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Déguerpissements dans les zones non loties : Une marche de protestation le 16 mai

Publié le samedi 27 avril 2019 à 23h00min

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Déguerpissements dans les zones non loties : Une marche de protestation le 16 mai

La Coalition des associations pour la défense du droit au logement (CADDL) a tenu une conférence de presse le vendredi 26 avril 2019 à la bourse du travail de Ouagadougou, pour exiger du gouvernement la suspension des déguerpissements abusifs dans les zones non loties et lance un appel à la résistance aux populations des zones non loties. Une marche de protestation est prévue à cet effet, le jeudi 16 mai 2019 en direction du premier ministère. Voici la déclaration faite à cet effet par la CADDL.

« (…) La situation du foncier et du logement dans notre pays et plus particulièrement dans les grandes villes comme Ouagadougou et Bobo-Dioulasso est plus que jamais préoccupante pour les masses populaires. Nos organisations, suscitées, face à l’aggravation de la détresse des millions de femmes, d’hommes et de jeunes victimes de I’injustice dans les opérations de lotissement passées, victimes des sociétés immobilières et dont les conditions de vie s’aggravent de plus en plus, ont déposé une plateforme revendicative minimale de lutte en six points auprès du gouvernement, via le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme à l’occasion de la journée de protestation du 5 avril 2018.

En dépit des interpellations et autres formes de protestations, les autorités ministérielles ont affiché vis-à-vis des préoccupations pressantes un mépris total. Aucune solution n’a été proposée, le gouvernement préférant les fuites en avant comme la mise en place de commissions ad hoc chargées d’apurer le passif du foncier dans les arrondissements de la ville de Ouagadougou. Ces commissions dont la coloration et les modes de fonctionnement ont été décriées par notre coalition ne feront qu’une véritable œuvre de sinécure comme nous l’avons annoncée lors de notre conférence de presse du 23 novembre 2018.

En témoigne le fait que six mois après leurs prestations de serment tambour battant, rien, absolument rien ne se passe sur le terrain qui indique que les populations recouvreront leurs parcelles volées et détournées ! La fabrication de ces commissions est tout simplement basée sur des calculs politiciens et électoralistes ; le pouvoir MPP ct alliés cherchant à divertir les populations jusqu’aux élections de 2020 dans l’espoir de les duper une fois de plus à travers de fausses promesses. Ce sont les mêmes qui nous ont promis des parcelles pendant les campagnes électorales de novembre 2015 et de 2016 qui attendent la moindre occasion pour nous chasser de chez nous, oui là où ils sont venus solliciter nos voix.

On se rend vite compte, malheureusement les larmes aux yeux, que pour cette race de politiciens les promesses n’engagent que ceux qui y croient ! Pour notre Coalition, ça suffit, ça ne passera plus ! Que ces politiciens de tout bord sachent qu’ils se trompent. Nous ne nous laisserons plus gérer comme avant. Et c’est parce que, justement, nous voulons des logements décents pour nos familles et la justice dans les opérations de lotissement passées que nous nous sommes insurgés pour chasser Blaise Compaoré du pouvoir les 30 et 31 octobre 2014. Les mêmes causes produiront les mêmes effets.

Mesdames et messieurs les journalistes, chers invités,

Plutôt que d’apporter des réponses sérieuses à la demande de justice sur les lotissements d’arrêter l’action des sociétés immobilières, le gouvernement engage des opérations de déguerpissement sauvages qui mettent et mettront dans la rue des milliers de burkinabé des zones non loties. II ne s’agit plus d’un secteur ni d’un quartier installés sur le terrain d’autrui, il s’agit ni plus ni moins que d’une ferme volonté d’appliquer aveuglement la loi portant RAF du 2 juin 2012 qui dispose en ses articles 127 et 154 que toute occupation sans titre est illégale et le déguerpissement ne donne droit ni à recasement ni à indemnisation.

Ainsi, en plus des déguerpissements à Bobo, à Tenkodogo, des milliers de familles dans les zones comme Garghin, Silmiougou, Goundrin et Yamtenga à Ouagadougou sont sous la menace sérieuse de déguerpissement. A Garghin, par exemple, pour défendre les intérêts de la société immobilière BTM, sous prétexte qu’elle dispose d’un titre foncier de l’espace d’habitation des milliers de personnes, l’Etat a mis sur le dos des pauvres populations qui ne demandent qu’un toit, des colonnes de véhicules de la gendarmerie.

A l’issue de la répression par gaz lacrymogène du samedi 13 avril 2019, en présence du ministre de la Sécurité en personne et celui de l’Habitat et de l’Urbanisme, des blessés ont été enregistrés dont un a été hospitalisé à l’hôpital de Tengandogo suite à une fracture de sa jambe par un Pik-up de la gendarmerie.

Le cas de Garghin est une illustration du sort que réserve l’Etat aux populations de toutes les zones non-loties du Burkina Faso. Quand il s’agit de défendre les intérêts des puissants et des riches, l’Etat recouvre subitement une autorité, mais quand il s’agit de satisfaire les préoccupations vitales des gens du peuple, avoir un simple toit pour garder sa dignité et celle de sa famille, il n’y a pas d’Etat. Vis-à-vis des voleurs de parcelles, il n’y a pas d’Etat.

Vivant déjà les conséquences terribles des attaques terroristes aux plans social et économique, les populations pauvres des zones non loties se voient doublement terrorisées non seulement par les terroristes djihadistes mais aussi par l’Etat (c’est-à-dire ceux qui nous gouvernent) et leurs sociétés immobilières prête-nom. Le peuple en tirera les conséquences, tôt ou tard !

Mesdames et Messieurs les journalistes, chers invités,

Nous avons été surpris de constater que le gouvernement qui n’a aucunement la volonté de faire la lumière sur les lotissements passés ô combien frauduleux, a franchi le Rubicon en adoptant des arrêtés conjoints portant autorisations de lotir dans plusieurs communes, arrêtés signés par le ministre de l’urbanisme et de l’Habitat et son collègue de l’administration territoriale et de la décentralisation le 31 décembre 2018 (CF Journal Officiel spécial n°06 du 20 février 2019).

Ces arrêtés autorisent des lotissements à hauteur de cinq hectares dans chacune des six communes rurales de la province du Kadiogo. Visiblement le pouvoir qui brandit ses commissions ad hoc taillées à sa guise est loin de vouloir faire la lumière au moyen d’audits sérieux sur les lotissements frauduleux passés. Sinon, comment comprendre qu’avant la fin des travaux de leurs commissions chargées d’apurer le passif, les gens du pouvoir s’en pressent d’engager de nouveaux lotissements dont la conduite dans ces conditions ne fera qu’en rajouter aux problèmes déjà existants ?

Comment comprendre pour le cas de Ouagadougou (dans la province du Kadiogo) en extension qu’on veuille résoudre le problème du foncier urbain tout en levant la suspension des lotissements dans les communes rurales qui entourent Ouagadougou et pire en initiant des lotissements même dans les localités où le rapport d’enquête parlementaire a révélé des détournements massifs de parcelles ? (exemple de Saaba et Pabré). A notre connaissance il n’y a jamais eu de retrait de parcelles ni de justice au profit des victimes du pillage du foncier. Et pire aucun indice ne permet de dire en toute lucidité que le gouvernement veut rendre justice à toutes les victimes du pillage du foncier.

Mesdames et Messieurs les journalistes, chers invites

Face au mutisme du pouvoir et à sa détermination de jeter dans les rues des millions de femmes, d’hommes et d’enfants afin de libérer des espaces pour les sociétés immobilières, notre coalition s’en voudra de ne pas prendre position ni d’engager toutes les actions pour ramener l’autorité à la raison et à la prise de décisions en faveur du peuple. C’est pourquoi en tant que défenseur du droit au logement, nos structures signataires de la plateforme minimale du 5 avril 2018 que sont la CADDL, la CDAIP, la CCVC/Ouaga, le MBDHP :

-  Appellent les populations de la ville de Ouagadougou et des communes rurales environnantes, à une marche-meeting de protestation en direction du Premier Ministère le jeudi 16 mai 2019 à partir de 8h, qui partira de la Bourse du Travail pour :
• Dénoncer et rejeter les déguerpissements sauvages des populations en cours dans tout le pays et principalement les velléités de déguerpissement des populations des zones non-loties dans la ville de Ouagadougou ;
• Exiger du gouvernement des réponses adéquates aux points de la plateforme revendicative minimale du 5 avril 2018.

-  Appellent les populations des zones non-loties à la résistance active contre les déguerpissements des zones non loties au profit des sociétés immobilières dans tous les arrondissements de la ville de Ouagadougou et dans les communes rurales environnantes ;
-  Appellent leurs militants et les populations à s’organiser encore plus dans les quartiers, les secteurs, les arrondissements et à fédérer leurs actions pour arracher des acquis en matière du droit au logement en leur faveur ».

La Coalition des associations pour la défense du droit au logement (CADDL)
La Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC) des arrondissements de Ouagadougou
La Coordination des comités de défense et d’approvisionnement des acquis de l’insurrection populaire (CDAIP)
Le Mouvement burkinabé des droits de l’homme et des peuples (MBDHP)

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Vos commentaires

  • Le 29 avril 2019 à 10:58, par NIKIEMA KOROTIMI En réponse à : Déguerpissements dans les zones non loties : Une marche de protestation le 16 mai

    merci beaucoup pour votre lutte
    je voulais demander une aide au niveau du non loti de YAGMA
    parce que sur les papiers à la mairie selon les murmur YAGMA est totalement loti alors que plus de la moitié non pas de parcelle
    vers le Sanctuaire eglise catholique de YAGMA labas nous voyons des étage et mini villa. alors que depuis l’ancien péage jusqu’au le lieu des SINISTRE c’est non loti et personne n’a eu sa parcelle sous prétexte que c’est une société immolière qui va venir un jour nous dégerpier et prendre la place. selon les murmurs on dirai que le maire arrondissement N°9 est entrain de chercher ou négocier avec un village voisin pour renvoyer les gens labas avant que la société immobilière accède à la place pour construire ses villa

    vraiment nous solliciton votre aide
    merci d’avance

    • Le 29 avril 2019 à 18:11, par Wend Song Sida En réponse à : Déguerpissements dans les zones non loties : Une marche de protestation le 16 mai

      Merci Mme Korotimi pour l’intérêt et votre demande de soutien. Je vs prie de contacter mr Sabo responsable d’une association à Yagma membre de la coalition et vs aurez le soutien. Organisons nous pour barrer la route aux detourneurs de parcelles car c’est la seule alternative pour reussir notre lutte. Surtout n’oublie pas d’être présente le 16 mai à la marche et profiter rencontrer les responsable de la coalition pour mieux exposer ta doléances. Merci. Un responsable d’une association à Yamtenga ds l’arrdt11.

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