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Sofiano, artiste musicien : « Avant, j’étais adolescent dans la tête, maintenant je cherche à faire décoller ma carrière »

Publié le mercredi 5 juin 2019 à 15h00min

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Sofiano, artiste musicien : « Avant, j’étais adolescent dans la tête,  maintenant  je cherche à faire décoller ma carrière »

Il fait partie de ces jeunes artistes qui tentent de se frayer une place dans ce milieu très concurrentiel du showbiz où le talent seul ne semble pas suffire et où on ne se fait pas de cadeau. Sofiano, à l’état civil Sofiane Balzak Kanazoé, a une voix qui ne laisse pas indifférent. Dans cette interview, il nous parle de lui, de ses relations avec certains artistes, de ses écarts de comportement qu’il dit conjuguer au passé, mais surtout de son art. Il préfère être jugé sur ce qu’il sait faire le mieux, c’est-à-dire chanter, plutôt que sur toute autre considération. Sofiano a annoncé au passage son troisième album qui, espère-t-il, l’amènera sur l’échiquier international.

Lefaso.net : Quelle est l’actualité musicale de Sofiano ?

Sofiano : Avec le staff, nous travaillons sur le troisième album qui vient bientôt. C’est cela l’actualité musicale pour le moment.

Quels sont vos rapports avec les autres artistes du milieu au Burkina ?

Mes rapports avec les autres artistes sont bien, on s’entend très bien, c’est une famille. On est ensemble, on s’engueule souvent comme dans toute famille, mais nous sommes là.

En parlant d’engueulade, vous avez souvent eu une relation tumultueuse avec Floby ; pourquoi ?

Je crois que c’est une ancienne histoire, les Mossi disent que la langue et les dents sont ensemble mais souvent elles se manquent. C’est passé, je pense qu’aujourd’hui l’intention de Sofiano, c’est ne pas repartir en arrière. Depuis la sortie de mon deuxième album, j’ai beaucoup changé, ce n’est plus le même Sofiano que les gens ont connu avant. J’ai vraiment envie d’oublier, je n’ai pas envie de parler de cela. Entre Floby et moi, c’est grand-frère et petit-frère.

On dit que vous êtes un artiste talentueux, mais mal organisé ; quel est votre commentaire ?

Je pense que c’est normal parce qu’aucun homme n’atteint la plénitude. On dit que l’homme est 9, il ne vaut pas 10. Si on dit que je suis mal organisé, c’est peut-être aussi parce que je n’étais pas prêt. Après ma rupture avec Merveille production, je suis allé à l’auto-production. J’étais seul, je me battais seul jusqu’à ce que je rencontre Kenzo qui est mon manager, qui a essayé de me coacher, qui a essayé de me diriger. Je pense que si aujourd’hui les gens pensent que je suis mal organisé, c’est bien ; il faut reculer pour bien sauter. Mais Sofiano revient avec un autre visage, une autre personne. Ce n’est plus comme avant, le staff est mis en place, et Sofiano est bien organisé maintenant.



En parlant du nouveau manager, quelle est la nouvelle dynamique que vous voulez imprimer à votre carrière ?

Aujourd’hui, mon manager et mon staff visent loin. Beaucoup d’artistes ont une vision qui se limite au plan national. Après six ans de carrière, il faut viser plus loin, l’international. C’est vers là que mon manager et mon staff veulent me diriger. C’est en bonne voie, avec les featurings auxquels nous sommes déjà parvenus à réaliser. Le tube « Mina » avec Erikson le Zulu a fait et continue de faire un carton en Côte d’Ivoire. Aussi, dans la préparation de mon troisième album qui fait déjà la Une sur les réseaux sociaux, il y a de grosses surprises que je prépare pour mes fans.

Vous sentez-vous prêt pour aller à l’assaut du marché international ? N’est-il pas mieux d’asseoir une bonne base au Burkina d’abord ?

Je le dis, au plan national, je n’ai plus rien à prouver. Pour moi, ce n’est pas être star le problème. Quand tu es connu et que tu n’as pas de prestations, ce n’est pas la peine. Mais ce n’est pas mon cas actuellement, je me plains souvent avec mon manager, tellement le programme de prestations est chargé et je me sens fatigué.
Maintenant, il faut viser loin. Je suis prêt depuis la sortie de mon deuxième album. Avec le troisième qui arrive, je serai plus aguerri que jamais. Je suis prêt à travailler, les gens me conseillent et j’écoute. Avant j’étais adolescent dans la tête, je faisais de petites bêtises ; aujourd’hui Sofiano est bien rangé et cherche à faire décoller sa carrière.

Vous avez récemment fait un featuring avec l’artiste ivoirien Erickson le Zulu ; pourquoi un tel choix artistique ?

Quand on fait un featuring avec un artiste, c’est avant tout un partage. Ce n’est pas parce qu’il est une star ou qu’il me dépasse. C’est une façon de me mesurer à Erikson le Zulu qui n’est pas un petit artiste. Je me lance un défi et j’essaie de le relever. Tous les artistes en Côte d’Ivoire le respectent, mon feat avec lui a fait sensation à Abidjan. Les gens n’attendaient pas le retour de cet artiste sur la scène. Je l’ai fait venir de Paris où il vit avec sa famille, lui qui ne voulait plus entendre parler du showbiz.

Je n’ai jamais fait de featuring qui n’a pas cartonné. Maintenant, je dois me comparer à d’autres artistes pour avancer, et Erikson le Zulu, c’est quelqu’un qui a un feeling unique.

Juste après la sortie du single, je n’ai même pas eu le temps de faire la promotion. De l’Allemagne en Italie en passant par Abidjan, je n’ai même pas eu le temps, j’étais sollicité. Je suis arrivé il y a seulement sept jours ; donc plus de temps, le métier nourrit son homme, le fruit est mûr donc ça aboutit à quelque chose. Le son a cartonné et continue son chemin.

Votre comportement est souvent décrié surtout sur les réseaux sociaux et dans le domaine du showbiz. Pour certains acteurs, cela vous dessert énormément. En êtes-vous conscient ?

Aujourd’hui, la magouille de notre milieu a fait que je me suis mis au-dessus de certaines personnes et le combat que j’ai mené est en train de payer. Les jeunes talentueux doivent avoir une place, il ne faut pas qu’il y ait les mêmes têtes pendant dix ans qui sont toujours là. La musique, c’est une vague, il faut une évolution. Rien ne peut se faire sans l’évolution. Mais pourquoi regarder les artistes qui sont talentueux qui se battent et les dénigrer ? Se contenter de mettre en avant les grands, juste parce que vous avez votre pourcentage de « gombo » avec eux. Il faut savoir que partout l’élève avance et peut dépasser son maître. C’est une échelle, je n’ai jamais critiqué qui que ce soit, j’ai juste dit la vérité.

Ne pensez-vous que c’est aux jeunes talents eux-mêmes de travailler à se faire une place ?

Quand moi j’ai parlé à la presse, les gens ont dit que j’insultais les journalistes. Aujourd’hui, certains artistes demandent juste un million de vues sur YouTube. Ça doit venir avec la communication. Quand j’étais en Allemagne, j’ai vu l’engouement autour d’Ariel Sheney avec son tube « Amina ». J’ai vu des journalistes burkinabè qui ont partagé. Pourquoi ne pas publier pour certains artistes burkinabè pour qu’ils aient des millions de vues ? Comment on peut demander des vues à ses fans ? Les vues, c’est en fonction de ce que tu fais. Imagine si dix médias en ligne partagent tes vidéos, tu auras des millions de vues. J’estime que la presse au Burkina Faso ne s’engage pas assez pour les artistes.

Mais les journalistes agissent au nom du public. Quand on est talentueux, c’est le public lui-même qui réclame et le journaliste ne fait que satisfaire le public. Dans le cas contraire, quand on n’est pas talentueux, le journaliste ne peut rien imposer à un public qui, de plus en plus, a l’embarras du choix…

Prenons un exemple : dans une famille, quand on privilégie à chaque fois le petit-frère au grand-frère il y a toujours une division. Il ne faut pas se voiler la face, moi j’ai parlé et j’ai demandé pardon et c’est passé. Mais jusqu’à présent, il y a toujours des conséquences parce qu’il y a certaines personnes qui ne publient pas mes œuvres. L’essentiel est que le combat fut payant. C’est la vérité, j’aime les artistes qui se battent, je ne suis pas jaloux et hypocrite comme certains, j’apprécie les autres en fonction de leurs travaux.

Que faites-vous pour changer cette image de bad boy qui vous colle à la peau ?

On dit que quand les gens parlent de toi, c’est parce qu’ils te connaissent pas souvent. Quand le chien aboie sur quelqu’un, c’est parce qu’il ne connaît pas la personne. Personne n’a essayé de savoir qui est Sofiano. Au début de ma carrière, personne n’a dit que j’étais un gangster. C’est quand j’ai commencé à dire la vérité qu’ils ont trouvé que j’étais un gangster. Sinon avant, on voyait le monsieur bien habillé, cravaté, toujours tranquille dans son coin, qui ne parlait pas. Mais ce sont eux qui m’ont poussé à être ainsi. Qui est venu à Ouagadougou pour regarder les lampadaires ? Chacun est venu pour chercher pour lui, faire fortune dans son domaine, pour nourrir sa famille. On ne peut pas bloquer mon gain et dire que je ne peux pas en parler, c’est impossible.

Il y a une campagne actuellement sur les réseaux sociaux qui annonce un tube pour ces vacances. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Ablakadjigui ! Oui, c’est le son qui va bousculer assez de personnes. On a une nouvelle stratégie de travail. On a mis le son qui va bousculer tout le monde pendant les vacances, en featuring avec Serges Beynaud et s’est une exclusivité pour Lefaso.net. La sortie, c’est pour le 13 juin et le son va coloniser toutes les oreilles. Ce single annonce la sortie de mon album qui va s’intituler « Waouh ».

Pourquoi « Waouh » ?

Je ne dois pas dire ça, mais je crois que c’est le meilleur album que j’ai réalisé. C’est comme si je venais dire à mes fans : voici ce que je vous propose ; un album de dix titres, donc dégustez !

Quelles sont vos perspectives ? Dans cinq ans vous vous voyez à quel niveau dans votre carrière ?

Je pense qu’avec mon staff, dans cinq ans, Sofiano sera connu à l’international. Cinq ans même c’est trop ; trois ans tout au plus.

À combien s’élève votre plus gros cachet ?

Mon plus gros cachet fait 3 000 euros en francs CFA, soit environ 1 million 900 mille.

Côté jardin, quel est votre genre de femme ?

Personnellement, je n’ai pas de genre en particulier, mais je préfère les femmes naturelles. Malheureusement, de nos jours, beaucoup de femmes font tout pour avoir des fesses, des seins, des bassins. Il faut être naturel, c’est un art que les femmes n’ont pas compris… La manière dont Dieu t’a créée, reste ainsi. La femme est un être qu’on doit magnifier, mais ce sont nos sœurs qui nous découragent. Je suis allé partout, mais la femme africaine, il n’y a pas son deux.

Interview réalisée par Cheik Tiga Sawadogo
Lefaso.net

https://www.youtube.com/watch?v=ddKgn8H80x4

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