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« Nous avons été sages jusqu’à aujourd’hui, mais attention… », avertit le président de mois des Centrales syndicales, Yamba George Koanda

Publié le mardi 21 mai 2019 à 17h45min

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 « Nous avons été sages jusqu’à aujourd’hui, mais attention… », avertit le président de mois des Centrales syndicales, Yamba George Koanda

Après une parenthèse de deux ans, la rencontre annuelle gouvernement/syndicats est reprise ce mardi, 21 mai 2019 à Ouagadougou. Prévue pour s’étendre jusqu’au 26 mai, la concertation va, essentiellement, se dérouler autour des engagements pris par le gouvernement lors des précédentes assises. Dès l’ouverture, le mouvement syndical n’est pas allé de mots masqués pour dénoncer l’attitude du gouvernement « qui évoque régulièrement le dialogue social et fait le contraire dans la pratique ».

Le Premier ministre, Christophe Dabiré, rassure d’ores et déjà que le gouvernement mettra tout en œuvre pour veiller au respect des engagements, selon les moyens disponibles. Il se félicite de la mise en œuvre de certains engagements par le gouvernement, notamment le décret 2017 portant tableau de reversement des agents de la fonction publique de l’Etat en vue de corriger les récriminations faites au reversement, l’arrêté 2017 portant extension de la convention collective des transporteurs routiers et l’arrêté 2017 portant fixation des montants et des conditions d’allocation des indemnités allouées aux assesseurs des tribunaux du travail.

« Au cours de l’histoire de notre pays, vous avez toujours eu le souci constant de lutter, d’une part, pour la justice sociale, l’équité et l’égalité de traitement de tous les citoyens, conformément aux dispositions de l’article 19 de la Constitution, et d’autre part, pour la promotion de la démocratie en vue de la construction d’une société de paix », a scruté Christophe Dabiré pour qui, le dialogue social se veut un moyen de promotion et de consolidation des acquis démocratiques.

Pour le Premier ministre, la présente rencontre se tient dans un contexte marqué par une crise sécuritaire et de multiples revendications sociales, interpellant tout le monde sur le sens du compromis qui tient compte de l’intérêt général.

« Nous observons que depuis 2017, le gouvernement ne s’est plus préoccupé de rencontrer les organisations des travailleurs, alors que les autres rencontres (le secteur privé, les paysans, les jeunes, etc.) se sont régulièrement tenues. Nous estimons que les travailleurs et leurs organisations méritent plus de considération, ne serait-ce que pour notre contribution à l’échec du putsch de 2015 du RSP, qui a permis le rétablissement de l’ordre constitutionnel et l’élection du pouvoir MPP à la présidence du 29 novembre 2015. Notre indignation est d’autant plus grande que des demandes d’audience introduites par l’Unité d’action syndicale sont restées sans suite. Le manque de considération à l’endroit du mouvement syndical s’est encore illustré, tout récemment, par le report de la présente rencontre prévue initialement pour le 20 (mai 2019), sans aucune explication. Par ailleurs, nous observons que le gouvernement a foulé au pied, les engagements pris avec les organisations syndicales ; le cas de l’IUTS (Impôt unique sur le traitement des salaires) prélevé sur les primes et indemnités servies aux travailleurs du privé et des établissements publics et para-publics de l’Etat est illustratif de cette attitude contraire à l’esprit du dialogue social tant chanté par le gouvernement. En effet, surprises de constater que le gouvernement a fait inscrire le prélèvement de l’IUTS sur les primes et indemnités servies dans le public dans la loi de finances 2017, sans aucune concertation préalable avec les organisations syndicales sur cette question qui faisait pourtant l’objet de discussions entre les deux parties. L’UAS avait été contrainte d’évoquer cette question comme préalable lors de l’ouverture de la dernière rencontre gouvernement/syndicats le 24 janvier 2017. Comment construire dans ces conditions, un dialogue crédible et fécond ? Je crois qu’en termes de dialogue social, il y a des éléments élémentaires à observer à savoir la considération mutuelle des parties prenantes à ce dialogue social et aussi le respect mutuel », a exposé le président de mois des Centrales syndicales, Yamba George Koanda.

D’autres dossiers tiennent à cœur le mouvement syndical. Il s’agit entre autres du Code du travail et du « check-off ».

« En tout état de cause, pour protester contre l’attitude du gouvernement, qui évoque régulièrement le dialogue social et fait le contraire dans la pratique, l’UAS exige comme préalable à l’examen du cahier de doléances de 2017, le traitement de la question relative à l’UTS … (…). La question de l’IUTS a été un préalable en 2017, et deux ans après, il n’y a toujours rien. Je veux bien croire à la bonne foi du gouvernement, mais comme on le dit, on ne piétine pas deux fois la chose de l’aveugle. Pour nous, aujourd’hui, c’est soit on résout cela soit il n’y a pas de discussions ; parce que rien ne sert de s’asseoir, de prendre des engagements si on sait qu’on ne va pas les respecter. (…). Nous avons assez des engagements qu’on prend et qu’on ne respecte pas. Il faut apprendre à respecter le mouvement syndical. Nous avons été sage jusqu’à aujourd’hui, mais attention…, quand vous tapez la joue gauche et on donne la joue droite, vous tapez et la personne ne dit rien, faites attention et je pense que si vous êtes malin, il faut commencer à courir », a rapporté le président de mois des Centrales syndicales, Yamba George Koanda.

Sur ce « préalable » soulevé par les partenaires, le Premier ministre, à l’issue de la cérémonie d’ouverture, explique : « Pour pouvoir répondre, il faut que l’on échange d’abord sur le contenu de la préoccupation ; qu’est-ce qui les préoccupe, qu’est-ce qui n’a pas été fait, qui en est responsable et à partir de là, on peut donner une réponse précise au préalable ».

De l’avis de M. Dabiré, dans une rencontre de ce genre, il ne devait pas y avoir de préalable à l’ouverture des travaux. « Les préalables sont conçus pour organiser les débats et faire en sorte qu’ils soient fluides. Mais, si le préalable est un engagement de la part de l’autre partenaire, ça veut dire que c’est un point qui doit être reversé dans les débats, de manière à ce que chacune des parties puisse avancer ses arguments, développer son point de vue, à l’issue desquels on tire une conclusion pour permettre de lever le préalable. Mais à défaut d’avoir engagé le débat, une des parties ne peut pas, d’autorité, dire voici la réponse que je donne à votre préalable ; parce que nous n’avons pas encore échangé sur la consistance de ce préalable et sur la manière dont il peut être levé », a réagi le Premier ministre, rassurant en outre que le gouvernement est en train de travailler à ce que l’appel à la trêve du président du Faso soit une réalité.

Cette rencontre se tient au premier jour de la grève de 96 heures du Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) et le Premier ministre dit espérer que ce mouvement n’aille pas jusqu’à son terme car, « nous sommes toujours en discussions avec eux (les grévistes, ndlr), et c’est pour montrer la bonne volonté du gouvernement d’aller dans la bonne direction ».

OHL
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 21 mai 2019 à 18:22, par Un Burkinabê En réponse à : « Nous avons été sages jusqu’à aujourd’hui, mais attention… », avertit le président de mois des Centrales syndicales, Yamba George Koanda

    Si j’étais le gouvernement je ne rencontrerai plus les syndicats parce qu’ils n’ont pas les mêmes objectifs que l’exécutif. Le Premier Ministre doit avoir comme objectif de rendre les conditions de vie plus faciles pour chaque Burkinabê et non pour seulement 200.000 fonctionnaires. Et pour ce faire la solution est simple et même très simple.

  • Le 21 mai 2019 à 18:33, par la vérité En réponse à : « Nous avons été sages jusqu’à aujourd’hui, mais attention… », avertit le président de mois des Centrales syndicales, Yamba George Koanda

    C’est inconcevable de prendre des engagements et ne pas les respecter. Mieux vaut ne pas prendre ces engagements si on sait que l’on est pas à mesure de les respecter. Il faut établir le dialogue permanent qui permet de résoudre les problèmes sur le fonds. Tout le monde est conscient que tout ne peut pas se résoudre en une seule journée mais s’il n’ y a pas de dialogue c’est la porte ouverte aux grèves à répétition. Nos chers gouvernants doivent savoir écouter les partenaires sociaux qui donnent une indication sur le thermomètre de la société. Si le mercure monte, il faut le faire baisser et ce n’est que par la concertation permanente, l’écoute active dans la bonne foi qu’on peut y arriver.

    • Le 21 mai 2019 à 23:04, par Nobga En réponse à : « Nous avons été sages jusqu’à aujourd’hui, mais attention… », avertit le président de mois des Centrales syndicales, Yamba George Koanda

      Si vous prenez l’engagement à la banque de rembourser votre prêt contracté et on vous licencie parce votre entreprise est en cessation de paiements et doit fermer, je pense que votre engagement pris avec la banque doit être renégocié.
      De la même manière, le gouvernement a pris des engagements et se trouve confronté à un grave problème de terrorisme à résoudre. C’est parce que la situation n’est pas encore chaotique que vous parlez d’engagement. Souhaitons que Dieu protège tous les burkinabé et apporte la paix et la sécurité d’abord. Sinon bander les muscles que c’est parce que vous êtes sages ne servira à rien. Cette sagesse c’est pour le bien de tous, y compris vous-même !
      Nobga

    • Le 22 mai 2019 à 08:29, par Pas En réponse à : « Nous avons été sages jusqu’à aujourd’hui, mais attention… », avertit le président de mois des Centrales syndicales, Yamba George Koanda

      Vérité, je ne suis pas d’accord avec vous. Le gouvernement est irresponsable je le conçois mais cela n’est pas une raison de pousser le pays dans le précipice. Ce précipice, il est financier, sécuritaire et sociale et nous resterons tranquille si nous savions la distance à laquelle nous nous trouvons de ce gouffre. Le gouvernement est irresponsable mais l’action des syndicats ne nous éloignent pas du délitement de notre pays. Leurs revendications relèvent d’une période de paix or nous somme théoriquement et pratiquement en conflit armé. Il suffit que le front de l’Est se réveille et celui de l’Ouest se ravive et au revoir le Burkina. Quand tout s’écroulera, l’histoire pointera le gouvernement mais aussi les syndicats.

  • Le 21 mai 2019 à 18:54, par dosso En réponse à : « Nous avons été sages jusqu’à aujourd’hui, mais attention… », avertit le président de mois des Centrales syndicales, Yamba George Koanda

    Je pense que cette question d’IUTS a été réglée avec l’adoption de la loi de finance 2019. Les FC et différentes primes de motivation du MINFID ne sont pas assujetties à l’IUTS, alors dans le privé, toutes les primes sont taxées. ce qui n’est pas normal, la loi doit être applicable à tout le monde. Nous sommes dans un état voyou.

  • Le 21 mai 2019 à 22:06, par Sergent-Revolutionnaire En réponse à : « Nous avons été sages jusqu’à aujourd’hui, mais attention… », avertit le président de mois des Centrales syndicales, Yamba George Koanda

    Voici ma proposition pour éradiquer les grèves tous azimuts et pernicieuses au Burkina Faso :
    1. Repartir sur de nouvelles bases en remettant tout à plat notamment ceux qui émargent au budget de l’Etat,
    2.traiter de manière égalitaire, juste et raisonnable tous les fonctionnaires de telle sorte qu’à diplôme égal, salaire égal.
    3. revoir les indemnités et avantages pécuniaires de tous les corps pour les réajuster afin que cela ne dépasse pas le salaire net de l’agent et que également cela ne constitue pas plus de 25% de son salaire net (indemnité y compris). Par conséquent, revoir la prime de motivation de telle sorte qu’elle ne dépasse pas les 25% du salaire net mensuel de l’agent dans sa catégorie ;
    4. plafonner les indemnités dans tous les corps à 4 et octroyer une indemnité spécifique (vestimentaire ou de carburant) à chaque fonctionnaire,
    5.Augmenter le salaire de base de tous les fonctionnaires de 50% avec effet immédiat le mois suivant la prise du décret et promettre au bout de 03 ans, une autre augmentation de 50%.
    6. Retirer le droit de grève à la santé, au corps militaire et paramilitaire, aux magistrats et auxiliaires de justice sous peine de licenciement ;
    7.interdire toute grève visant la manne financière et ouvrir des listes soit pour les éventuels démissionnaires (les mécontents de la mesure de redressement) soit pour les éventuels licenciements (pour ceux qui iront en grève parce que mécontent de la mesure),
    8. Préciser à l’ouverture des concours les taches et contraintes exigées pour postuler à l’emploi et, à l’admission, avant la formation, exiger un contrat signé (de commun accord) de respecter les clauses sous peine de sanctions pouvant aller au licenciement ;
    9.Cultiver et faire la promotion de l’esprit du sacrifice et primer cela au sein de l’administration,
    10.Controler l’assiduité et la ponctualité des agents à travers un dispositif électronique sophistiqué et sanctionner les indélicats (coupure à la source selon le prorata d’heures manquées au service par mois) ;
    11.promouvoir les formations continues dans l’administration et encourager l’excellence ;
    12. imposer aux ministres une tournée au moins dans l’année dans les différents services relevant de son département pour toucher du doigt les réalités de ses agents et connaitre ses collaborateurs,
    13.anticiper sur les revendications en proposant des mesures sociales et facilitatrices pour le monde du travail....
    14. combattre la corruption, la concussion, le favoritisme, les harcèlements sexuels, les détournements de biens et de deniers publics ainsi que l’immoralité dans les administrations publiques en instaurant une sorte de milice légale (la police civile d’enquêteur) et permettre de doter les administrations de hyper camera de surveillance...
    Quelques ingrédients, inchalla, qui pourra résoudre ,un temps soit peu, les maux que nous vivons au quotidien..

  • Le 22 mai 2019 à 06:28, par Dokouza En réponse à : « Nous avons été sages jusqu’à aujourd’hui, mais attention… », avertit le président de mois des Centrales syndicales, Yamba George Koanda

    M. Nobga, vous dites que le gouvernement est confronté au terrorisme et ne peut pas honorer ses engagements. Pourtant le même gouvernement à les moyens pour renouveler le parc automobile des ministres. Quel paradoxe !!

  • Le 22 mai 2019 à 08:15, par Saw En réponse à : \xab Nous avons \xe9t\xe9 sages jusqu\u2019\xe0 aujourd\u2019hui, mais attention\u2026 \xbb, avertit le pr\xe9sident de mois des Centrales syndicales, Yamba George Koanda

    Sergent belles propositions. Mais tu as carrément oublié le privé. Donc nous on est pas burkinabè quoi ? Voyez vous tous les corps professionnels du privé sont bien structurés même les grossistes de bois communément appelé wonb raado. Et toutes ces structures pensent à tord ou à raison que le gouvernement travaille pour le bonheur des fonctionnaires.

  • Le 22 mai 2019 à 08:53, par Minnayi En réponse à : « Nous avons été sages jusqu’à aujourd’hui, mais attention… », avertit le président de mois des Centrales syndicales, Yamba George Koanda

    Personnellement, j’ai toujours dénoncé cette attitude du Gouvernement. Souvent je me demande s’il fait exprès pour énerver le mouvement syndical ou bien s’il est de bonne foi et donc par incompétence.

    Tous les jours, le Gouvernement parle de dialogue social mais dans les faits, son attitude contraste avec cela. On diabolise les syndicats et après on court pour négocier, c’est vraiment ridicule. Pourtant, ceux qui sont au pouvoir actuellement connaissent très bien les organisations syndicales burkinabè, notamment en termes de cohérence dans leur lutte et surtout leur témérité.

    Comment se fait-il que le dialogue Gouvernement-syndicats ne s’est tenu depuis deux (2) ans ?

  • Le 22 mai 2019 à 09:23, par garkou En réponse à : « Nous avons été sages jusqu’à aujourd’hui, mais attention… », avertit le président de mois des Centrales syndicales, Yamba George Koanda

    Ce syndicaliste du mois est vraiment zélé, il parle comme si c’est lui qui a mis le gouvernement en place, tout énervé comme si c’est sa femme qui l’a trompée. Un peu de respect pour un gouvernement légitime, vous êtes qui pour vous comportez comme cela devant les cameras. Il y a 16 millions de Burkinabe, OK ? Les journalistes donnent plus de temps aux syndicats qu’ au Premier ministre, c’est incroyable. Quand les engagements ont été pris es ce qu’il y avait terrorisme ? Laissez votre malin de coté

  • Le 22 mai 2019 à 10:03, par Wedmous En réponse à : « Nous avons été sages jusqu’à aujourd’hui, mais attention… », avertit le président de mois des Centrales syndicales, Yamba George Koanda

    Vendons le pays et on se partage l’argent et chacun se gère. Sinon au regard des problèmes d’insécurité que nous vivons aujourd’hui je ne vois qui dans ce pays peut satisfaire à toutes ces revendications qu’elles soient légitimes ou pas. Comme nous n’aimons pas notre pays, vendons le et tout le monde sera en paix.

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