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Algérie : Interrogations autour de la nomination de Ramtane Lamamra au poste de conseiller diplomatique

Publié le mercredi 20 février 2019 à 14h48min

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Algérie : Interrogations autour de la nomination de Ramtane Lamamra au poste de conseiller diplomatique

La nomination en Algérie de Ramtane Lamamra au poste de ministre d’Etat, ministre conseiller diplomatique auprès du président de la République, a suscité un questionnement chez le géographe et écrivain Benteboula Mohamed-Salah.

« L’ancien ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a été nommé ministre d’Etat, conseiller diplomatique auprès du président de la République », a indiqué un communiqué publié par la présidence, le jeudi 14 février 2019.

Connu pour sa maladresse d’exporter le concept de « la stabilité en dehors des frontières algériennes » dont il a été le promoteur, le retour ou plutôt le nouveau départ de Ramtane Lamamra au poste de « conseiller » diplomatique, ministre du régime, impose de poser plusieurs questions.

1/A-t-il été nommé pour des raisons d’équilibre politique, voire régional, ou en raison de l’influence que le régime algérien veut accorder à sa politique étrangère ?

2/A-t-il quitté son poste de représentant de l’Union africaine (UA) pour le programme « Faire taire les armes en Afrique d’ici 2020 » en raison de son incompétence ?

3/Quel sera son degré d’intervention dans le processus d’application des accords de paix signés en 2015 au Mali ?

4/Aura-t-il un droit de regard sur les dossiers préparés par le ministre des Affaires étrangères Messahel, dont il faut rappeler que Ramtane Lamamra avait codirigé le ministère des Affaires étrangères avec le ministre Messahel entre 2015 et 2017 ?
Il faut noter que le régime autoritaire a inscrit dans les annales de l’histoire du pays une diplomatie bipolaire marquée par une impossibilité de dégager une vision claire des objectifs de la politique étrangère du pays. Il aurait été judicieux pour le ministre Lamamra de démissionner de son poste en raison de la confusion des rôles, qui a été une pomme de discorde avec le ministre Messahel soucieux de ses prérogatives.

5/Dans ce triangle des Bermudes de la diplomatie entre le chef de l’Etat, le conseiller diplomatique Lamamra et le ministre Messahel, ce dernier sera-t-il marginalisé sur des sujets sensibles tels que la nomination des chefs de mission diplomatique ?

6/Pourquoi une certaine presse francophone numérique basée au centre-ville d’Alger fait-elle l’éloge du ministre Lamamra, alors que son gouvernement s’est abstenu lors du vote de la résolution onusienne sur la situation des droits de l’homme dans la République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol (Ukraine), en 2016 ?
Cette résolution condamnait l’occupation temporaire par la Russie d’une partie du territoire de l’Ukraine – la République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol. L’Assemblée générale de l’ONU a réaffirmé qu’elle ne reconnaît pas la légitimité de cette annexion.

7/A-t-il écrit ses mémoires, ce diplomate dit brillant ?

Il est de coutume pour un ancien ministre de rédiger ses mémoires, afin de transmettre les faits marquants des relations diplomatiques.
Dernière question, et non des moindres : le ministre d’Etat Lamamra sera-t-il la doublure du ministre Messahel ou un ministre des Affaires étrangères bis ?
Affaire à suivre.

Benteboula Mohamed-Salah, géographe
Auteur du livre « La diplomatie algérienne à deux têtes », Editions Amazon (Août 2017)

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