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Divorce entre le Collectif et les partis d’opposition : une révolution blanche en marche ?

Publié le lundi 1er août 2005 à 08h37min

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Le Collectif des organisations démocratiques de masse et des partis politiques est-il en veilleuse ou simplement mort ? En tout cas, son président, Halidou Ouédraogo s’est emmuré dans un silence qui, a priori, peut surprendre dans cette période préélectorale.

Les partis d’opposition, qui avaient fait du Collectif leur cheval de Troie contre le pouvoir, constatent les effets du divorce.

Ils ne mobilisent pas grand monde. Mais pour les observateurs, le débat politique gagne en lisibilité, les luttes syndicales en clarté et la promotion des droits humains en crédibilité.

Quant à l’opposition, elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même.

Beaucoup de raisons participent à son recul sur le terrain. Mais on citera volontiers le divorce d’avec le Collectif, le manque d’initiatives et d’originalité sur le terrain politique, la faiblesse argumentaire et organisationnelle face à un pouvoir aux grandes capacités d’anticipation et de reprise en main des situations difficiles. Si toutes ces raisons ont une incidence sur le débat préélectoral, les effets du divorce d’avec le Collectif d’Halidou Ouédraogo sont plus visibles. La confusion des genres entretenue depuis décembre 1998 s’estompe et le Burkina peut, à l’allure où vont les choses, se permettre une révolution blanche, celle en faveur d’une paix sociale durable dont les prémisses sont perceptibles dans la ligne de démarcation entre les partis politiques, les syndicats, les organisations de masse et autres mouvements de défense des droits de l’Homme. Il y a à peine deux années de cela, aucune grève n’était purement corporatiste, c’est-à-dire uniquement motivée par les revendications d’ordre syndical. En sous-entendu toujours audible, il y avait des motifs politiques qui poussaient les syndicats au débrayage. Dès lors tout mouvement social devient suspect, hanté par les fantômes du 03 janvier 1966 où la conjugaison de contestations politique et syndicale avait provoqué le premier coup d’Etat dans le pays. En 1980 le scénario était presqu’identique. En effet, la longue grève du syndicat des enseignants (SNEAB) avaient favorisé le pourrissement de la situation socio-politique qui fit le lit du coup d’Etat du CMRPN. C’est dans l’espoir de créer cette ligne de démarcation entre syndicats, mouvements de masse et partis d’opposition qu’instruit par les velléités de la défunte Ligue Patriotique pour le Développement (LIPAD) alliée au PAI et à la Confédération syndicale voltaïque d’alors que le régime du colonel Saye Zerbo avait supprimé le droit de grève. Ce fut un fiasco qui confirma l’embrigadement de la majeure partie de la société civile par le politique. Un boulet que le pays traîne depuis toujours comme une épée de Damoclès à l’encontre de rapports sains entre la société civile et la classe politique. La dernière crise socio-politique (1999-2000) a été encore une occasion de vérifier cette collusion au détriment de la paix sociale.

En effet, le Collectif a été un monstre hybride composé pêle-mêle de centrales syndicales, de syndicats autonomes, de partis politiques, les uns plus radicaux que les autres, des mouvements de défense des droits de l’Homme, de la liberté de la presse, etc... Il a fallu toute la dextérité politique des plus hautes autorités de l’Etat pour éviter que la contestation ne conduise à une déchirure profonde et durable du pays. Pourtant tous les ingrédients ou presque étaient réunis avec des animateurs de la crise, les uns assoiffés de vengeance politique, les autres d’un changement par la courte échelle et tous sous le couvert de la lutte contre l’impunité.

Pendant près de deux ans le Burkina a flirté avec le pire. La situation politique était quelque peu confuse du fait de ce mélange de genre : syndicalisme, politique et défense des droits de l’Homme. Seul le schéma manichéen des bons contre les méchants était mis en avant pour justifier la grande débauche d’énergie dans la contestation sociale.

Aujourd’hui par le choix de n’impliquer ni le Collectif, ni le MBDHP dans le débat électoral, Halidou Ouédraogo fait comme un mea culpa a postiori qui montre qu’il a perçu le danger de confondre le champ de la promotion des droits humains à celui de la politique politicienne. Tolé Sagnon et les autres dirigeants syndicaux semblent avoir emboîté le pas à Halidou Ouédraogo. C’est tant mieux pour la clarté du jeu politique et le renouveau du syndicalisme burkinabè.

Djibril TOURE
L’Hebdo

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