LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Rétrospective 2018 : Une année noire pour l’école burkinabè

Publié le lundi 7 janvier 2019 à 00h55min

PARTAGER :                          
Rétrospective 2018 : Une année noire pour l’école burkinabè

Le secteur de l’éducation a été essentiellement marqué en 2018 par la fermeture d’écoles dans plusieurs localités due aux menaces terroristes. Au niveau de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, l’on retient surtout les prix engrangés par les enseignants-chercheurs burkinabè à l’extérieur.

Le 12 avril 2018, des hommes armés attaquent l’école primaire de Bouro, dans la commune de Nassoumbou. Une élève, Sakinatou Sana, est tuée. L’enseignant, du nom de Issouf Souabo, est enlevé et libéré plus tard. Cette attaque n’était que la concrétisation d’une menace qui planait depuis la rentrée scolaire 2017-2018 sur les enseignants du Sahel et du Nord.

Régulièrement menacés de mort, les enseignants sont contraints de déserter leurs postes. Des écoles sont incendiées ou fermées. Difficile donc d’évoquer l’année 2018 dans le secteur de l’éducation sans parler de la fermeture d’écoles due à la menace terroriste dans différentes localités du Sahel, du Nord et de l’Est du Burkina Faso.

Durant l’année écoulée, la menace terroriste aura ainsi occasionné la fermeture de 819 établissements scolaires à la date du 17 décembre 2018, avec des dizaines de milliers d’élèves privés de leur droit à l’éducation.

Néanmoins, le gouvernement mettra tout en œuvre pour sauver l’année scolaire de ces milliers d’élèves. Des sessions de rattrapage ont été organisées au profit des élèves des zones concernées, afin qu’ils puissent combler leur retard et prendre part aux examens de fin d’année lors de sessions spéciales organisées pour eux.

Et au terme de l’année scolaire 2017-2018, les taux de succès nationaux aux différents examens étaient de 64,77% pour le CEP au lieu de 72,32% pour la session 2017 ; 42,91% pour le BEPC, soit une progression de 14% par rapport à la session précédente qui était de 28,83%. Le CAP a enregistré un taux de succès de 49,52% et le BEP, un taux de 57,66%. Le taux de succès au premier diplôme universitaire, le BAC, est, lui, de 40,93%.

Ces chiffres n’intègrent pas ceux des examens spéciaux dédiés aux élèves du Nord et du Sahel qui n’avaient pas pu composer la session normale à cause de la situation sécuritaire dans ces zones.

Outre les menaces terroristes qui ont fait planer le doute sur l’année scolaire dans les régions du Sahel, du Nord et de l’Est, l’année scolaire écoulée a été durement éprouvée par quatre mois de grève des enseignants. Le 28 janvier 2018, le gouvernement et la Coordination nationale des syndicats de l’éducation (CNSE) signaient un protocole d’accord, mettant ainsi fin à quatre mois de bras de fer. Grâce à cet accord, l’année scolaire sera sauvée.

Quelques grèves à l’université…

Si 2018 peut être jugée comme une année plutôt calme au sein de l’enseignement supérieur, il convient néanmoins de relever que quelques grèves l’ont émaillée. Il s’agit entre autres de la grève initiée l’Union nationale des étudiants du Faso (UNEF), de la sous-section des Sciences économiques et gestion de l’Université Ouaga II (UO II). L’UNEF dénonçait une application différente du système LMD à l’UO II et qui leur porterait préjudice, contrairement à l’application qui est faite à l’Université Ouaga I Pr-Joseph-Ki-Zerbo. L’UNEF réclamait également le master pour tous, une effectivité de l’attestation de licence 2 et une meilleure programmation des devoirs, en les intercalant. Et pour avoir gain de cause, l’UNEF, en collaboration avec les délégués de l’UO II, décrète une grève de 72 heures du 14 au 17 mars 2018.

L’on peut également noter la grève engagée par la Fédération estudiantine et scolaire pour l’intégrité au Burkina Faso (FESCIBF) suite à l’acquisition de bus pour le transport des étudiants. Une manifestation pour dénoncer la volonté des autorités de confier la gestion des bus estudiantins à la SOTRACO, et le montant jugé élevé de l’abonnement au bus.

Les lauriers de la recherche scientifique…

2018 fut surtout une année au cours de laquelle les enseignants-chercheurs ont porté haut le drapeau du pays, avec d’excellents résultats au concours du CAMES et d’autres prix reçus à l’international.
Ainsi, le Pr Frédéric Ouattara, vice-président de l’Université Norbert-Zongo, a été lauréat du prix Afrique pour l’excellence de la recherche en physique spatiale. Désigné « Meilleur physicien spatial de l’Afrique » par l’Union américaine de la géophysique, il recevra son prix le 12 décembre 2018 à Washington DC, aux Etats-Unis.

Geneviève Zabré, docteure au sein du laboratoire de physiologie animale de l’Université Ouaga I Pr-Joseph-Ki-Zerbo, elle, a été lauréate du concours international « Ma thèse en 180 secondes » tenu le 27 septembre 2018 à Lausanne en Suisse. Un concours organisé par l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) et qui a réuni 18 candidats venus de nombreux pays.
Deux exemples qui montrent, si besoin en était encore, que les chercheurs burkinabè ont du mérite.

Et c’est d’ailleurs pour reconnaître et célébrer le mérite de ces chercheurs, que le ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation a initié la Nuit de l’excellence de la recherche scientifique. La première édition de cet événement, tenue le 14 décembre 2018, a permis de décerner quatre prix spéciaux et quatre prix d’excellence sur 23 candidatures reçues par le Jury.

Perspectives

L’année 2019 se veut une année au cours de laquelle doit être relevé le défi sécuritaire, afin de permettre aux enseignants de travailler dans la quiétude pour ne pas priver des milliers d’enfants de leur droit à l’éducation et hypothéquer ainsi l’avenir du pays. Certaines écoles de la province du Lorum seraient d’ailleurs rouvertes, a annoncé le ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation lors du Conseil d’administration du secteur ministériel (CASEM) de son département, tenu en décembre 2018. Le gouvernement doit donc redoubler d’efforts, afin de permettre la réouverture de toutes les écoles fermées, parce qu’il y va de l’avenir du pays.

A cela s’ajoutent la normalisation des écoles sous paillotes qui sont encore assez nombreuses sur toute l’étendue du territoire national, l’achèvement de cinq lycées techniques, cinq lycées professionnels, cinq collèges d’enseignement et de formation technique et professionnelle et de six lycées scientifiques, etc.

Au niveau de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, il s’agira surtout de travailler à la normalisation des années académiques en mettant fin aux chevauchements. Lors du CASEM de son département, le ministre Alkassoum Maïga a d’ailleurs décliné les chantiers de son ministère pour l’année 2019.

Il s’agit entre autres de la construction du siège de l’université virtuelle et la poursuite du processus de construction des espaces numériques ouverts dans les régions, le démarrage de la construction du premier pôle d’excellence à Gampela, la réalisation de l’étude de préfaisabilité des technopoles avec l’appui de l’Union européenne, la sécurisation foncière des sites des institutions nationales d’enseignement supérieur et de recherches, etc.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net}

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 7 janvier 2019 à 10:24, par SAAFI En réponse à : Rétrospective 2018 : Une année noire pour l’école burkinabè

    Le gouvernement de ROCK a eu la chance que le RSP a été vaincu au non de la transition. Sinon avec tout ce que le Burkina vie comme problème, et ils allaient encore faire un coup d’état. le général Gilbert Diendéré ne me dira pas le contraire.

  • Le 7 janvier 2019 à 22:21, par WT En réponse à : Rétrospective 2018 : Une année noire pour l’école burkinabè

    Malheureusement les acteurs se cachent souvent derrières des revendications légitimes mais trop exigeantes qui victimisent des innocents, les élèves. De nos jours, les élèves détestent surtout les enseignants non absentéistes. Pathétique, on est entrain de perdre des générations entières de promotions dans le public surtout. Quant au syndicalisme, il ne reste qu’à ouvrir un concours pour syndicalistes car ils n’ont plus de temps pour accomplir leurs tâches ordinaires. Les hommes politiques passent mais les syndicalistes demeurent et se perpétuent. Allons seulement !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Plongez dans l’univers infini de Space Fortuna Casino