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Procès du putsch de 2015 : Débats de droit entre l’ancien commissaire du gouvernement Abdoul Karim Traoré et le parquet militaire

Publié le mardi 26 mars 2019 à 23h51min

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Procès du putsch de 2015 : Débats de droit entre l’ancien commissaire du gouvernement Abdoul Karim Traoré et le parquet militaire

La revue des pièces à conviction s’est poursuivie ce mardi 26 mars 2019 devant le tribunal militaire. Si les éléments sonores concernant les accusés Sidi Omar et le général Gilbert Diendéré n’ont pas enregistré de commentaires de la part de ceux-ci, tel n’a pas été le cas avec le magistrat militaire, le colonel Abdoul Karim Traoré, celui-là même qui fut substitut du commissaire du gouvernement dans le procès de « Tentative de coup d’Etat » de 2003.

Une puce à l’oreille permet de rappeler que le colonel Abdoul Karim Traoré est un initié du tribunal militaire. Magistrat militaire, il était, il y a seize ans, à la place du parquet militaire actuel, dans le cadre du procès de l’affaire dite « Tentative de coup d’Etat » en 2003.

En effet, dans cette affaire, treize accusés (onze militaires et deux civils) avaient comparu à la barre pour répondre de « complot et attentat à la sécurité de l’Etat », à l’exception du présumé « cerveau » de l’opération, le capitaine Luther Ouali, qui, lui, était poursuivi pour « trahison ».

Ce procès ouvert un matin de 6 avril 2004 a rendu son verdict le 17 avril de la même année, avec six personnes acquittées et les sept autres condamnées à des peines allant du sursis à dix ans fermes (reconnu coupable de complot et d’attentat à la sûreté de l’Etat ainsi que d’intelligence avec des puissances étrangères, le capitaine Luther Ouali a écopé de dix ans d’emprisonnement ferme).

Cette affaire, qualifiée de « montage » du pouvoir d’alors par une partie de l’opinion, a connu des acteurs qui se retrouvent dans le procès en cours du côté de Ouaga 2000. Il s’agit, entre autres, et en plus du colonel Abdoul Karim Traoré, de l’avocat Prosper Farama (avocat des victimes dans le procès en cours), qui constituait un des quatre conseils du défunt président du FFS (Front des forces socialistes), du journaliste et actuel ministre de la Défense, Chériff Sy, comparu comme témoin dans cette affaire et aussi témoin dans le procès en cours.

Bref, c’est en homme « averti » donc, que l’accusé, le colonel Abdoul Karim Traoré, comparaît à ce procès, en qualité d’accusé, seize ans après avoir joué le rôle d’accusation.
L’élément sonore sur lequel a porté sa réaction, a été diffusé la veille (25 mars 2019). Mais, le colonel Abdoul Karim Traoré n’avait pas voulu opiner en l’absence de son conseil. Ce mardi matin, l’accusé a, estimant réunies les conditions, fait face à cet élément sonore incriminé.

Un véritable moment de débats de droit entre accusés et accusation. En effet, l’audio est relatif à une conversation que le général Gilbert Diendéré aurait eue avec Mahamadou Djérid Maïga, ancien chef du Mouvement national de libération de l’Azawad (décédé en octobre 2018) et le colonel Abdoul Karim Traoré, en date du 23 septembre 2015. Dans l’audio, en plus d’annoncer au général que le lieutenant-colonel Mamadou Bamba s’est rendu à la gendarmerie, le colonel Traoré aurait demandé des moyens pour quitter le sol burkinabè. Pour le parquet militaire, ces éléments sonores ne doivent plus faire douter les plus sceptiques.

Rappelé à la barre, l’accusé est allé d’une démonstration de droit, en déclarant d’entrée de jeu que son arrestation, le 3 octobre 2015, a été « irrégulière » et sa détention « illégale », avant de rappeler qu’on n’invente pas la procédure en fonction des désidératas de chacun.

A la suite du long étalage juridique du colonel à sa propre décharge, le parquet militaire est revenu à la charge, en battant en brèche les arguments soulevés et en faisant sa part de précision de certains termes et notions. « Au tribunal militaire, nous ne sommes pas sous l’arbre à palabre », martèle le parquet militaire, pour signifier que tout y obéit à des règles, même si le tribunal militaire se veut un tribunal d’exception, comme l’est par exemple le tribunal du travail.

« On est en train de passer en revue les pièces à conviction, et c’est en ce moment-là que le colonel choisit de nous faire un cours de droit », observe Me Prosper Farama, avocat de la partie civile, avant de passer à son tour de démonstration à charges.
Il sera succédé par l’avocat de l’accusé, Me Dieudonné Wily, qui est allé également de sa part d’arguments juridiques. C’est à cette étape qu’est intervenue la pause, à 13h. Les débats se sont poursuivis à la reprise, à 14h.

Cliquez ici pour lire aussi Procès du putsch : Sidi Omar, l’homme qui a demandé au Général Diendéré de ne pas remettre les armes si...

Oumar L. Ouédraogo L
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 27 mars 2019 à 08:09, par waguess En réponse à : Procès du putsch de 2015 : Débats de droit entre l’ancien commissaire du gouvernement Abdoul Karim Traoré et le parquet militaire

    Merci monsieur le journaliste pour ce travail de rappel et de mise en contexte. Donc ce n’est pas aujourd’hui que Cherif est témoin ? Ceu’on veut dans cette histoire, c’est la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  • Le 27 mars 2019 à 11:43, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Procès du putsch de 2015 : Débats de droit entre l’ancien commissaire du gouvernement Abdoul Karim Traoré et le parquet militaire

    - Un autre procès arrive, cette fois plus retentissant !!! Et à ce propos, Fatou Bensunda, Procureure de la Cour Pénale Internationale (CPI) a dit : ‘’Mon bureau est en contact étroit avec les autorités maliennes, notamment dans le cadre des événements signalés dans la région de Mopti. Il prendra toutes les mesures qui s’imposent, en complémentarité avec le système de justice pénale du Mali, afin de veiller à ce que ceux qui ont participé ou contribué de tout autre manière à ce qui semble être des crimes abominables….., fassent l’objet d’une enquête et de poursuites. Dans l’immédiat, une délégation du bureau va rencontrer cette semaine les représentants des autorités compétentes pour discuter de ces questions’’.

    Voilà qui es fait et qui doit donner à réfléchir ailleurs !! Donc Fatou Bensouda compte ouvrir une enquête sur le massacre d’Ogossagou au Mali, qui a coûté la vie à plus de 150 personnes, essentiellement des Peuls.

    Allahamdoulilahi et À bon entendeur, Salut ! Et en tout cas Boundi OUOBA, journaliste de LEPAYS qui a écrit l’article a eu la bonne idée de préciser que : ‘’Bensounda serait la bienvenue à Yirgou d’autant que près de trois mois après, l’on n’a enregistré aucune arrestation y liée, à notre connaissance à ce drame dans le Centre-Nord du pays’’.

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 27 mars 2019 à 14:03, par Desperado En réponse à : Procès du putsch de 2015 : Débats de droit entre l’ancien commissaire du gouvernement Abdoul Karim Traoré et le parquet militaire

    Dans la vie, il ne faut pas chercher seulement. si tu déconnes tu subis les conséquences. Même les maitrisards des arcanes du droit sont soumis aux mêmes lois.

  • Le 27 mars 2019 à 14:35, par Ka En réponse à : Procès du putsch de 2015 : Débats de droit entre l’ancien commissaire du gouvernement Abdoul Karim Traoré et le parquet militaire

    Merci Oumar L. Ouédraogo pour ces rappels de faits : Qui l’aurait cru qu’en 2015 quand Roch Kaboré avec son régime mouta mouta promettait au peuples que les dossiers des crimes gratuits, et le coup d’état a la maternelle seront jugés pour la réconciliation nationale sera une réalité ? Aujourd’hui le 27 Mars 2019, nous pouvons confirmé que la crédibilité de notre justice monte à 80% et que les jugements expéditifs suivis des exécutions sauvages sont derrière nous, et que le droit reprend sa place dans notre pays.

    C’est pourquoi je dis aux deux généraux et les supposés accusés d’avoir la dignité et assumer en disant la vérité pour que le droit soit dit pour tous. ‘’’’La dignité de l’Homme réside dans l’action et la solidarité ! Au stade élémentaire de l’intelligence, et de la réflexion, le synonyme de la revendication d’un droit est l’interpellation sur un devoir manqué. Autrement dit, sans devoir manquer, point de revendication de droit. Plus simplement, l’exécution d’un devoir est l’accomplissement d’un droit proprement dit. Donc une revendication d’un droit est une conséquence qui découle d’une fuite de responsabilité dans « l’exécution d’un devoir ».

    Cacher cet état de fait, c’est mentir comme font Djibril Bassolé, Gilbert Diendéré, Karim Troré et consorts ! Or la dignité de la mémoire réside dans l’action et la solidarité. Se solidariser avec la juges militaires et dire la vérité pour qu’on n’en finisse et attaquer autre chose monsieur Gilbert Diendéré et Djibril Basolé, renforce votre dignité parmi votre peuple averti.

  • Le 27 mars 2019 à 22:39, par Ka 1502 En réponse à : Procès du putsch de 2015 : Débats de droit entre l’ancien commissaire du gouvernement Abdoul Karim Traoré et le parquet militaire

    C’est intolérable !un officier general, ce n’est pas n’importe qui ; il doit donné un exemble de probité , de courage,de juste, de véridique de morale et que sais -je encore ; mais l’on constate que ce n’est pas le cas ; qu’elle crédibilité une chef militaire pourrait donner à ses subalternes ;avant , quand un homme de tenue dit quelque chose, même quand c’est noir ,il dit que c’est blanc tout le monde y croit ;aujourd’hui la morale a foutu le camp dans les camp ; si ce procès est aussi une école, il est souhaitable que cette génération d’officiers soit mise à la retraite enticipee et laisser la place aux jeunes officiers qui ont délivré le burkina des mailles des auteurs du coup d’état ; autres temps,autres moeurs, sankara lui il les avait dégagés.Que Dieu sauve le burkina .
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