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Humour : Lajaguar, l’homme qui allie études et humour

Publié le mercredi 1er mai 2019 à 22h30min

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Humour : Lajaguar, l’homme qui allie études et humour

Lajaguar, à l’état civil Wendyam Séverin Yaméogo, est un humoriste qui écume les scènes du Burkina Faso. Dans cette interview qu’il nous a accordée ce lundi 29 avril 2019, il nous raconte comment il est arrivé dans le métier. Il nous parle également de ses ambitions. À 27 ans, l’homme qui se compare au félin des grandes forêts est présentement étudiant en 3e année communication d’entreprise. Entretien !

Lefaso.net : Présentez-vous aux lecteurs de Lefaso.net.

Lajaguar : Je suis Wendyam Séverin Yaméogo, alias Lajaguar. Je suis un artiste humoriste burkinabè. Je suis né en 1992 à Soubré en République de Côte d’Ivoire. Je suis rentré au pays en 2000 pour poursuivre mes études secondaires. J’ai obtenu mon baccalauréat en 2014.

Votre nom d’artiste fait référence à un animal sauvage. Qu’est-ce qui vous a inspiré ?

D’abord, c’est un nom qui me fascine beaucoup. Une fois, je suivais un documentaire sur l’animal. C’était un félin qui vivait dans l’Amazonie. Quand j’ai suivi ce film, on parlait un peu de ses qualités. Tout ce qu’on citait sur l’animal, je me retrouvais dedans. L’animal le plus rapide de la jungle, l’animal le plus féroce de la jungle, l’animal le plus patient de la jungle…

Monter sur scène chez un humoriste, c’est pour faire rire le public. Pour cela, il faut de l’inspiration. Quel est donc votre secret ?

Je ne cherche pas loin. C’est tout ce qui se passe autour de moi. Je fais de l’humour social. Tout ce qui a trait à la vie sociale de l’homme, quel que soit le type de sujet, on est dedans. Je m’inspire beaucoup de tout ce qui se passe autour de l’actualité pour écrire. Il y a des situations où il faut un humoriste pour relater les choses. Cela soulage la population. Une personne normale qui n’est pas forcement humoriste ne peut pas venir tenir un certain nombre de propos. Mais l’humoriste, lui, il a cette possibilité de parler de certaines choses mais d’une manière ironique. Il va donc amener les gens à rire. Mais celui qui réfléchit sait qu’au fond, c’est un message qui est en train d’être passé.

D’aucuns disent que le milieu artistique n’est pas fameux. Quel est votre avis sur la question ?

Ce n’est pas du tout facile, comme dans tout métier d’ailleurs. Chacun dans son domaine rencontre des problèmes. Je vois que depuis un certain temps, l’humour est en train de prendre une autre tournure. Le public burkinabè est en train de s’y intéresser, d’y adhérer. C’est cela qui nous donne aussi le courage de travailler pour pouvoir donner plus de résultats, plus de folie, pour amener les gens à rire et à oublier leurs soucis. Nous aussi, notre mission sur la terre, c’est cela.

Pourquoi avez-vous choisi d’être humoriste ?

Je dirais que je n’ai pas choisi l’humour. C’est l’humour qui m’a choisi. Au départ, je n’ai jamais rêvé que j’allais être humoriste. À la limite, si on me posait la question, j’allais dire que j’allais être artiste musicien. Avant, je faisais la danse contemporaine. On faisait les ballets à l’école, on participait aux compétitions, on apprenait aux gens à danser. Je dirais que l’humour, c’est un don qui est venu quand j’étais en classe de terminale. Je faisais souvent des sketchs pendant les heures creuses au lieu de laisser mes camarades bavarder. C’était des vannes pour amuser mes camarades. C’était toujours sur l’éducation. À partir de là, j’ai commencé à prester dans des activités scolaires. Comme on dit que l’appétit vient en mangeant, je regardais les grands-frères qui passaient à la télévision, je me suis dit qu’un jour j’allais devenir aussi humoriste.


Que faites-vous en dehors de l’humour ?

Je suis étudiant en communication d’entreprise. Je suis en année de licence.

Comment arrivez-vous à concilier l’humour et les études ?

Je le fais depuis quatre ans. Depuis ma terminale. Je peux dire que c’est grâce à l’humour que je finance mes études pour aller de l’avant. C’est pour dire à toutes ces personnes qui aimeraient embrasser ce métier, à tous ceux qui sont dans d’autres métiers, s’ils ont la possibilité d’aller à l’école, ils n’ont qu’à prendre cela au sérieux. Chez nous par exemple, l’humour, ce n’est pas de la bouffonnerie. L’humour de maintenant a évolué. Pour avoir des histoires sur le vécu des gens, il faut encore beaucoup plus de travail. Il faut avoir un bagage intellectuel pour pouvoir aborder tous les thèmes.

Quels sont vos projets ?

J’ai un grand projet que mon staff et moi sommes en train de préparer. On aimerait bien le faire avec toutes les écoles qui existent au Burkina. Que ce soit l’ENAM ou la police... Il se pourrait qu’à partir de la prochaine rentrée, on enclenche le projet. Je dois faire une tournée humoristique dans ces écoles. On va donc faire des programmations ; après les prestations, je ferai des dons de poubelles. À Koudougou tout comme à Ouagadougou, après mes one man shows, j’ai fait des dons de poubelles. Je veux que les hommes voient en moi, l’homme qui veut assainir. En tant qu’artiste, nous devons pouvoir apporter notre touche au développement du pays. Je vais retourner à l’école parce que c’est là-bas le véritable souci. Ce sont ceux qui sont instruits qui sont les plus inciviques. Il s’agira de faire en sorte que les gens, pendant les spectacles, puissent intégrer des notions de bonnes manières.

Aujourd’hui, le Burkina Faso est confronté à l’insécurité. En tant qu’humoriste, quelle solution proposez-vous ?

Le Burkina a une richesse que les autres n’ont pas. Je veux parler de la parenté à plaisanterie. C’est un élément à prendre au sérieux. L’État peut trouver une cellule spéciale qui va développer cela. Que ça soit au primaire, au supérieur, il faut faire savoir à tous que le vivre-ensemble doit passer par là. Il ne faudra pas que les Burkinabè tombent dans le communautarisme. On pourrait donc pallier ces soucis à travers le dialogue. On peut faire des sketches pour amener les gens à rire sur la parenté à plaisanterie, leur faire savoir à la fin que le but de ce rire, c’est de montrer qu’on peut vivre ensemble. Quand il n’y a pas de sécurité, nous même artistes, ça ne nous arrange pas. Nous devons discuter ensemble pour trouver des solutions.

Lajaguar, c’est aussi un style vestimentaire hors pair. Quel est le sens de votre habillement sur scène ?

Dans ma tête, Lajaguar, c’est une marque. Lajaguar, c’est une entreprise. Je suis seul sur scène mais je nourris des bouches derrière moi. J’ai le manager qui est là, il y a le photographe, le metteur en scène et le couturier. Pour une entreprise sérieuse, si vous ne montrez pas une belle image de vous, ce n’est pas sûr que si vous partez dire à un client que vous coûtez tant, il va vouloir vous acheter. En plus du travail de fond que vous faites, il faudra que votre image donne envie de vous acheter. Moi je considère qu’on ne me connaît pas d’abord.

Pour marquer les gens à première vue, même si le gars ne se rappelle pas mon nom, le fait de se rappeler mon style vestimentaire, c’est déjà quelque chose pour moi. En plus de mon travail bien fait, ça me fait des points, plus d’aura et d’opportunités. Depuis un certain temps, nous évoluons dans le Faso danfani. C’est pour valoriser ce qui vient de chez nous.

Propos recueillis par Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net

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