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Réforme du contrôle public : Les inspecteurs des finances s’approprient les nouvelles techniques

Publié le mardi 4 juin 2019 à 16h30min

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Réforme du contrôle public : Les inspecteurs des finances s’approprient les nouvelles techniques

Cofinancé par l’Union européenne et l’État burkinabè, le Programme d’appui à la gestion publique et aux statistiques (PAGPS) entend améliorer les politiques publiques et la gestion des moyens de l’État. Dans le cadre dudit programme, le ministère de l’Économie, des Finances et du Développement a procédé, ce lundi 3 juin 2019, au lancement des activités de renforcement des compétences des inspecteurs des finances.

Le renforcement des capacités en matière de contrôle de la gestion publique et la lutte contre la corruption figurent parmi les résultats prioritaires du Programme d’appui à la gestion publique et aux statistiques (PAGPS). Et pour atteindre ces résultats, le PAGPS appuie les organes de contrôle, dont l’Inspection générale des finances (IGF), à travers une série d’activités.

D’où la présente rencontre qui vise à outiller les inspecteurs des finances publiques sur la détection de la fraude dans les marchés publics, la comptabilité générale suivant le SYSCOHADA, l’audit basé sur les risques, l’audit de performance et la Gestion axée sur les résultats. « Le renforcement de compétences des inspecteurs des finances vise à conformer le contrôle public aux normes internationales et aux directives de l’UEMOA introduites en 2009, et relatives à la gestion et au contrôle public. Elle vise également la bonne mise en œuvre de l’approche budget-programme », a noté la ministre déléguée chargée du Budget, Edith Clémence Yaka.

Dans la pratique, Edith Clémence Yaka explique qu’il s’agit de relever le niveau de compétences des inspecteurs financiers afin qu’ils puissent s’adapter à la transformation. « En matière d’audit et d’inspection, il faut toujours être à la hauteur des mutations qui se font également au niveau des fraudes pour mieux les appréhender et rendre compte aux citoyens qui attendent qu’on puisse leur dire ce qui est fait de l’argent public », a-t-elle indiqué.

Et puisque les inspecteurs ont un rôle important à jouer dans le processus de réforme du budget-programme, madame Yaka souligne qu’au titre des reformes, figure la question importante de la réforme du contrôle qui permettra de moduler le contrôle a priori. « Le contrôle a priori ralentit l’exécution du budget -programme et la réforme dudit budget va permettre aux inspecteurs techniques de nous aider dans un contrôle a posteriori efficace qui va permettre aussi d’alléger le contrôle a priori », a-t-elle annoncé.

L’inspectrice générale des finances, Jacqueline Lompo, pour sa part, a relevé que le nouveau cadre de gestion des finances publiques consacre désormais une gouvernance financière de l’État fondée sur la gestion axée sur la performance et reposant sur des instruments modernes de gestion. Ainsi, elle soutient que le budget-programme consacre désormais la responsabilité des gestionnaires pour la conception, la mise en œuvre et le suivi du budget à travers un dispositif solide de contrôle interne, de contrôle de gestion et d’audit. « Nous sommes en plein processus de réforme, et qui dit reforme dit renforcement de capacités et de compétences », a dit jacqueline Lompo.

Puis de poursuivre : « Pour pouvoir faire un contrôle efficace, il faut de nouveaux outils et il était bon que nous puissions nous les approprier pour pouvoir faire un contrôle dans les règles de l’art et pouvoir faire de sorte que l’obligation de rendre compte soit effective et que le citoyen soit satisfait de la gestion des fonds publics ».

La réforme des corps de contrôle, une nécessité


Au Burkina, estime le chef de la coopération de la délégation de l’Union européenne au Burkina Faso, Thierry Barbe, la fonction de contrôle habituellement pratiquée dans les principaux corps de contrôle doit évoluer dans le nouvel environnement des finances publiques. Et si le dernier diagnostic 2017 des dépenses publiques et de la responsabilité financière (PEFA : Public Expenditure and Financial Accountability) pour le Burkina mentionne que les activités d’audit de l’ASCE-LC et de l’IGF répondent aux normes nationales et aux standards internationaux , le chef de la délégation de l’Union européenne soutient que ledit rapport indique que les structures de contrôle actuelles au Burkina (ASCE-LC, IGF, inspections dans les ministères sectoriels et inspections techniques de la DGTCP, de la DGI et la DGD) ne réalisent essentiellement que des audits de conformité et de régularité ; les activités de performances étant très limitées. Aussi, poursuit-il, il n’existe pas de processus d’assurance qualité formellement établi pour l’Autorité supérieure du contrôle d’Etat (ASCE-LC) et l’IGF.

D’où l’espoir qu’il fonde sur la réforme du corps de contrôle engagée depuis 2015. « Aujourd’hui, nous sommes à l’étape de mettre en place un groupe de travail tripartite (corps de contrôle, ministère des Finances, ministère de la Fonction publique) pour essayer d’aplanir les divergences parce qu’il y a des compréhensions différentes selon que l’on regarde l’ensemble de la question ou que l’on regarde la question du point des finances », a expliqué le contrôleur général d’État, Luc Marius Ibriga. Et d’ajouter : « Il s’agit d’une réforme importante et lorsqu’on rentre dans le budget-programme et que l’audit interne n’a pas véritablement lieu dans nos ministères, c’est un risque très important que l’on court par rapport à la gestion de l’argent public ».

Précisant que les inspecteurs des finances sont les collaborateurs directs de l’ASCE-LC, Luc Marius Ibriga confie que la présente formation est une aubaine pour son institution qui, dans le passé, a eu à être associée à ces acteurs à d’autres formations. « Aujourd’hui, nous n’avons que 24 contrôleurs d’État et il nous arrive souvent de confier nos missions à l’Inspection générale des finances. Récemment, nous avons conduit ensemble l’audit N-1 de la gestion 2018. On peut dire que c’est l’antichambre de l’ASCE-LC », a-t-il conclu.

Notons qu’au titre de l’année 2019, environ 173 millions de francs CFA seront mobilisés par le PAGPS pour accompagner les organes de contrôle. Le coût total du programme étant de 10 650 160 000 F CFA.

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

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