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Produits alimentaires douteux : Au secours, danger de mort !

Publié le vendredi 29 juillet 2005 à 09h14min

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Ainsi, nous côtoyons la mort en permanence. Elle se trouve même dans nos assiettes. Peut-on en réalité attester, sans risque de se tromper, de la qualité des produits que nous mangeons ? Pour la plupart des consommateurs, c’est un casse-tête, tellement le secteur du commerce est devenu un fourre-tout.

Le rapport de la commission d’enquête parlementaire, publié en mai dernier, a revélé une pagaille indescriptible : pain gonflé et plein d’alvéoles, yaourt périmé, sel non iodé, dates de péremption falsifiées, publicité mensongère...

On avait cru par la suite, que les commerçants véreux s’étaient assagis. Mais voilà que le 27 juillet, un faussaire bien connu dans le milieu des affaires, a été épinglé. Tout ou presque tout ce qu’il vendait portait atteinte à la santé publique. Même les bonbons ! Ce qui signifie logiquement que les tout-petits sont exposés à la mort. Pas seulement eux : tous les consommateurs sont de ce fait, des "morts ambulants".

Ce sont là, des actes criminels. Le Laboratoire national de santé publique, la Coordination nationale de la lutte contre la fraude et la police ont relevé, mercredi dernier, lors de leur descente musclée à la société EGF, l’intention manifeste de tromper le consommateur et de lui nuire . "C’est une catastrophe !", s’est écrié le Coordonnateur de la lutte contre la fraude, choqué par la gravité de l’acte posé.

L’opérateur économique épinglé n’est pas seul dans le secteur du commerce devenu, à tort ou à raison, une jungle. Au nom du gain facile et du profit maximum, certains commerçants sans scrupules se livrent à des pratiques illicites. Avec, bien souvent, la complicité de personnalités politiques. Les fraudeurs se sentent donc en sécurité malgré la gravité de leurs actes.

Le directeur de EGF, pris dans les filets des enquêteurs, ne s’est pas du tout senti inquiété, de même qu’une femme, elle aussi responsable de la société, plutôt préoccupée par des vacances en perspective, dans un pays occidental où il fait certainement bon vivre. Reste donc à savoir si les enquêteurs iront jusqu’au bout et si la justice, en toute âme et conscience, jouera sa partition.

Sinon, la grosse prise du 27 juillet apparaîtra finalement comme un non-événement, juste destiné à jeter de la poudre aux yeux de l’opinion publique. Il serait donc salutaire de traquer aussi ces hommes et femmes, apparemment indécrottables, qui protègent les fraudeurs et qui se permettent même souvent, de narguer les membres de la Coordination de lutte contre la fraude, de la police et du Laboratoire national de santé publique. Il faut agir avant qu’il ne soit trop tard. Ce serait une erreur extrêmement grave de vouloir tergiverser avec la santé des citoyens.

L’autre problème, tout aussi grave, c’est le laisser-aller, la corruption ambiante qui règnent en maîtres dans le système de contrôle des produits à la frontière. Comment comprendre en effet que des produits dangereux soient importés par des commerçants avisés ? Et ils circulent en toute impunité, continuant ainsi à se faire du fric sur le dos du consommateur.

Portant aussi atteinte à l’économie nationale. On imagine comment la fraude et la corruption, comme de redoutables sangsues, creusent dangereusement l’économie nationale. Si l’Etat burkinabè ne perdait pas tant de millions, tant de milliards de F CFA, il aurait pu investir davantage dans des secteurs stratégiques et prioritaires, susceptibles donc de donner une impulsion au développement humain durable.

Mais comment combattre les "gros fraudeurs", qui se livrent bien souvent à de la concurrence déloyale, mettant ainsi à rude épreuve les commerçants honnêtes ? C’est une équation complexe, surtout dans un univers général gangrené par le clientélisme, la corruption et la culture de la facilité. Aujourd’hui, il est établi que la mort est en permanence dans nos assiettes. Difficile en effet pour le consommateur de faire un choix conséquent dans un contexte où la logique commerciale vise à le berner.

Il est fort probable que certains citoyens soient intoxiqués après avoir consommé des produits périmés, sans s’en rendre compte. Qu’on se le dise, droit dans les yeux : l’Etat est, en la matière, défaillant. Et il faut absolument briser le silence coupable, au risque d’entraîner la santé publique, l’économique nationale et même, à long terme, le pays sur l’autel du sacrifice, et, in fine, au cimetière.

Ce serait alors dommage pour cet Etat qualifié pourtant de "pays des hommes intègres". Il importe donc de battre le rappel des troupes autour de ces hommes et femmes qui osent déjà donner un coup de pied dans la fourmilière de la fraude. Mais en attendant, "faites gaffe à ce que vous mangez". C’est une question de vie ou de mort.

Le Pays

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