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Médias audiovisuels : Les instances de régulation veulent des productions nationales

Publié le mercredi 27 février 2019 à 20h16min

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Médias audiovisuels : Les instances de régulation veulent des productions nationales

La plateforme des instances de régulation des médias de l’UEMOA et de la Guinée Conakry s’interroge sur sa contribution à la production d’œuvres audiovisuelles locales. En marge du cinquantenaire du FESPACO, elle a organisé, ce 27 février 2019, un panel d’échanges sur le thème « Promotion des productions audiovisuelles nationales : quelles contributions des instances de régulation de la plateforme de l’UEMOA et de la Guinée Conakry ? ». La communication principale a été présentée par Issoufou Saré, le président de l’Union burkinabè des éditeurs de services de télévisions (UBES-TV), sous la modération de Luc Adolphe Tiao, ancien président du Conseil supérieur de la communication (CSC) du Burkina.

Comment aider nos télévisions à réaliser des productions locales de qualité ? Telle est la préoccupation des instances de régulation des médias de l’espace UEMOA et de la Guinée Conakry. Profitant de leur présence à Ouagadougou dans le cadre du cinquantenaire du FESPACO, ils ont décidé d’engager la réflexion en vue de trouver les voies et moyens pour aider nos télévisions à aller dans une synergie d’actions entre elles pour cette production locale. « L’exemple type, c’est la série burkinabè Bobodioufs qui est tellement prisée en Afrique et à travers le monde et qui est produite ailleurs, alors que nos chaines nationales auraient pu, ensemble, développer des voies et moyens pour en faire une affaire nationale. Voilà ce qui nous a motivé à engager la réflexion avec la bénédiction et l’accompagnement de la plateforme », a expliqué Mathias Tankoano, le président du Conseil supérieur de la communication.

Le thème choisi, « Promotion des productions audiovisuelles nationales : quelles contributions des instances de régulation de la plateforme de l’UEMOA et de la Guinée Conakry ? », se veut pertinent et d’actualité pour l’ensemble des pays membres de la plateforme.

participants au panel

Les télévisions africaines, des porte-voix des cultures étrangères ?

Les médias les plus accessibles étant l’audiovisuel, notamment la radio et la télévision, la plateforme a jugé utile de réunir ses membres en marge du cinquantenaire du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) pour un partage d’expériences afin de trouver la solution adéquate à la problématique. « Les télévisions nationales de nos différents pays se trouvent être les porte-voix des cultures étrangères. Notre responsabilité en tant qu’instances de régulation est de veiller tant à la promotion de nos langues nationales, à la promotion de nos cultures, qu’à l’éducation de nos enfants à travers les médias », a reconnu Fodié Touré, le président de la Haute autorité de la communication du Mali, par ailleurs président de la plateforme.

Il appelle à une relecture des cahiers de charges de ces télévisions afin d’adapter les contenus au contexte socio-culturel des pays de l’Afrique de l’Ouest francophone. « Nous ne disons pas que nous allons faire en sorte que l’espace audiovisuel soit un espace hermétiquement fermé, un espace ouvert certes, mais donnant la primauté à nos langues nationales, à nos cultures et à nos valeurs », a précisé Fodié Touré.

présidium de la cérémonie d’ouverture

« La nationalité d’un film, c’est la nationalité de ses sources de financement »

« Pendant longtemps, la plupart de nos productions audiovisuelles de l’Afrique francophone de l’Ouest étaient subventionnées par des guichets français, ce qui leur permettait d’avoir leur mot à dire sur le contenu des productions », a précisé d’entrée le communicateur principal Issoufou Saré, par ailleurs président de l’Union burkinabè des éditeurs de services de télévisions (UBES-TV). A l’entendre, le cinéma véritablement burkinabè n’a pas plus de dix ans.

« Certains producteurs ont estimé que c’est de l’injure que je leur fais. Mais, il est clair que la nationalité d’un film, c’est la nationalité de ses sources de financement. Les sources de financement, à 80%, venaient de la France et les images de nos films étaient plus ou moins imposées par la vision française », a-t-il soutenu. Aujourd’hui, les guichets français ont plus ou moins tari et les producteurs africains se voient obligés de trouver des ressources locales.

Que faut-il considérer comme produit de qualité ?

Il a également abordé l’épineuse question de la qualité des films africains et burkinabè en particulier. « Que ce soit Boubacar Diallo ou Sidnaaba, les puristes du cinéma diront qu’ils ne font pas du cinéma. Pourtant, leurs films font salle comble. D’où le débat sur la qualité des productions audiovisuelles », a-t-il rappelé. A ce niveau, il y a deux approches : celle des puristes du cinéma qui estime que la qualité c’est le respect des standards internationaux (même si le consommateur final ne trouve pas son compte) et celle qui estime que la qualité est celle qui fait vendre.

« Que faut-il considérer comme produit de qualité : celui qui respecte les critères et standards internationaux ou celui qui plait au consommateur final ? », s’est-il interrogé. Issoufou Saré, tout en reconnaissant l’existence d’une pluralité des médias dans notre espace sous-régional, estime qu’il n’y a pas de pluralité des offres médiatiques dans nos différents pays car les différentes chaines de télévision et de radio ont pratiquement les mêmes programmes, à quelques exceptions près.

Dernier rempart contre l’extinction de nos cultures

Pourtant, soutient-il, les médias audiovisuels constituent le dernier rempart contre la domination culturelle. Pour repousser cette domination, il est plus que nécessaire de travailler à avoir du contenu local. Mais, reconnait-il, il y a des contraintes objectives réelles, notamment les coûts de production. C’est pourquoi, il n’a pas manqué d’inviter les Etats et particulièrement les instances de régulation à trouver la meilleure formule pour faciliter la production de contenus locaux.

« Les instances de régulation doivent trouver des moyens pour faciliter la production ; protéger les médias privés contre la concurrence déloyale des médias publics ; soutenir la professionnalisation des acteurs à travers des sessions de formation ; éduquer le public aux médias ; récompenser les médias qui se distinguent dans la promotion des œuvres nationales ; défendre le pluralisme de l’offre », a recommandé le président de l’UBES-TV. Tout en souhaitant que de ce panel,en sortent des recommandations opératoires. Car, « c’est le dernier rempart contre l’extinction de notre culture », a-t-il conclu.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 28 février 2019 à 07:44, par HUMBERT Lucien En réponse à : Médias audiovisuels : Les instances de régulation veulent des productions nationales

    je ne comprends pas au final si la série Bobodioufs est burkinabé, si son contenu est burkinabé ou si on dit qu’elle est burkinabè mais qu’ayant été produite à l’extérieure finalement son succès n’st pas dû à ce qu’il soit burkinabé de contenu mais d’une qualité "étrangère".

    Cet article me semble bien amgigu.

  • Le 28 février 2019 à 11:17, par sanu En réponse à : Médias audiovisuels : Les instances de régulation veulent des productions nationales

    cette initiative est louable. Le réveil de l’Afrique est en marche parce que ses enfants sont en train de prendre conscience de l’impératif à s’unir pour aller de l’avant. la production endogène avec des ressources endogènes est la meilleure manière d’aboutir à un développement conséquent et durable.
    S’agissant de la série bobodioufs, je dirai qu’une fois de plus que c’est une illustration parfaite de la divergence d’opinion entre les puristes et les autres. L’essentiel c’est de pouvoir concilier les deux points de vue pour tendre vers un développement harmonieux de la production audiovisuel du Burkina en particulier et de l’Afrique en général.

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