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« Jamais dans l’histoire de notre pays, un régime n’a versé la figure du Burkina par terre comme le fait le régime actuel » (Zéphirin Diabré, président de l’UPC)

Publié le mercredi 13 février 2019 à 10h25min

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« Jamais dans l’histoire de notre pays, un régime n’a versé la figure du Burkina par terre comme le fait le régime actuel » (Zéphirin Diabré, président de l’UPC)

C’est sur fond de critiques de la situation nationale, que les militants de la première force de l’opposition politique, l’Union pour le progrès et le changement (UPC), ont présenté les vœux de nouvel an au président de leur parti. C’était dans l’après-midi du mardi 12 février 2019 au siège national du parti, sis au quartier Gounghin, à Ouagadougou.

Ils étaient nombreux les militants à prendre d’assaut la cour du siège national de l’UPC pour sacrifier à cette tradition de présentation de vœux. La cérémonie s’est voulue sobre, contexte national oblige, selon les responsables du parti. D’ailleurs, le contexte national a imposé le contenu des interventions en cet après-midi, dira-t-on. Que ce soit le directeur du siège du parti, Jean-Léonard Bouda, le secrétaire général national du parti, Rabi Yaméogo ou le président du parti lui-même, les propos l’ont été sur fond d’un diagnostic de la situation nationale.

« Pour notre cher pays le Burkina Faso, pour l’intérêt et l’avenir duquel nous nous sommes tous engagés en politique, je souhaite une année de sécurité, d’intégrité territoriale, d’unité nationale, de paix, de sérénité, de concorde nationale, d’harmonie des cœurs, de progrès dans tous les domaines, et de prospérité partagée dans l’équité », a campé le président de l’UPC, Zéphirin Diabré, en réaction aux vœux des militants à lui adressés par ses prédécesseurs au pupitre.

Le président de l’UPC observe que 2018 été « une très mauvaise année pour le Burkina », comme 2017 et 2016. « En 2018, notre pays a continué de sombrer dans le chaos. L’insécurité est allée grandissante. Les terroristes ont multiplié leurs attaques meurtrières et se comportent comme en terrain conquis. Ils ont malheureusement élargi leurs zones d’actions, au point que la question aujourd’hui n’est pas de savoir où ils sont, mais plutôt où ils ne sont pas », a relevé M. Diabré, qui a, pour la circonstance, demandé un instant d’hommage pour les victimes des attaques, notamment les Forces de défense et de sécurité.

Zéphirin Diabré, encadré par Denis Nikiéma, vice-président du parti (à droite) et le secrétaire général national, Rabi Yaméogo.

Sur le plan de la gouvernance, le président de l’UPC retient que la corruption s’est aggravée (s’appuyant sur les rapports de l’Autorité supérieure du contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption, ASCE-LC). « Nos dirigeants ne se cachent même plus pour étaler le luxe tapageur de leur train de vie ou leurs nouveaux châteaux bâtis durant leurs mandats ! Alors, nous attendons de voir si ce nouveau gouvernement et l’ASCE-LC auront le courage de demander des comptes aux uns et aux autres », argue-t-il.

Il remarque également que l’économie a continué de reculer et les investisseurs fuient le pays. « Certes, le terrorisme est un phénomène sous-régional et même mondial. Mais dans notre sous-région, c’est le Burkina qui est devenu le ventre mou, le maillon faible. Pourquoi les autres pays réussissent et nous nous échouons ? C’est qu’il y a problème dans la manière dont nous gérons cette affaire. A qui la faute ? A l’incompétence de ce régime qui a mis le Burkina par terre en seulement trois ans de règne », poursuit le Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso, Zéphirin Diabré, qui déplore que 2019 ne commence pas sous de meilleures auspices.

De son avis donc, le problème du Burkina réside au niveau du régime. « Jamais dans l’histoire de notre pays, un régime n’a versé la figure du Burkina par terre comme le fait le régime actuel. Il n’y a que ceux qui croient au Père Noël qui peuvent croire que ce régime peut encore sauver le Burkina », assène Zéphirin Dibaré avant d’affirmer que la seule chose qui peut sauver le Burkina, c’est un changement de régime.

« Son autre problème c’est que, depuis qu’il est arrivé au pouvoir, notre vie sociale est devenue soudainement violente, la vie a perdu sa valeur et pour un rien, les Burkinabè qui vivaient en symbiose parfaite, se déchirent et s’entretuent. Ce régime est un facteur permanent de division des Burkinabè. On le voit à la manière dont il refuse la réconciliation nationale », s’est-il appesanti.

Pour le porte-parole de l’opposition, le parti au pouvoir, le MPP, « c’est zoumbri, cette graine maléfique que nos ancêtres ont découverte, et qui sème la discorde entre les gens ».

« On le voit aussi à la manière dont il veut gérer l’affaire de Yirgou. A Yirgou, il y a des assassins inconnus. Ce sont les terroristes qui ont lâchement assassiné le chef de village. Et nous souhaitons que nos FDS (Forces de défense et de sécurité) leur mettent la main dessus. Mais à Yirgou, il y a des assassins connus. Ce sont ceux qui ont sauvagement assassiné nos frères peulhs. Ces assassins-là, ils sont connus. Donc ils doivent être interpellés et traduits en justice. Les manœuvres dilatoires auxquelles se livrent le gouvernement ne passeront pas. Pour nous, Yirgou constitue le premier test pour ce gouvernement, s’il veut démontrer qu’il est vraiment contre l’impunité. En seulement trois ans de règne, le MPP-zoumbri a transformé le Burkina naguère paisible en un pays où les terroristes règnent en maitres et où les gens s’entretuent pour un oui ou un non. On leur a donné un pays entier dans des frontières sûres. Ils vont nous laisser un pays en mille morceaux dont on ne sait même plus où sont les frontières. On leur a donné un pays respecté sur le plan international que tout le monde aimait visiter pour son sens de l’hospitalité. Ils vont nous laisser un pays affaibli et déconsidéré, marqué par des zones rouges sur les cartes des diplomates, et que les gens fuient comme la peste. On leur a donné un pays uni dans sa diversité, où les ethnies ont cohabité depuis des siècles dans une harmonie parfaite. Ils vont nous laisser un pays où les gens s’entredéchirent et ont perdu le sens de la fraternité. C’est un échec lamentable et désespérant ! Quel gâchis ! », charge Zéphirin Diabré, invitant les « militants déçus » du MPP à quitter le navire avant qu’il ne soit trop tard.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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