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Drame de Yirgou : Une délégation de l’UPC est allée manifester sa solidarité aux populations touchées

Publié le lundi 14 janvier 2019 à 00h00min

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Drame de Yirgou : Une délégation de l’UPC est allée manifester sa solidarité aux populations touchées

C’est une forte délégation de l’Union pour le progrès et le Changement (UPC), conduite par le quatrième vice-président, Amadou Diemdioda Dicko, qui s’est rendue dans la commune de Barsalgho auprès des familles éplorées par les évènements du 1er janvier 2019. Là, elle a visité un camp des réfugiés situé à Barsalgho et le site des violences à Yirgou. C’était ce vendredi 11 janvier 2019.

C’est dans la douleur que le peuple burkinabè a entamé les premières heures de l’année 2019, avec les évènements malheureux de Yirgou dans la commune de Barsalgho, région du Centre-nord, qui viennent s’ajouter au contexte déjà difficile. De nombreux morts et une importante population déplacée ou en quête d’abris.

C’est pour apporter un instant de consolation aux populations éplorées qu’une délégation de l’UPC s’est rendue ce vendredi dans la localité concernée. Là, les mandants de Zéphirin Diabré, président du parti, ont pu visiter le site de réfugiés sis au chef-lieu de la commune de Barsalgho. Sur cet espace où sont dressées 70 tentes (selon les services compétents), ce sont 926 personnes, en majorité des femmes et des enfants, qui y trouvent refuge. Mais selon des responsables du site, ce nombre doit être largement dépassé car, ces données datent d’il y a trois jours.

Sur ce site sécurisé, l’on identifie également des services de l’action sociale, un service de santé (y compris l’assistance psychologique). Ici, outre les angoisses qui se lisent sur les visages des femmes et enfants, les besoins sont ceux des premières nécessités : se mettre à l’abri, manger, boire, se soigner, se vêtir et pouvoir dormir

D’où le soulagement de ces réfugiés de recevoir des dons de la délégation. Ils sont composés de trois tonnes de riz, de 20 bidons d’huile de 20 litres, cinq sacs de sel de 25 kilogrammes, 100 nattes, 20 cartons de savon, un ballot de vêtements et une enveloppe de 200 mille francs CFA.

La délégation a également encouragé la sécurité qui déploie des efforts supplémentaires depuis la survenue des évènements.

« Nous avons vécu des moments horribles. Des femmes et des enfants ont pris la fuite dans la brousse, dans la faim et la soif. Beaucoup de femmes ont perdu leurs époux et proches, elles sont assises avec des enfants, ne sachant que faire. Il y en a ici qui n’ont plus rien comme proches, ces femmes n’ont pas encore l’appétit et la force pour manger, ce qui les préoccupe est autre chose », explique la porte-parole des femmes sur le site, A. Dicko.

« Maintenant, nous nous sentons en sécurité ici », précise-t-elle ensuite avant de s’adresser dans ce sens à la délégation : « Mais nous vous demandons de nous aider à avoir accès à nos bétails, sinon c’est compliqué. C’est notre source de vie. Les troupeaux sont dans la brousse, leurs propriétaires n’ont pas accès à leur village, à plus forte raison à leurs animaux. Voyez-vous, les enfants sont en train de pleurer, c’est le manque de lait ; ils ne peuvent pas d’abord manger, c’est seulement le lait qu’ils boivent. Mais sans nos bétails, ils ne peuvent pas avoir le lait ».

La porte-parole a également dit ses reconnaissances au gouvernement pour les premières mesures qui leur ont permis de s’abriter, de se vêtir et de soigner surtout les enfants, longtemps exposés aux intempéries. Cependant, a-t-elle relevé, le besoin est toujours là, car des arrivées sont toujours enregistrées.

« Depuis qu’on est ici, la nourriture, ce n’est pas ça. Parmi nous, ça vaut 40% qui ne mangent pas, qui n’ont pas mangé depuis avant-hier. Tout cela est à regarder », précise un autre porte-parole du camp, Yacouba D. Celui-ci a également demandé à la délégation de plaider auprès du gouvernement pour qu’ils puissent rentrer en possession de leurs bétails.

Imprégné de la situation, préalablement décrite par le maire et le préfet de Barsalgho, le chef de délégation, le quatrième vice-président de l’UPC, Amadou Diemdioda Dicko a d’abord salué les efforts déployés par les acteurs au plan local et à divers niveaux, pour soulager un tant soit peu les populations en détresse. Pour l’ancien ministre délégué, ce qui est émouvant, « c’est être réfugié chez soi, dans sa propre maison ».

« Les tueries entre frères sont à bannir ; cela n’est pas de nature à construire l’Etat-nation. C’est pourquoi, l’UPC souhaite que justice soit faite, que des poursuites soient engagées pour que les auteurs soient identifiés et jugés comme tels. C’est la seule condition pour que les âmes de ces nombreux morts reposent en paix. C’est la seule condition pour que l’union sacrée soit établie, telle qu’elle a été demandée par certains. Je pense qu’il faut passer à des actes qui prouvent qu’effectivement, nous appartenons à une même nation. Nous sommes frères de sang, frères liés par l’histoire, frères liés par la géographie, nous sommes en train de nous manger, tout simplement parce que le diable est entré dans la maison. Faisons en sorte que le diable ressorte pour que la vie que nous menions continue. Sachez que ce qui nous est arrivé, c’est parce que des gens veulent qu’on s’entretue et à mon avis, ils ont réussi ; parce que la mort du chef et ses enfants, que nous déplorons, et la perte de nombreux autres frères, n’est autre chose que le gain que l’ennemi en face a eu. Alors, ressaisissons-nous dès maintenant… », s’est-il étalé, invitant le gouvernement à prendre toute la mesure de la situation en apportant une réponse adéquate.

« Nous sommes les grains de mil d’une même calebasse, … »

Face à l’ampleur des besoins, la délégation lance un appel à l’ensemble des Burkinabè à manifester leur élan de solidarité envers ces populations. « Que toutes les bonnes volontés convergent vers ce site, parce qu’effectivement, on nous a signalés qu’il y a des réfugiés à Barsalgho, mais aussi à Kelbo et un peu partout, et d’autres sont en train de venir. Je crois que c’est l’instant pour appeler à la solidarité nationale. Qu’on soit ONG, parti politique, association, c’est une action qui nous intéresse tous. Tous, nous devons nous sentir interpeller par cette question. Aucun Burkinabè ne doit souffrir de faim, ni de soif sur son territoire, à moins que nous ayons tous faim et soif », exhorte M. Dicko avant de rassurer ses interlocuteurs : « Nous reviendrons, tant que des réfugiés seront là. Ce qui est fait aujourd’hui est une première étape ».

Député UPC élu de la province d’où relève la commune de Barsalgho, Sanmatenga, Mathias Ouédraogo est allé dans le même esprit et a appelé à l’apaisement des cœurs. « Nous sommes de tout cœur avec vous. Vous n’êtes pas seuls dans cette épreuve. Nous sommes les grains de mil d’une même calebasse, la calebasse s’est inclinée, faisons en sorte qu’elle ne se renverse pas avec son contenu. Nous appelons les politiques, les coutumiers, les religieux, les associations, les personnes-ressources, à œuvrer à ce que revienne l’entente et que ces femmes et enfants retrouvent leur village. Nous avions tous vécu en parfaite harmonie et ce qui est arrivé est une épreuve difficile. Nous sommes les enfants d’une même famille et c’est à ce titre que nous disons que lorsqu’un membre déconne, il faut le punir pour servir d’exemple à toute la famille », a invité le député.

Après le site de Barsalgho, Amadou Diemdioda Dicko et son équipe ont mis le cap sur le village de Yirgou (théâtre des évènements) situé à 75 kilomètres au nord. Malgré les patrouilles des Forces de défense et de sécurité, les interlocuteurs n’ont pas voilé la peur qui règne actuellement dans le village et environnants. Et ce, après avoir retracé comment le chef et ses fils ont été tués. Le chef laisse derrière lui, environ 300 personnes dont il avait la charge, expliquent-ils.

Ils décrivent l’inquiétude qui y règne, du fait de la persistance des attaques dans les alentours. Selon leurs propos, la veille, jeudi, des attaques sont intervenues à une dizaine de kilomètres faisant des morts et des Biens détruits. Dans l’après-midi de vendredi, des attaques se seraient également perpétrées à quelques encablures de Yirgou.

A ce niveau également, la délégation a présenté ses condoléances aux familles éplorées. Elle a aussi apporté son soutien financier et demandé des prières pour non seulement le repos de l’âme des défunts, mais également et surtout pour que Dieu apaise les cœurs et pour la cohésion sociale.

La délégation était composée entre autres, et en plus de son chef, du secrétaire général du parti, Rabi Yaméogo ; du député Henriette Zoumbara ; les maires des arrondissements N°6 et N°7, Jean Nacoulma (par ailleurs président de l’Union nationale des jeunes de l’UPC) et Seydou Compaoré ; du président du groupe municipal UPC, Jean Léonard Bouda et du député Mathias Ouédraogo.

O.L
Lefaso.net

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