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Burkina Faso : L’Etat de droit vacille

Publié le lundi 7 janvier 2019 à 23h08min

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Burkina Faso : L’Etat de droit vacille

Le Burkina Faso, depuis quelques années, semble être à la croisée des chemins, au regard des évènements qu’il traverse. Des attaques terroristes à la grogne sociale, aujourd’hui, le pays est sérieusement mis à rude épreuve dans son vivre-ensemble, traduit par des « fractures sociales ».

L’état de droit est un concept juridique, philosophique et politique. Il implique la prééminence du droit sur le pouvoir politique dans un Etat et que tous, gouvernants et gouvernés, doivent obéir à la loi. L’Etat de droit peut aussi être résumé par la formule : « Nul n’est au-dessus de la loi ».

Endeuillé à la veille des préparatifs de la Saint-Sylvestre par le bilan de Toeni (localité située à 25 km de la ville de Tougan, province du Sourou, dans la région de la Boucle du Mouhoun), le pays est frappé de plein fouet par cet acte macabre du 1er janvier 2019 dans le village de Yirgou-Foulbè.

Grands et petits, riches et démunis, chacun se dit préoccupé par l’insécurité et surtout le laisser-aller des groupes d’autodéfense dans un Etat de droit. Ces propos récurrents traduisent des inquiétudes.

Depuis le début de la propagation de ces Koglweogo, l’attention des premières autorités a été attirée sur les risques encourus. Lorsqu’on sait que ces groupes ont commis des exactions sur des présumés coupables, ayant parfois occasionné des pertes en vies humaines. Il y a de quoi s’inquiéter et dire ouvertement que ces initiatives locales de sécurité ont contribué à dégrader le vivre-ensemble.

L’activité de ces initiatives commence sérieusement à menacer l’Etat de droit. Tant certaines pratiques ne s’accommodent pas du tout aux valeurs de l’Etat de droit. Longtemps, des spécialistes ont avisé : « Il faut éliminer la vermine avant qu’elle ne grandisse ».

Or, souvent, on nous fait comprendre que l’Etat est fort ; il a le monopole de la violence légitime. Il a les moyens pour mettre tout le monde au pas. A quoi voulons-nous aboutir en laissant des individus ouvrir une plaie difficile à cicatriser dans notre société ? Nous serons obligés, tôt ou tard, de faire cicatriser la plaie qui semble vouloir grandir à nos pieds par la fuite de responsabilités de certains.

Le pouvoir du président Kaboré commence-t-il à comprendre que la voie empruntée, en donnant un laisser-passer implicite aux groupes d’autodéfense, est celle de la perdition ? Cette politique de tâtonnement est encore développée par nos responsables avec des faits qu’on essaie de tronquer pour masquer la vérité au peuple. La seule chose qui tienne chez eux, c’est faire semblant sur les difficultés réelles de la société pour demander une trêve sociale.

Le problème social que vit le pays n’est pas tombé du ciel, tout d’un coup. Ils ont assisté à son développement. Ils ont encouragé sa croissance par leur silence, leur indifférence et leur participation. Au départ, il y a eu des excuses et surtout, une excuse suprême à certains niveaux par nos responsables pour dire que le peuple veut prendre sa défense où l’Etat n’arrive pas à assurer la sécurité des peuples.

C’est bien là que le pouvoir de Kaboré a trébuché. Le pouvoir actuel est sorti d’une transition. Même s’il n’y croyait pas, il savait au moins que le tissu social était fragile. Aujourd’hui, rien ne peut faire croire au peuple que la situation ne va pas s’exploser. La situation actuelle montre que les acteurs ont démissionné devant leur responsabilité d’instaurer le devoir envers le peuple, l’amour d’autrui dans le respect des lois.

Pour recoller les morceaux, il est nécessaire de bâtir les ponts de l’avenir vers des horizons de paix et de développement sur nos valeurs culturelles. Tout en bannissant la violence qui n’a jamais constitué une solution, nous devons travailler, lutter pour aboutir à un monde de justice, de paix et d’égalité dans le pays.

Cela qui permettra de sauvegarder le vivre-ensemble et d’établir les rapports de confiance pour les futures générations, afin de relever le défi du sous-développement.

Issoufou Ouédraogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 8 janvier 2019 à 04:31, par Albert En réponse à : Burkina Faso : L’Etat de droit vacille

    L etat de droit exige aujourd hui que les kogleweoogo et toutes les milices apparentees soient completement desarmes.Cela sera en quelque sorte une partie de la lutte contre le terrorisme car ces gens la a visages decouverts terrorisent nos populations et l etat ne dit rien et l etat ne fait rien.Les moyens pour les desarmer sont la sauf s il ya de la mauvaise volonte du cote du gouvernement.Les moyens existent sauf si le gouvernement est de meche avec toutes ces milices car j ai du mal a comprendre que nous puissions desarmer le rsp et restes impuissants devant les kogleweoogo et assimiles.Deja pour ce qui s est passe a yirgou il faut rendre justice aux pauvres peulhs en traduisant les criminels en justice dans des delais raisonnables.Sinon ce serait la preuve que le gouvernement chancelle devant les kogleweoogo.Eux sont des visages decouverts du terrorismes en beaucoup de cas et vous ne faites rien.Qu en sera t il de ceux qui nous attaquent a visage non identifie ?La justice a elle seule pourrait nous procurer un minimum de paix.Au lieu de parler de treve que le gouvernement s attele a ramener la justice dans tous les domaines

  • Le 8 janvier 2019 à 05:29, par le pays va mieux En réponse à : Burkina Faso : L’Etat de droit vacille

    Je suis désolé. Mais vous avez déplacé le débat. Les Koglewéogo n’ont rien à voir avec les attaques terroristes. Au contraire, ils ont contribué à ramener la quiétude dans certains coins du burkina. De mon humble avis, l’événement de yirgou tire sa source des failles dans la geste sécuritaire. Dites moi yirgou et tongomiel il y a combien de kilomètres ? Et la population va pourchasser des individus de yirgou jusqu’à tongomiel et revenir sans que les FDS ne soient à mesure d’intervenir pour parer au massacre.

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