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Kani Bicaba, agriculteur : "La terre ne ment pas"

Publié le lundi 1er août 2005 à 08h04min

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225, c’est le nombre d’hectares de spéculations diversifiées qu’exploite Kani Bicaba, agriculteur à Fouankuy dans le département de Ouarkoye. Après une aventure infructueuse en Côte d’Ivoire, il décide de regagner son Faso natal en 1981 pour s’adonner à la culture.

Après 24 années passées dans les champs, il force l’admiration et est devenu à 42 ans une référence, un modèle d’agriculteur au plan national. A la faveur de la visite dans son champ par le directeur régional de l’agriculture, nous avons échangé avec lui sur la physionomie de la présente campagne.

" Le Pays" : Comment se présente la campagne agricole ?

Kani Bicaba : La campagne agricole 2004-2005 se présente bien dans notre département. Nous avons démarré les semis en fin mai pour les céréales et le coton. A la date d’aujourd’hui (16 juillet 2005, ndlr) les plants présentent une bonne mine, ce qui donne des lueurs d’espoir.

Quelle est la superficie que vous exploitez ?

J’exploite 225 hectares répartis de la façon suivante : 75 hectares de coton, 80 de maïs, 20 de sorgho, 7 de niébé et 43 de sésame. Je commence toujours par le coton et le maïs jusqu’à la mi-juin et j’enchaîne avec le sorgho, le niébé et je termine par le sésame.

Quelle comparaison faites-vous entre la présente campagne et les cinq dernières ?

Pour le moment, la présente campagne nous donne satisfaction dans le département. Cela fait plus de cinq ans que nos cultures n’ont pas atteint ce stade de développement à la même période. Si la répartition pluviométrique est bonne dans le temps et dans l’espace, je crois que cette année nous battrons le record de production.

Quel est le secret de votre réussite ?

De nos jours, il n’y a plus de secret dans l’agriculture. C’est vrai qu’il faut mettre en pratique toutes les techniques culturales, mais l’important c’est de démarrer les travaux champêtres dès les premières pluies. Les dates des semis doivent être respectées. Personnellement, je commence à semer le coton et le maïs, que j’abandonne à partir du 20 juin au profit des autres spéculations. D’aucuns pensent que Kani a un secret. Je n’en ai pas, sauf que je dispose de matériel et de la main-d’oeuvre. J’emploie plus d’une cinquantaine de personnes.

J’ai toujours dit à qui veut l’entendre que l’agriculture ne ment pas. Lorsque vous semez du coton, il est évident que vous ne pouvez que récolter du coton. Il en est de même pour le maïs. Je conseille toujours à mes enfants et à mes autres frères de diversifier les cultures et d’inverser d’année en année les spéculations. Lorsque par exemple vous produisez du sésame dans un champ, vous transformez ce champ la saison suivante en champ de coton ou de maïs ainsi de suite. L’avantage que j’ai, c’est le fait de disposer aussi de terrain. Quelle que soit votre volonté, si vous ne disposez pas d’une grande superficie de terre cultivable, vous risquez de vous décourager par la suite.

Quelles sont les difficultés qui se présentent à vous ?

Les difficultés sont le plus souvent liées à la nature. Tant que le ciel ne vous ouvre pas ses vannes, vous restez impuissants. Sinon, un paysan doit savoir que l’agriculture n’est pas facile. Par conséquent, il faut savoir s’organiser de sorte à ne pas être surpris.

De bons souvenirs, vous en avez après 24 ans d’exploitation de la terre !

La terre m’a beaucoup fait avancer dans la vie. A mes débuts, j’avais 4 hectares de terre cultivable. Si aujourd’hui je suis à 225, cela est pour moi une consécration, une réussite, en un mot, un bonheur. Actuellement, j’ai plus de 100 personnes à ma charge et j’espère que certaines d’entre elles feront comme moi sinon mieux que moi. Ma grande satisfaction tient du fait que l’Etat a été reconnaissant en me distinguant lors de la journée du paysan, parmi tant d’autres. Cette décoration ne doit pas être synonyme de fait mais plutôt une incitation à plus d’ardeur au travail.

Si on vous demandait de prodiguer des conseils aux paysans qui sont confrontés à des problèmes de gestion des productions, que diriez-vous ?

J’ai toujours dit qu’un producteur ne doit pas acheter de céréales, il doit les vendre. Un agriculteur qui achète des céréales n’a rien compris et est classé parmi les mauvais. L’agriculture d’aujourd’hui ne se limite pas à une seule production. Celle-ci doit être diversifiée, avec en priorité les céréales. Ce n’est pas seulement le coton qui rapporte beaucoup d’argent. Les autres cultures de rente comme le niébé et le sésame se vendent également bien sur le marché.

Propos recueillis par Serge COULIBALY

Le Pays

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