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Cinquantenaire du FESPACO : « Nous sommes à un tournant décisif du cinéma africain », indiqu Souleymane Cissé, réalisateur malien

Publié le jeudi 17 janvier 2019 à 00h30min

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Cinquantenaire du FESPACO : « Nous sommes à un tournant décisif du cinéma africain », indiqu Souleymane Cissé, réalisateur malien

A l’occasion du lancement de la conférence de presse internationale de la 26e édition du FESPACO à Paris, nous avons rencontré le cinéaste malien Souleymane Cissé. Il a reçu deux fois l’Etalon d’or de Yennenga. Avec d’autres confrères, il a laissé entendre que le cinéma africain est à un tournant décisif. Il espère qu’avec la nouvelle génération de cinéastes, le 7e art africain va dépasser ses frontières. Il attend de voir au FESPACO 2019 des films qui sortent de l’ordinaire. Entretien !

Lefaso.net : Vous êtes l’un des rares réalisateurs à obtenir deux Etalon d’or de Yennenga. Depuis un moment, on n’a pas de vos nouvelles. Est-ce que vous êtes en train de nous préparer une surprise ?

Souleymane Cissé (S.C.) :
Comme d’habitude hein. Je n’aime pas parler de mes projets avant de les réaliser. On se prépare. Au moment venu, vous allez voir.

Lefaso.net : Pour cette édition qui tombe sur le cinquantenaire du FESPACO, la question c’est de parler de mémoire et de l’avenir du cinéma africain. Vous qui avez eu deux Etalons d’or, racontez-nous comment s’est passé le FESPACO en son temps ?

S.C. :
Le FESPACO en son temps, c’était d’abord une existence sur les papiers. L’Etalon d’or, aujourd’hui, c’est 20 millions. Nous, on nous a donné des diplômes. D’ailleurs, je réclame au FESPACO mes 40 millions. Je pense que nous sommes à un tournant décisif. La nouvelle génération doit se dire que des hommes et des femmes se sont battus pour qu’ils existent.

Donc ils doivent travailler à dépasser les frontières. C’est cela l’intérêt FESPACO. Il faut que le cinéma africain dépasse les frontières. C’est ce que nous avons fait tout le temps. J’espère que la nouvelle génération va pousser cela.

Lefaso.net : Comment vous avez vécu votre premier FESPACO, avec votre prix ?

S.C. : C’est une surprise quand un prix tombe. C’était avec « Baara ». Personnellement avec toute la modestie, quand j’ai eu ce prix, ça m’a fait vraiment plaisir.

Lefaso.net : Est-ce que vous rappelez les premiers moments du festival avec Gaston Kaboré, Ousmane Sembène, Idrissa Ouédraogo… ?

S.C. : C’était des moments inoubliables. Pour nous, il n’y a qu’une seule famille, c’est l’Afrique. On ne savait pas qui était de quel pays. Cela est extraordinaire. Nous avons dépassé les frontières. Je pense que c’est le but du FESPACO d’unir le continent. C’était des moments très forts. On était en famille entre frères et sœurs. On se côtoyait, on faisait la fête.

Lefaso.net : Il y a un sujet dont on a parlé lors de la conférence de presse internationale au sujet des archives. Aujourd’hui, on est obligé d’aller demander à la France, à l’UNESCO pour avoir des archives. Pour vous, comment est-ce que les choses doivent se faire puisque on parle de mémoire et d’avenir ?

S.C. : Ce n’est pas seulement avec le cinéma ou l’audiovisuel que le problème se pose. L’archivage est un problème crucial pour nos pays. Nos administrations n’ont pas conscience de la valeur des archives. Pourtant, le monde se construit sur des archives. Si nous négligeons nos archives, on est obligé d’aller demander ailleurs. C’est ce qui arrive dans tous les pays d’Afrique.

Lefaso.net : Qu’est-ce que vous attendez de la commémoration de ce cinquantenaire. On dit que c’est la rencontre des différentes générations.

S.C. : J’avoue que j’attends de voir des films qui sortent de l’ordinaire. Ma vision est basée sur l’image. Le film qui me fera évader, je pense que ça sera la plus grande surprise.

Lefaso.net : Vous avez à donner à cette génération qui est là !

S.C. : Je pense qu’on a toujours donné. J’ai donné un DVD, un film que j’ai réalisé sur Ousmane Sambène. Je voudrais que les générations futures puissent voir ce document. Ce n’est pas une leçon. C’est un film qui marque son parcours et qui se projette dans le futur.

Lefaso.net : L’une des questions que la jeune génération se pose, c’est comment le FESPACO a pu transcender ses difficultés.

S.C. : C’est parce que les cinéastes ont adhéré au FESPACO. Ils l’ont créé pour eux-mêmes. Je pense que quelles que soient les périodes de difficultés, ils peuvent les surpasser et donner l’élan qu’il faut. C’est pourquoi ce cinquantenaire est important pour nous.

Lefaso.net : Faut-il opter pour des films commerciaux ou continuer avec des cinémas d’auteur ?

S.C. : Je pense que l’un et l’autre ne se gênent pas. Il faut continuer à faire des films. Il faut créer des industries de cinéma. Le commerce et les auteurs vont tout droit ensemble. Il ne faut jamais les distinguer. Il faut qu’ils soient tous dans le même bateau pour faire avancer le cinéma.

Propos recueillis par Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net

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