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Programme Saaga : "Nous ne pouvons rien faire quand le ciel est tout bleu" Col Traoré

Publié le mercredi 3 août 2005 à 09h13min

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Le ciel n’ouvre plus son ventre sur Ouagadougou depuis bientôt trois semaines. Une poche de sécheresse s’est, en effet, installée dans la capitale après des pluies diluviennes qui ont causé des sinistres dans certains quartiers.

Les regards sont donc tournés vers le Programme Saaga qui, pour d’aucuns peut (et doit) sortir son artillerie afin de provoquer la pluie. Que nenni ! Le Colonel Abraham Traoré, coordonnateur dudit programme est plus que catégorique. "Nous ne pouvons rien faire quand le ciel est tout bleu".

Pour le colonel Traoré, le Programme Saaga a pour vocation d’accélérer et d’augmenter les préiciptations par l’ensemencement des nuages et non de provoquer la pluie. Un nuage, explique-t-il, ne déverse jamais tout son contenu au sol. Il y a des pertes sous forme de glace, de vapeur et autres et le rôle du Programme est de faire tomber le maximum d’eau possible au sol. L’accélération du processus de préciptations se fait soit par ensemencement des nuages grâce à des générateurs fixés au sol, soit par intervention aérienne avec des avions.

Entre le 1er juin et le 31 juillet 2005, les hommes du colonel Traoré ont effectué douze opérations d’ensemencement par générateurs à partir du sol. Quant aux opérations d’ensemencement par avion , elles se sont déroulées entre le 30 mai jusqu’à avant hier 1er août, et se chiffrent à vingt sept sorties. Il n’ y a pas d’heure de travail pour les "géniteurs" de la pluie au Burkina. En fonction de la disponiblité des nuages, une intervention peut être tentée à tout moment.

Toute opération d’ensemencement n’est pas forcément égale à tombée de pluies. Selon le colonel Traoré, "les nuages sont quelques fois rares que nous nous disons : tentons pour voir si on ne va pas avoir quelques goûtes. Pour nous, ça ne coûte rien de tenter pour voir, surtout lorsque des poches de sécheresse comme celle-ci s’installent", fait-il observer.

Mais, martèle inlassablement le coordonnateur du Programme Saaga, "quand le ciel est totalement bleu, on ne peut raisonnablement rien faire".

Nonobstant le fait que la météo n’est pas une science totalement exacte, le Programme Saaga "guette" les données qui lui sont fournies par Météosat Afrique qui donne à chaque minute, la situation de la mousson par rapport à l’ensemble des pays du continent. Toutes les photos des perturbations et des déplacements nuageux sont fournis par Météosat Afrique en plus du concours précieux apporté par la métérologie nationale au Programme Saaga. Chaque nouvelle météorologique constitue donc, un trésor d’informations qui peut mettre en branle dans les minutes qui suivent, l’ensemble des appareillages du Programme.

Même si près de huit ans après, le Programme Saaga n’est pas encore évalué, le colonel Traoré est convaincu que le Burkina est en nette avance sur le plan pluviométrique par rapport à certains pays de la sous-région. "Quand nous accélérons les précipitations, nous permettons à des plantes de recevoir plus d’eau qu’elles n’en auraient avec les pluies naturelles.

Et si une poche de sécheresse devrait s’installer entre temps, nous permettons à la plante d’avoir beaucoup d’eau pour résister à la sécheresse en attendant les prochaines pluies, ce que les autres pays n’ont pas", argumente l’officier supérieur. Il ne doute pas de la nécessité d’un tel programme d’autant plus que l’Organisation mondiale de la météorologie (OMM) conseille à l’ensemble de ses membres de se doter de moyens scientiques pour provoquer les précipitations. D’ailleurs, le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) a élaboré un programme sous-régional pour doter les pays membres d’un tel programmme.

Du côté du service de la météorologie agricole de la Direction générale de la métérologie nationale, on estime que la poche de sécheresse qui sévit sur Ouagadougou et dans certaines provinces du pays est un phénomène tout à fait normal. Le tableau pluviométrique indique que la capitale connaît en effet, une situation pluviométrique excédentaire par rapport à l’année dernière si l’on considère les mêmes périodes agricoles allant du 1er avril au 31juillet.

En revanche, sur les dix stations synoptiques, celles de Bobo Dioulasso, Boromo, Gaoua et la Vallée du Kou sont déficitaires par rapport à la même période. Quant aux conséquences de ce déficit pluviométrique sur la saison agricole en cours, les techniciens ne perdent pas espoir. M. Dominique Sya du service agricole de la météorologie estime que seules les régions de Boromo et de Bobo Dioulasso peuvent inquiéter si la situation perdure. Pour lui, même si les plantes peuvent avoir leur compte dans ces régions, ce ne serait pas de même pour les cours d’eau et l’écosystème qui pourraient en prendre un coup si les choses ne s’amélioraient pas d’ici-là.

Mais, prévient M. Sya, "il faut plutôt craindre une mauvaise répartition spatiale qui peut déterminer l’issue de la saison agricole sinon le déficit peut être rattrapé", la saison pouvant aller juqu’en fin octobre, a-t-il conclu.

Romaric Ollo HIEN (romaric_hien@yahoo.fr)
Sidwaya

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