Ecrit sous la direction de Sten Hagberg, Ludovic O. Kibora et Gabriella Körling, « Démocratie par le bas et politique municipale au Sahel » est le fruit de plusieurs projets de recherche entre le département d’anthropologie culturelle et d’ethnologie/Forum for Africa Studies de l’université d’Uppsala en Suède, l’INSS et le Centre de recherche Point sud du Mali. Une grande partie des chapitres ont été écrits par des chercheurs juniors sociologues ou anthropologues. Une façon d’encourager les jeunes chercheurs à publier des articles scientifiques.

Selon Sten Hagberg, à travers cet ouvrage, les auteurs veulent contribuer à l’analyse anthropologique comparative sur la base de nombreuses années d’observation des pratiques de la décentralisation dans différentes communes sahéliennes. « On a toujours voulu prendre au sérieux la question de la décentralisation et l’existence des communes au Burkina Faso, au Mali et au Niger, parce que malgré les difficultés que les communes rencontrent, elles sont bien là, elles existent même dans des situations compliquées politiquement, comme par exemple pendant la transition », a-t-il noté. Et cela, d’autant plus que c’est au niveau de la commune que les plans de développement sont appliqués et que les politiques publiques « prennent corps dans la vie quotidienne des citoyens. »

La commune, nouvelle institution locale, reste donc essentielle, malgré les enjeux socio-politiques et sécuritaires, d’où l’intérêt de l’interroger, explique Sten Hagberg.
Et de cette analyse, il ressort que la politique communale actuellement au Sahel vit des difficultés, notamment la crise sécuritaire. Mais au-delà de ces difficultés, les élus locaux s’acquittent tant bien que mal de leurs obligations, en faisant en sorte de créer un sentiment d’appartenance locale.

Dans les études, les chercheurs ont aussi constaté qu’il existe une certaine revendication identitaire. « On entend dire qu’un tel ne peut pas être maire, parce qu’il est de telle ethnie, de telle région, il n’est pas né dans cette localité, donc il n’est pas légitime pour se présenter. » Cet état de fait a été constaté malheureusement dans plusieurs élections.

L’ouvrage comporte 12 études de cas dans des communes sahéliennes du Burkina Faso, du Mali et du Niger réparties en trois parties.

Dans la première partie intitulé « Elections et arènes politiques », on trouve entre autres des articles comme « Le tsunami électoral d’Arba Diallo : ethnographie des élections couplées de 2012 à Dori, Burkina Faso », écrit par Sidi Barry et Sten Hagberg ; ou encore « Corruption, clientélisme et démocratie locale au Burkina Faso », écrit par Ludovic O. Kibora.

La seconde partie est intitulée « Développement local et services publics ». On y lit entre autres des articles comme « Le marché à bétail : une vitrine des oppositions locales au Niger », de Mohamed Moussa ; ou encore « Chefferies traditionnelles, autorité communales et gestion du foncier dans la commune de Mandé, Mali », de Fatoumata Camara et Moussa Sissoko.

La troisième partie « Nouvelles dynamiques politiques » contient comme les deux précédentes, quatre articles. On y trouve entre autres, celui de Sten Hagberg et Bintou Koné intitulé « Si tu leur donnes ma chair ils vont la manger », ethnographie comparée des carrières des femmes politiques au Burkina Faso et au Mali » ; et « Les connexions entre le politique et le religieux : du « soft » politique à la formulation des consignes de vote », de N’gna Traoré et Almamy Sylla.

L’ouvrage est disponible au prix de 10 000 F CFA à l’INSS et la version numérique est téléchargeable gratuitement sur le net.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net