu’il était trompé.

Dans cette occurrence, la mairie de Koudougou était devenue la seule « vache à lait » à sa disposition, et, à en croire le compte-rendu du Conseil des ministres du 27 juillet 2005, et les résultats de nos investigations ils n’y sont pas allé de main morte, à tel enseigne qu’ils laissent la ville sur le carreau, criblée de dettes et sans un seul acre de terre pour les générations futures. Maintenant qu’on lui retire cette autre manne, on peut comprendre l’ire de maître YAMEOGO déjà affecté par la défection de son frère et de son mentor politique Boubacar OUEDRAOGO.

Et puis, Koudougou était devenu le siège du « djafoul » pour un parti habitué aux actes de vandalisme et dont le but principal est d’empêcher la tenue d’élections propres en novembre 2005. Hermann qui sait qu’il n’a aucune chance à ce scrutin, compte en effet sur la surchauffe sociale pour crier au loup sur les médias étrangers. C’était ainsi qu’il fallait comprendre ses accusations gratuites mais répétées à dessein contre les autorités de la IVe République, accusées d’être à l’origine de tous les maux de la sous-région Ouest-africaine.

En retour, il veut être « cueilli » et mis au frais, pour avoir enfin l’occasion de rebondir. Une option pour la victimisation dont ne sont pas dupes ceux du camp d’en face qui le regarde s’époumoner en pure perte. L’UNDD a donc perdu son gombo frais et gluant ce qui a entraîné cette montée d’adrénaline chez ses dirigeants. A ce rythme là, l’hypertension n’est plus très loin et avec elle, l’implosion d’un parti qui allait déjà à vau-l’eau. On en a du reste l’habitude avec le sieur YAMEOGO.

Par Alpha YAYA

L’Opinion

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