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Eau et Assainissement au Burkina Faso : Le budget alloué au secteur n’est pas suffisant, selon une étude commanditée par WaterAid

Publié le vendredi 1er février 2019 à 20h21min

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Eau et Assainissement au Burkina Faso : Le budget alloué au secteur n’est pas suffisant, selon une étude commanditée par WaterAid

L’analyse budgétaire du secteur de l’eau potable, de l’hygiène et de l’assainissement sur la période 2014-2019 montre une tendance baissière du budget alloué à ce secteur important au fil des années. Ces conclusions sont issues de l’étude « Evaluation du niveau de prise en compte de l’eau et de l’assainissement dans la loi de finance 2019 » commanditée par l’ONG WaterAid. Les résultats de cette étude et d’une autre portant sur « Genre et accès à l’eau et à l’assainissement » ont fait l’objet d’un atelier de restitution et de validation ce vendredi 1er février 2019 à Ouagadougou.

Malgré l’engagement des différents intervenants et la priorisation aussi bien au niveau national qu’international, l’accès à l’eau et à l’assainissement au Burkina Faso n’est pas encore à un niveau où il permet d’avoir un impact positif sur la santé, la productivité, la dignité et le bien-être des populations. En témoignent les chiffres. Au 31 décembre 2018, le taux d’accès à l’eau potable était estimé à 73,4% avec des disparités en fonction des régions, des provinces et des communes. Le taux d’assainissement quant à lui est de 21,6%, bien mieux que la situation en 2010 où le taux était de 0,8%.

Ces taux montrent que notre pays a encore du chemin à faire pour l’atteinte à l’horizon 2030 de l’Objectif de développement durable (ODD) 6 : « Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau ». De nombreux défis freinent, en effet, le Burkina Faso dans sa course pour l’atteinte de cet ODD : la faiblesse des ressources financières allouées et l’inégalité de genre, malgré la constitutionnalisation du droit d’accès à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement en novembre 2015.

C’est donc pour renforcer le plaidoyer de la société civile pour l’atteinte de l’ODD 6, que WaterAid a initié les études « Genre et l’accès à l’eau et à l’assainissement » et « Evaluation du niveau de prise en compte de l’eau et de l’assainissement dans la loi de finance 2019. »

Accès à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement, un secteur négligé ?
Selon les résultats de l’étude « Evaluation du niveau de prise en compte de l’eau et de l’assainissement dans la loi de finance 2019 », de manière globale, l’analyse budgétaire du secteur de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement montre que les dotations au profit de ce secteur sont sur une tendance baissière de 2014 à 2019. Elles restent largement inférieures à celles de l’éducation et de la santé sur la même période.

En effet, en moyenne chaque année, sur la période 2014-2019, les prévisions budgétaires en faveur du secteur de l’eau potable, de l’hygiène et de l’assainissement représentent 4,57% du budget total de l’Etat. Alors que les dotations budgétaires du ministère de la santé et celui en charge de l’éducation sont respectivement de 10,25% et 15,49%. Pourtant le secteur de l’eau et de l’assainissement contribue à l’amélioration de l’état de santé des populations.

Pour le sous-secteur accès à l’eau potable, les allocations budgétaires ont évolué à la baisse avec une prédominance des financements extérieurs.

En ce qui est le sous-secteur de l’assainissement, les allocations budgétaires ont connu une forte baisse de 50,42% entre 2014 et 2019. Une baisse drastique qui semble indiquer que ce secteur occupe une faible place parmi les priorités des autorités. D’ailleurs, les dépenses d’assainissement rapportées au PIB sont passées de 0,28% du PIB en 2015 à 0,10% du PIB en 2019, soit en moyenne 0,2% du PIB sur la période 2014-2019. Des chiffres qui montrent que les dépenses totales pour l’hygiène et l’assainissement sont en deçà de l’engagement minimum de 0,5% du PIB à consacrer à ce secteur.

En plus de la faiblesse du budget alloué au secteur de l’eau et de l’assainissement, l’inégalité de genre en matière d’accès à l’eau potable et à l’assainissement demeure également une préoccupation.

Léocadie Ouoba, directrice des programmes WaterAid

A titre illustratif, en 2017 sur 772 blocs de latrines scolaires réalisés, seulement 142 étaient réservés aux filles, soit 18,4%. « L’inégalité est à différents niveaux. Que ce soit l’accès aux services, la formation, que ce soit le positionnement au niveau des responsabilités, on a noté que les femmes sont moins représentées dans les instances de décision pour tout ce qui concerne les aspects eau et assainissement (...) On doit travailler à motiver les femmes pour qu’elles puissent s’impliquer et donner leurs contributions pour un équilibre du genre dans le secteur de l’eau et de l’assainissement. », a laissé entendre Léocadie Ouoba, directrice des programmes de WaterAid.

Chacune des études est assortie de recommandations en vue d’aider l’ensemble des acteurs du secteur de l’eau et de l’assainissement à jouer leur rôle pour l’atteinte de l’ODD 6 et l’objectif de zéro corvée d’eau à l’horizon 2020 tel que stipulé dans le programme présidentiel.

Le présent atelier de restitution et de validation qui a réuni des acteurs du secteur a donc été l’occasion pour WaterAid de présenter les résultats des études et de recueillir les amendements des participants pour la finalisation des rapports. Les participants ont également analysé les recommandations formulées dans les études en vue d’un plan de plaidoyer budgétaire et de promotion du genre dans les actions d’eau, d’hygiène et d’assainissement.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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