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Métiers d’ingénieur : 2iE veut briser les stéréotypes sur la performance des femmes

Publié le dimanche 19 mai 2019 à 19h00min

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Métiers d’ingénieur : 2iE veut briser les stéréotypes sur la performance des femmes

A l’occasion de l’année du cinquantenaire et de la célébration du 8 mars, l’Institut international d’ingénierie, de l’eau et de l’environnement (2iE) a abrité une rencontre sur le dialogue des générations sur la femme ingénieure. Cette activité, première du genre, s’est déroulée le samedi 18 mai 2019. Pour des raisons de calendrier, le ministre en charge de l’enseignement supérieur, Pr Alkassoum Maïga, s’est fait représenter par la directrice générale du FONER, Marie-Thérèse Arcens Somé. Etait également présent le ministre des Mines et des carrières, Oumarou Idani. La rencontre devrait permettre de jeter les bases d’une feuille de route pour améliorer la promotion du genre au sein de l’institut 2iE.

Au Burkina Faso, moins de 30% des chercheurs sont des femmes. Ce ratio a un impact sur la qualité de la recherche, l’innovation et l’émancipation des femmes. Il serait donc opportun et intéressant de se pencher sur la question suivante : Comment accélérer cette féminisation des métiers de l’ingénieur ? C’est pour répondre à cette question que l’Institut international d’ingénierie, de l’eau et de l’environnement (2iE) a proposé, dans la prolongation de la commémoration du cinquantenaire de l’institut et à l’occasion de la célébration du 8 mars, un dialogue intergénérationnel sur la femme technicienne et ingénieure.

A l’occasion, un panel d’alumni formées sur les 50 ans (1970, 1980, 1990, 2000, 2010) a été réuni pour un moment d’échanges et de partage d’expériences avec plus de 300 étudiants et lycéens, dont 60% des femmes.

La philosophie qui sous-tend l’organisation du premier dialogue intergénérationnel, selon le directeur général de l’Institut, Pr Mady Koanda, est d’« accroitre la notoriété de 2iE dans le sens où on pourrait ainsi mieux connaitre le passé et préparer l’avenir. Les anciens qu’on appelle généralement les alumni ont une expérience à partager. Ils ont une connaissance du terrain qu’il faut faire connaitre aux jeunes.

Les plus jeunes ont également des idées novatrices. En général, les innovations permettent de pouvoir aller beaucoup plus loin. Et les anciens sont capables de les aider et les guider ». C’est avec une grande satisfaction que Pr Koanda a annoncé que 2iE a fait une forte performance en ayant près de 27% de filles dans ses effectifs. « Ce n’est évidemment pas 50% mais vous comprendrez qu’une comparaison même au plan international, ce chiffre est relativement flatteur », poursuit-il.

En 50 années d’existence, ce sont près de 7000 étudiants, dont environ 999 étudiantes, que 2iE a formés. Au regard de ce pourcentage, les premiers responsables ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Mieux, des dispositions sont prises, tant en termes d’infrastructures que d’environnement, pour les lycéens qui veulent embrasser le métier d’ingénieur. L’annonce a été faite par le Pr Koanda. « Nous créons les conditions favorables pour l’exercice du métier d’ingénieur par les femmes dans leur formation et dans leur insertion sociale.

Nous faisons également des activités de promotion telle que l’activité d’aujourd’hui pour encourager les filles à y entrer et à y demeurer pour pouvoir être plus tard des ingénieurs femmes confirmées, talentueuses à l’égal des hommes », ajoute-t-il, avant d’adresser ses sincères remerciements aux partenaires techniques et financiers telle que la Coopération suisse qui a permis à une dizaine de filles d’entreprendre les études d’ingénieur jusqu’à l’obtention de leur diplôme. « On dira 10 c’est petit. Mais 10 c’est extrêmement important pour 10 filles qui n’auraient pas pu continuer alors qu’elles avaient les capacités », a-t-il fait remarquer.

L’équilibre homme/femme notamment dans l’enseignement supérieur est cher aux yeux du ministre Alkassoum Maïga. A titre illustratif, dans son ministère, il s’accorde toujours à mettre les femmes à des postes stratégiques parce qu’il reconnait les capacités de ces dernières, a confié la directrice générale du FONER, qui s’exprimait en son nom. Se prononçant sur les obstacles qui handicapent les femmes dans les domaines scientifiques et de l’ingénieur, Marie-Thérèse Arcens Somé a affirmé que les pesanteurs socio-culturelles restent inflexibles.

Parcours d’une alumni

Astou Faye Fall a suivi une formation à l’Ecole des ingénieurs en équipement rural (EIER), actuel 2iE, en 1980. « Pendant trois ans j’ai été seule avec les garçons. Ce n’est qu’à la quatrième année, qu’une autre m’a rejointe. (…) Il faut dire que les garçons ne nous aident pas beaucoup. Dès que je suis arrivée ils ont dit est-ce qu’elle sera à la hauteur ? » A-t-elle témoigné. Cela ne l’a pas déstabilisé.

À force de persévérance, elle obtient avec brio son diplôme, devenant ainsi la première femme ingénieure de l’EIER. Après les études supérieures, elle se lance dans la vie professionnelle. Elle force l’admiration par son parcours. « J’ai fait une carrière de plus de trente ans dans l’administration, dans différentes fonctions. Des fonctions qui m’ont permis de sortir un peu de l’ombre et de m’épanouir », a confié Mme Fall. Ce parcours exaltant, elle le doit à son père qui l’a poussé à embrasser « le métier dit d’homme, qui est un métier ou on parle beaucoup d’eau ».

Depuis 2011, elle est remise « à ses parents pour emploi », mais elle est restée active. « J’ai continué à collaborer avec des agents du ministère surtout l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal ». Depuis trois ans, elle est « restée à la maison » et se dit très épanouie. La pionnière en ingénierie n’a pas manqué d’encourager ses filles et petites filles à embrasser ce métier, car « c’est un métier noble et très proche de Dieu ».

Sidibé Aïssata Laure G.
Lefaso.net

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