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Humour : « Je vous salue maris », le nouveau spectacle de Philomène Nanema dite Philo

Publié le jeudi 21 mars 2019 à 15h20min

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Humour : « Je vous salue maris »,  le nouveau spectacle de Philomène Nanema dite Philo

De la comédie de cinéma à l’humour, il n’y a qu’un petit pas. Et Philomène Nanema l’a franchi. Connue dans le théâtre et le cinéma, Philo a ajouté aujourd’hui une corde à son arc. Depuis un moment, elle s’est attaquée à l’humour. Mieux, elle organise son premier « one woman show » intitulé « Je vous salue maris ». Dans cet univers jadis réservé aux hommes, Philo essaie avec brio de se frayer un passage. Entre ses répétitions intenses et ses temps repos, elle nous a accordé un entretien le mercredi 20 mars 2019. Dans cette interview, elle nous parle de son parcours ainsi que de son projet. Entretien !

Lefaso.net : Philomène Nanema, on vous a connue avec le cinéma. Vous avez même joué dans « Celibaterium », « Affaires publiques », « Trois femmes, un village », « Le permis légal de violer ». Aujourd’hui, on vous voit sur scène en train de faire rire le public. Vous voulez bien nous expliquer cette transformation ?

Philomène Nanema dite Philo : Vous savez, j’ai commencé par le théâtre. J’ai suivi des formations en ce sens. J’ai eu une formation avec Issaka Sawadogo. Vous le connaissez. C’est un comédien de théâtre, un acteur de films, un formateur, un metteur en scène. Il y avait une formation au CITO (Carrefour international du théâtre de Ouagadougou). J’ai été retenue avec d’autres personnes après un casting. A l’issue de l’apprentissage, il fallait restituer.

Nous avons travaillé sur « L’os de Moor Lame ». On était trois sur le plateau. J’ai joué le rôle de Oumi, une la rapporteuse du village. Gérard Ouédraogo dit Excellence a apprécié mon jeu. Il a estimé que j’étais bien pour l’humour. Je ne l’avais pas pris au sérieux. Je le connaissais. J’ai rigolé et j’ai dit « pardon, il faut me laisser ici ». Après, il ne m’a pas lâchée. Il tenait toujours à ce que je fasse l’humour. Un jour, il a eu un projet avec l’Institut français. Il m’a demandé d’écrire un texte de 15-20 minutes pour mon passage. C’était la Comédie club Gérard et ses amis. C’est ainsi que j’ai joué pour la première fois. C’est de là que tout est parti.

Pour tenir le public en haleine sur scène, il faut de textes marrants. Il faut donc de l’inspiration pour trouver les vannes hilarantes. Comment vous vous débrouillez ?

Mon inspiration vient de ce qu’on vit au quotidien. Tout ce que je vois, tout ce que j’ai vécu, tout ce que l’autre a vécu. Tout ce qu’on a rencontré. En réalité, c’est notre quotidien qui est dépeint.

Aujourd’hui, le public burkinabè a adopté l’humour. C’est une aubaine pour les humoristes comme vous. Nous imaginons que vous vivez bien de ce travail.
On vit de toute chose. Quand tu mets ton cœur dans ton boulot, tu peux vivre de cela. Même la vendeuse de beignets, de gâteaux… chacun vit de ce qu’il fait. Seulement, Il faut le faire avec le cœur. Si tu te lèves tout de suite et dire que tu vas vendre des bonbons au bord de la route, c’est parce que tu as mûri la chose. Donc tu vas t’y mettre au point de pouvoir vivre de la vente. Franchement, je vis de l’humour. Je vis de l’art que je fais. Je suis toujours comédienne. Je fais toujours le théâtre et le cinéma. Je vis de ce que je fais.

L’humour était la chasse gardée des hommes. Maintenant on voit que de plus en plus, les femmes s’y frottent. Vous arrivez même à casser certains codes…

Etant comédienne, je côtoyais déjà les hommes. Au cinéma et au théâtre, on était ensemble. Du coup, cela n’a pas été nouveau pour moi. Ce n’est pas un nouveau terrain. C’est toujours les mêmes personnes. Je ne suis pas sortie du néant pour venir me retrouver dans un milieu de garçons. En fait, presque tous ceux qui sont dans l’humour, on se connaissait déjà au théâtre. Il y a Petit Sergent, Gombo.com, Excellence Gérard. Je m’y sens bien comme si j’étais au théâtre ou comme si je suis en train de tourner un film avec les collègues.

Les artistes de façon générale n’hésitent pas à crier sur tous les toits qu’il y a trop de difficultés dans le milieu. Vous avez certainement votre opinion sur la question.

Je pense qu’il n’y a pas de difficultés. La scène, c’est la scène. Les problèmes que je peux noter, ce sont les salles. Peu de salles répondent aux normes internationales. Les salles ont des soucis de son, d’écho, d’acoustique… Souvent, tu te retrouves dans une salle en train de jouer et il y a de l’écho. Pourtant l’humour, c’est un art vivant. Il faut parler pour qu’on t’écoute. Si la personne qui t’écoute ne te comprend pas, elle ne peut pas être en joie. Les promoteurs de spectacles, souvent, ils ne sont pas assez regardants.

Quand ils organisent les concerts de musiciens où des humoristes doivent prester, ils nous logent à la même enseigne. La scène de l’humour est différente de celle de la musique. Le musicien et son orchestre peuvent être perchés quelque part et le public de l’autre côté. Ils communient. Pourtant, l’humoriste a besoin que le public soit à côté de lui. C’est pour qu’il puisse partager son énergie et l’émotion qu’il a. Souvent cela crée un peu de tort. Ce n’est pas facile mais on s’adapte.

Philomène Nanema a sûrement des projets. Est-ce que vous pouvez nous en parler ?

Mon premier projet, je suis en train de vouloir le réaliser. C’est mon tout premier One woman show. Je serai seule sur scène. Je l’ai écrit depuis presque deux ans. Du coup, je suis assez prête. Je me suis levée. C’est vrai qu’il n’y a pas de moyens, mais si tu veux attendre pour que les gens te donnent de l’argent, tu ne le feras jamais.

Un One woman show, c’est assez rare sous nos tropiques. Expliquez-nous davantage ce projet.

Mon One woman show aura lieu le 6 avril prochain au CENASA. Il s’intitule « Je vous salue maris ». Ce n’est pas Marie, la mère de Jésus. Ce sont les hommes mariés. Je rendrais ce jour hommage aux hommes. Dans cet hommage, il faut dire que quand je dis « je vous salue maris », ce n’est pas seulement les hommes mariés. Il y a les fiancés, les gars, les copains, les pointeurs. Vous savez, le mari est au centre de tout dans nos sociétés. Ce sont les maris dans les foyers qui décident. Si tous les hommes se lèvent et ils disent qu’il n’aura pas de violences faites aux femmes, il n’y en aura plus. S’ils disent qu’à partir d’aujourd’hui il n’y aura plus de filles excisées, ça veut dire qu’ils ne vont plus permettre qu’on excise leurs enfants. Les femmes ne peuvent pas prendre elles seules la décision de le faire. Les décisions sont prises par les hommes.

Nous sommes à quelques jours de votre spectacle. Comment se passe l’organisation de l’événement qui, du reste, vous tient à cœur ?

L’organisation du spectacle se passe bien. J’ai fait appel à des amis qui ont confiance en moi. Ils m’apprécient beaucoup et ils aiment ce que je fais. Des gens m’accompagnent dans les répétitions. Nous sommes à quelques jours du 6 avril, ils sont toujours là et on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a. Je fais mes répétitions à l’Espace culturel Gambidi. J’invite les populations à venir massivement au spectacle. Ça sera chaud ce jour-là. Le spectacle sera de taille.

Propos recueillis par Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net

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