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Conservation durable des biens culturels : des professionnels des médias et du patrimoine, outillés

Publié le mardi 2 août 2005 à 07h32min

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Du 18 au 22 juillet 2005, Proto-Novo capitale du Bénin a abrité un atelier de formation intitulé : "Presse et patrimoine". Cet atelier a été organisé par l’Ecole du patrimoine africain (EPA) en partenariat avec le Programme Africa 2009.

Il visait à créer un courant d’échanges et un dialogue actif entre professionnels des médias, et ceux du patrimoine, pour une meilleure sauvegarde des biens culturels matériels et immatériels en Afrique.

Quel partenariat pour la conservation durable des biens culturels en Afrique subsaharienne ?" C’est le thème consacré à cet atelier qui a réuni pendant cinq jour, une vingtaine de participants de la Guinée, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Gabon, du Sénégal et du pays hôte, le Bénin.

Dans un monde en pleine mutation où il est de plus en plus en question de mondialisation ou de globalisation, la conservation durable du patrimoine africain mérite d’être évoqué compte tenu de son antériorité parce qu’il est ancien, riche et diversifié. Le patrimoine étant la mémoire et l’identité d’une communauté, sert également de courroie de transmission des valeurs aux générations futures.

Le patrimoine culturel a des enjeux économiques parce que procurant des richesses, et des enjeux de développement ou de délectation c’est-à-dire : les distractions et loisirs qui rentrent dans le cadre du tourisme. Face aux graves menaces qui pèsent sur ce patrimoine qui est un véritable trésor culturel des peuples africains au Sud du Sahara, il est d’autant impérieux de mettre en place des stratégies et cadres d’action pour sa sauvegarde. Les objectifs de la présente session de l’EPA visaient à identifier et analyser les enjeux liés au patrimoine africain, identifier et classer les différentes menaces qui pèsent sur lui, définir et discuter du rôle de la presse dans la conservation durable des biens culturels.

Le programme pédagogique comportant des modules sur le concept patrimoine (définition et typologies en Afrique subsaharienne), les enjeux et menaces, des restitutions consacré à des échanges et partages d’expériences entre professionnels, à des travaux de terrain, à la collecte et l’exploitation de donnés en vue d’une approche rédactionnelle. Les participants se sont exercé à la production et à la finalisation des dossiers pour déterminer les formats adaptés pour les genres rédactionnels.

Une animation était prévue tous les soirs sur les antennes de la radio-école "APM" de l’EPA. Les évaluations de fin d’atelier ont permis aux participants et à l’équipe d’encadrement pédagogique de définir les rôles que les professionnels des médias doivent désormais joue pour la préservation du patrimoine (veille sociale) et contribuer positivement à réduire les menaces par leur mission première qui est d’informer, sensibiliser, éduquer et communiquer avec toutes les couches sociales.

La notion de patrimoine culturel

Le patrimoine africain est ancien, riche, et très diversifié. Il est l’ensemble des biens matériels et immatériels qui, pour les communautés, portent des messages et des valeurs qu’elles choisissent de protéger et de transmettre aux générations futures. Sont de cela, les sites et monuments historiques, les biens ethnographiques (les langues, les us et coutumes, les croyances, les manifestations politiques religieuses et économiques) comme dans leur histoire particulière, et les manifestations de la vie en société (liens de parenté, mariage, naissances, initiations, funérailles, rites, mythes ouvres d’art, littérature, archives, musées et bibliothèques).

Le patrimoine est également la chose héritée des parents (biens et valeurs hérités du passé ou créés) que les générations actuelles ont la responsabilité de gérer de telle manière que les générations futures puissent en bénéficier le plus durablement possible. C’est sur ce dernier point qu’apparaît la notion de protection. Le patrimoine est soit matériels mobiliers, ou matériels immobiliers. Dans le cadre du matériel, les biens peuvent être déplacés sans risque de les détériorer (livres, documents manuscrits, objets d’art, stèles, funéraires, etc...) ayant un intéêt historique ou légendaire. Quant au matériels immobiliers, les biens ne peuvent pas être déplacés sans causer de dommages pour eux-mêmes ou pour leur environnement.

Ce sont : les monuments historiques, les ouvrages d’art ou d’architecture, les sites naturels ou archéologiques) présentant un intérêt historique ou artistique. Le patrimoine culturel immatériel se manifeste notamment dans les domaines suivants : les traditions et expressions orales, les arts du spectacles (musique, danse, théâtre), les pratiques sociales, les rituels et événements festins, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers, enfin les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel.

Ainsi, la notion de patrimoine nous emmène à observer que le patrimoine naturel d’un pays recouvre deux réalités qui sont : le culturel et le naturel. Culturel parce que assimilé aux biens culturels (ce que la main de l’homme a moulé, touché retouché), ex : Monuments, constructions, statuettes ou autre objets... Naturel pour désigner ce que l’homme a trouvé dans la nature et dont le maintient assure son équilibre. Ex : les chutes et les sources (cascades de Banfora, lacs de Dem, Bam, Tengrela, les mares d’Iga, de Oursi, la mare aux caïmans sacrés de Sabou, la mare aux hippopotames de Bala, la guinguette de Bodo-Dioulasso, les falaises de Sindou ou du Gobnangou, les grottes de Réo et d’Aribinda, les Pics du Nahouri et de Tamougou, les collines du Pilimpikou et du Ténakourou etc...). Les sites naturels englobent le domaine de la faune et de la flore (bois, bosquets, jardin des plantes naturelles, parcs nationaux, réservés). Ex : les forêts de Guipélogo, du Kou, les parcs nationaux d’Arly et du W à cheval entre le Burkina, le Niger et le Bénin, le jardin des plantes et de la nature à Proto-Novo au Bénin.

Des menaces permanentes

De graves menaces pèsent permanement sur ce patrimoine africain. Ces menaces sont de deux sortes : naturelles et humaines. Les menaces naturelles sont les inondations, les tremblements de terre et les ras de marée, les irruptions volcaniques, le climat (température et humidité inappropriées), l’érosion, les attaques biologiques (infestations, micro-organismes, à savoir les termites, insectes, les champignons).

Les menaces humaines sont : l’ignorance, l’incompétence, la négligence, la pollution, les labours profonds, les feux, les vols, pillages et trafics illicites.

Il y a aussi les grands travaux (urbanisation, barrages hydroélectriques, construction de routes etc.), les destructions et dénaturations, les graffiti, les conflits armés, le fanatisme, les publics non maîtrisés (touristes qui touchent à certain monuments pour des photo-souvenirs). Face à toutes ses menaces permanentes qui pèsent sur le patrimoine, l’ensemble des acteurs à tous les niveaux est donc interpellé pour assurer sa sauvegarde.

Les techniques de conservation

Les techniques de conservation touchent plusieurs aspects à savoir : l’action de maintenir intact un bien culturel, de le préserver de la destruction ou du changement ; l’intervention effectuée pour empêcher la dégradation d’un bien afin d’en prolonger la vie. Il y a la conservation intégrée qui est la conciliation des impératifs de conservation aux objectifs de développement, l’analyse qui est une recomposition des parties existantes mais démembrées. Il y a aussi la consolidation qui consiste à l’addition ou l’application de matériaux adhésifs ou de supports à la structure d’un bien culturel afin d’assurer la continuité de son existence ou de son intégrité structure d’un bien culturel afin d’assurer la continuité de son existence ou de son intégrité structurelle.

a) La conservation préventive : elle consiste à faire stopper un processus de dégradation, ou de mettre un ouvrage en situation de risque minimum.

b) L’entretien régulier : c’est l’entretien continu destiné à maintenir tout ou partie d’un ouvrage sans modifications majeures de son usage et de sa valeur culturelle.

c) Le savoir-local : il se résume en terme d’entretien régulier basé sur les cultures constructives et les savoir-faire locaux.

d) La restauration, vise une remise en bon état d’un objet, d’un monument historique, d’un bâtiment de style endommagé ou vétuste. Une autre technique de conservation est la réversibilité qui donne au restaurateur les possibilités techniques de revenir sur ses pas sans nuire à l’intégrité du patrimoine.

Toujours dans les techniques de conservation, il y a aussi l’utilisation compatible qui est la réutilisation d’un ouvrage en vue de répondre à un nouveau besoin ou usage, mais sans en changer son image et dans certains cas sa vocation originale. La technique de réhabilitation ou de revitalisation consiste en des améliorations matérielles nécessaires pour l’utilisation adéquate d’une structure vide ou mal employée. La reconstruction d’un ouvrage lui restitue son aspect original, son usage ancien ou un nouvel usage compatible, ex : le bâtiment de l’EPA à Porto-Novo. Quant à la rénovation, elle consiste à remettre à neuf un ouvrage. La protection du patrimoine doit être vue comme une action devant aboutir à une transformation interne qualitative, et le rôle des médias étant de contribuer à cette protection par l’information et l’éducation du public, afin de réduire les menaces.

Privat OUEDRAOGO


M. François de Paul Sedgo, du service des sites et monument de la direction du patrimoine culturel

"Nous avons beaucoup appris au cours de cet atelier Presse et Patrimoine. Il y avait des éléments que nous ne maîtrisons pas auparavant. Cet atelier nous a permis d’engranger des connaissances que nous allons mettre en pratique sur le terrain.

Les expériences des uns et des autres ont permis à chacun d’apporter sa touche particulière, et va permettre de mieux agir en centrant nos forces sur les éléments du patrimoine culturel tangible ou intangible.

Outre ces expériences, les communications étaient pertinentes, notamment dans le domaine de la Presse avec les doyens Jérôme Carlos et Soulé Issiaka".

P.O.

Sidwaya

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