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Terrorisme au Burkina : « Il faut siffler le grand rassemblement » (SG d’association)

Publié le jeudi 16 mai 2019 à 14h14min

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Terrorisme au Burkina : « Il faut siffler  le grand rassemblement » (SG d’association)

« Yirgou, Aribinda, Dablo ou les hublots qui nous donnent de voir la nécessité urgente d’une cohésion sociale et d’un rassemblement général ». Telle est la conviction de Lébouré Crépin Zanzé, Secrétaire général de l’Association pour la tolérance religieuse et le dialogue interreligieux (ATR/DI), déclinée dans la déclaration ci-après.

Se livrer à un exercice récapitulatif des tueries perpétrées par ces forces du mal qui ne cessent d’endeuiller chaque instant le pays des hommes et de des femmes intègres, c’est contribuer indirectement à permettre à ces individus qu’ils soient de quelque bord que ce soit, de voir leurs ignominies, bassesses, exactions funestes et macabres, de bénéficier d’une publicité gratuité, de s’enorgueillir d’une bravoure diabolique et de se vanter d’un d’héroïsme de mauvais aloi.

Au moins si nos bourreaux ne sont pas identifiés, (à supposer qu’ils ne le soient pas vraiment) les victimes que nous sommes tous, c’est-à-dire les fils et filles de ce Burkina Faso, nous sommes désormais rassurés qu’il n’y a pas de cible prédéfinie. Il suffira de se retrouver sur le chemin de ses cavaliers de la terreur et des horreurs pour se faire faucher sauvagement la vie. Ils ont, les tueurs, passé en revue toutes les couches (ou presque toutes) de la société burkinabè. Voici un signal fort donné pour une cohésion sociale sans faille.

C’est en effet vrai. « La cohésion sociale est due en grande partie à la nécessité pour une société de se défendre contre d’autres » disait Henri Bergson. Forces de défense et de sécurité, civils, chefs coutumiers, leaders religieux (imams, pasteurs, prêtres) et fidèles, personne n’est épargné. Peut-être les premières autorités jusqu’alors sont à l’abri des coups physiques. Mais jusqu’à quand et sont-elles à l’abri de l’effet psycho-traumatique ?

Apprenons de l’histoire sinon l’exacerbation de la situation nous y obligera tôt ou tard

On peut ne pas être d’accord avec l’autre et reconnaître ses valeurs, ses compétences, et accepter son indispensabilité à un moment donné.
On peut ne pas savoir qui nous sommes et demander à ceux d’en face de nous aider à recouvrer notre identité.

On peut demander à celui à qui on a fait du tort hier, de nous accorder son pardon et de nous prêter son expertise.

On peut également accorder à autrui notre pardon sans qu’il ait besoin de le demander.

C’est en tout cas ce que Dieu, croyons-nous, passe le temps à faire.
De l’histoire de ce monde, nous apprenons que les uns et les autres sont parvenus à se mettre d’accord pour faire face aux hordes nazies, pour dire non à la Shoah, bien que ne partageant pas les mêmes idéologies. De cette coalition dont les membres avaient des orientations idéologies différentes voire différentes et contradictoires, on a fait des forces herculéennes qui ont mis en déroute les hordes hitlériennes de fort belle manière.

C’est l’heure du grand rassemblement

Il faut siffler donc le grand rassemblement, le général. Il n’est plus question de militaire, ou de paramilitaire. Encore moins de gendarmes, d’artilleurs, de cavaliers, d’intendants, d’infirmiers, d’hôteliers, d’eaux et forêts, de douaniers, de policiers municipaux. Pas même de civils, de journalistes, de politiciens…tous doivent être des soldats en déplacement en tout temps et en tout lieu. Il ne devrait plus y avoir de place pour les rumeurs malveillantes et démobilisatrices aussi bien dans les rangs de nos FDS que dans la vie civile. C’est un devoir pour contribuer à protéger nos concitoyens dans tous les coins et recoins du pays et à nous préparer à toute éventualité car le crépitement des armes ne fait pas de distinguo.

Le Burkina Faso, quoiqu’on dise aujourd’hui, est engagé dans une dynamique de vivre-ensemble et tous nous devons être debout. Aux autorités, quelles qu’elles soient (religieuses, traditionnelles, administratives, militaires et politiques), il revient de travailler au retour d’une paix durable, d’une vraie paix durable, l’une des conditions importantes pour que chacun vive sa foi, pratique sa culture, exerce sa profession et œuvre pour une gouvernance vertueuse de la cité.

Les garants de nos valeurs morales, c’est douloureux de le dire, sont les autorités coutumières, traditionnelles, religieuses. L’action des politiques s’inscrit dans une autre dimension : amélioration des chiffres en termes de développement économique, d’accès aux services sociaux de base… Bien qu’elle ne remette pas en cause les valeurs morales africaines, elle n’en fait pas non plus la promotion ou en tout cas ne le fait pas suffisamment. En conséquence, ce serait un leurre que prétendre faire face aux extrémistes violents sans s’attaquer au mal à la racine. Pour arriver à extirper ce mal qu’est la radicalisation, l’extrémisme violent et son corollaire le terrorisme, toutes les couches sociales doivent être associées et doivent s’y impliquer.

Par exemple, les caravanes d’artistes, (musiciens, peintres, sculpteurs…) de sportifs, d’hommes et de femmes politiques, de leaders d’opinion, de religieux, de coutumiers, d’étudiants, d’élèves…en collaboration avec les forces de défense et de sécurité et les médias peuvent constituer un puissant moyen de sensibilisation et de conscientisation contre cette hydre odieuse.

Lébouré Crépin ZANZE

Secrétaire général de l’Association pour la tolérance religieuse et le dialogue interreligieux (ATR/DI)

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