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FESPACO 2019 : « La femme-lionne » séduit le public ouagalais

Publié le samedi 2 mars 2019 à 22h48min

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FESPACO 2019 : « La femme-lionne » séduit le public ouagalais

Projeté le vendredi 1e mars 2019 a l’Institut français, le film « La femme lionne » est sélectionné dans la compétition officielle de la 26ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision du FESPACO. Le film raconte l’histoire du professeur Andrée-Marie Diagne, une femme à la carrure de « La grande royale », de femme battante.

La projection du film documentaire « La femme -lionne » d’une durée de 26 minutes, à l’Institut français, n’a pas manqué de séduire les cinéphiles. Ce documentaire retrace l’histoire d’une femme née à Bobo- Dioulasso au Burkina Faso en plein milieu du 20e siècle, issue d’une famille de 11 enfants dont 8 filles. Il s’agit de Andrée-Marie Diagne Bonané, une femme à la carrure de « La grande royale ». Elle a commencé ses études dans une école tenue par des religieuses pour terminer son cycle à Bordeaux en France.

Unie à un Sénégalais pour le meilleur et pour le pire, elle reviendra s’installer au Sénégal où elle est professeur de lettres à l’Université Cheickh-Anta Diop. Elle s’investit aussi dans le social. Entre autres activités, elle est critique littéraire, animatrice culturelle. Cette femme au grand cœur a fait du maintien des filles à l’école son cheval de bataille. Aujourd’hui, elle a fait valoir ses droits à la retraite.

Madame Lobé Ndiaye, la réalisatrice du film.

Selon la réalisatrice du film documentaire, Lobé Ndiaye, « Le film La femme battante est réalisé dans le cadre d’un appel à projets du CIRTEF de la série femme battante III et il me fallait trouver, chercher une femme battante au niveau du Sénégal. Automatiquement, c’est le nom du professeur Andrée-Marie Diagne Bonané qui m’est venu à l’esprit. Je suis allé à sa rencontre et j’ai échangé avec elle et elle a accepté de réaliser le projet avec moi. Pourquoi j’ai choisie professeur Andrée- Marie Diagne Bonané ? C’est parce qu’elle est une femme plurielle ; Elle est épouse, elle est professeur, elle est écrivaine, elle vient du Burkina Faso et depuis 40 ans elle lutte pour le maintien des filles à l’école.

Elle enseigne et c’est une femme infatigable qui a pour sacerdoce l’enseignement, de transmettre la connaissance, aux élèves et aux étudiants ». Et Lobé Diagne poursuit : « Professeur Andrée-Marie Diagne est une femme généreuse, elle est tout le temps entourée de ses élèves, de ses étudiants et est dans le réseau des ateliers d’écriture. Elle enseigne bénévolement, puis est dans le réseau REPROF-EFFA. On peut toujours aller vers elle de jour comme de nuit sans jamais qu’elle se lasse. C’est une femme qui me fascine, qui m’intrigue. Mais qui est-elle ? D’où vient-elle ? Que fait-elle ? Comment vit-elle ? Est-ce que son époux, l’éminent professeur de philosophie, Mamoussé Diagne, a-t-il contribué à son succès ? Mais je vois que c’est elle qui est une femme battante et je la compare à une lionne parce qu’elle symbolise ma devise, elle symbolise ma patrie ».

L’actrice principale du film s’exprime sur le projet de la réalisatrice : « C’est la surprise et la joie de la retrouver parce que je l’ai eue comme étudiante et de savoir qu’elle est une journaliste ambitieuse, cela m’a encore fait plaisir. Donc je me suis dit que je suis d’accord pour aller vivre avec elle dans ce film qui fut une vraie aventure puisque nous voilà aujourd’hui à Ouagadougou. Alors qu’en 2017, je n’imaginais pas qu’on irait si loin avec le film. Pour moi, c’est un bonheur d’autant plus grand », a-t-elle affirmé.

Professeur Andrée-Marie Diagne, l’actrice principale.

Puis elle continue en disant : « En 1969, j’ai assisté ici même à la projection de « La noire de… », de Sembène Ousmane, avant même que le FESPACO ne soit aussi connu. C’était l’année ou je passais mon baccalauréat. Donc vous imaginé le fait de me retrouver il y a 50 ans exactement, après avoir fait le tout du monde mais n’avoir jamais perdu mes racines. Cela m’a permis d’avoir une deuxième patrie, c’est le Sénégal, puisque mon époux est Sénégalais et j’ai 4 enfants. Ce qui m’intéresse, c’est à la fois l’éducation parce je suis professeur de français, le souci de la réussite des enfants, la formation des enseignants.

Je me suis consacrée, comme Lobé l’a dit, plus de 30 ans durant à la formation des professeurs de français au Sénégal qui m’appellent presque tous la « Mémé » parce que je fais partie des doyennes. Pour moi, l’éducation est une passion. Quand on dit qu’un pays ne peut devenir grand que par l’éducation, c’est vrai. Je pense que tout adulte devrait se consacrer à cette noble mission. En aidant Lobé à réaliser son film, c’est ma manière à moi de lui dire « va toujours de l’avant, tu es sur la voie de la réussite, de la réalisation au cinéma ».

Pour la réalisatrice Lobé Ndiaye, c’est un sentiment de satisfaction, puisqu’elle se doit de rendre hommage à cette éminente personnalité des lettres au Sénégal , son pays d’adoption, où « beaucoup de ses élèves sont devenus des personnalités, des hommes politiques, des directeurs et j’en passe. Ils ont pratiquement tous réussi ».

L’affection et la complicité étaient grandes entre le professeur et son ancienne étudiante. Un tonnerre d’applaudissements des cinéphiles a salué le film. Certains cinéphiles n’ont pas manqué d’exprimer leur satisfaction. C’est le cas de Palm Nora, étudiante berlinoise qui, estime que c’est un symbole fort qui interpelle. Même sentiment chez Paulin Ouédraogo, étudiant, qui magnifie cette dame qui « mène un combat exceptionnel et dont beaucoup de femmes doivent emboiter le pas. »

Valentin Kaboré (stagiaire)
Lefaso.net

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