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Accès à l’eau potable : WATA, la « solution révolutionnaire » d’Antenna

Publié le lundi 17 décembre 2018 à 00h45min

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Accès à l’eau potable : WATA, la « solution révolutionnaire » d’Antenna

Les communautés villageoises ont désormais la possibilité de fabriquer du chlore pour rendre plus potable leur eau de boisson. Cette technologie, inventée par Antenna, a été installée le vendredi 14 décembre 2018 à Sabtenga, localité située à une trentaine de kilomètres au Nord de la capitale.

En 2013, la mairie de Pabré a réalisé dix forages au profit des populations. Cela, en vue de leur servir de l’eau potable avec le concours de l’Officie national de l’eau et de l’assainissement (ONEA). Seulement, en dépit de ces efforts, le constat était que cette eau était toujours souillée du fait des difficultés inhérentes à son traitement et à sa manipulation.

La rupture du stock de chlore, les risques encourus par le fontainier qui se voyait obligé de monter sur le château pour y introduire des pastilles de ce produit étaient entre autres les difficultés qui participaient à salir l’eau de boisson servie à Sabtenga. « Nous injections, à des périodes bien définies, des pastilles de chlore dont la qualité n’est pas forcément de mise parce que ça vient d’ailleurs, dans le réservoir afin de rendre l’eau potable », reconnaît Stanislas Bonkoungou, agent à la Direction générale de l’eau potable du ministère de l’Eau et de l’Assainissement.

Une solution trouvée

Le salut des populations de Sabtengag vient d’Antenna, une « fondation suisse active dans la recherche scientifique et la diffusion de solutions technologiques, économiques et médicales en vue de répondre aux besoins essentiels des communautés les plus vulnérables ». Elle a mis au point un dispositif logistique permettant de fabriquer une solution concentrée de chlore 6g/l par électrolyse à partir de l’eau et du sel. « Notre solution est simple. Vous avez un appareil d’électrolyse, une pompe, des tubes, des plaques solaires et une batterie.

Le fontainier a juste besoin de remplir un seau d’eau dans lequel il met du sel. Il plonge l’appareil dans le seau. Au bout de quatre heures, le chlore est fabriqué. Il branche le seau à la pompe et celle-ci se charge d’envoyer le chlore dans le château d’eau. Après cela, l’eau est potable et propre à la consommation », a expliqué Jonas Leblanc, technicien d’Antenna Suisse.

« Un système révolutionnaire »

Ce dispositif simplifié de traitement de l’eau fera, selon les responsables de la commune rurale de Pabré, le bonheur des populations. « Il est vrai qu’avec l’ONEA, il y avait un traitement pour que l’eau soit potable, mais avec ce nouveau projet de rendre l’eau davantage potable, c’est un système simplifié où le fontainier n’a plus à monter sur le château avec tous les risques que cela comportait. Il ne court plus de risques en manipulant les produits. Le système WATA est simplement basé sur le sel, l’eau et l’électricité. Nous pensons que ce plus va simplifier davantage le travail du fontainier et va surtout profiter à la population qui va avoir de l’eau potable », a indiqué Anatole Douamba, deuxième adjoint au maire de Pabré.

Au ministère de l’Eau et de l’Assainissement, c’est une solution efficace qui est trouvée. « Le système WATA est autonome, qui ne demande que les rayons du soleil que nous avons permanemment, du sel qui est abondant dans les villages. Même ceux qui sont pauvres ont le sel. Avec le système, on produit du chlore qui sert à désinfecter l’eau et surtout à préserver la qualité de l’eau. Parce qu’une eau qui est laissée à elle-même sera infectée de bactéries. Le système est assez révolutionnaire et adapté au milieu rural », a ajouté Stanislas Bonkoungou, dont le service d’origine est chargé de servir de l’eau potable en milieu rural.

Passer à l’échelle

Le système WATA a été inventé il y a une vingtaine d’années. Il est déjà mis en œuvre dans plusieurs pays d’Europe et d’Asie au regard des facilités et possibilités qu’il offre de fournir les zones enclavées, en crise ou atteintes de catastrophes naturelles en eau potable. Il est surtout destiné à des communautés. Au Burkina, Sabtenga est le premier village à bénéficier de ce dispositif. « Le système coûte environ 5 millions de francs CFA. Ce qui est à la portée des communes », a indiqué Evariste Zongo, représentant pays d’Antenna.

Après Sabtenga, les promoteurs de la technologie WATA entendent passer à l’échelle en plaidant auprès des autorités communales afin qu’elles prennent en compte la dotation du système aux villages dans leurs budgets respectifs. A Pabré, cela est déjà dans les « tuyaux » de la mairie. « On pense qu’avec Antenna, on va tisser une collaboration comme ils l’ont souhaité pour que les autres châteaux d’eau que nous avons dans la commune puissent aussi bénéficier de ce système pour que l’eau potable soit une réalité dans la commune de Pabré », a souhaité Anatole Douamba.

Jacques Théodore Balima
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 17 décembre 2018 à 11:53, par sidwaya Gomis En réponse à : Accès à l’eau potable : WATA, la « solution révolutionnaire » d’Antenna

    A la lecture de cet article il convient de faire les remarques suivantes :

    1-Ce dispositif d’électrolyseur pour la chloration de l’eau n’est pas du tout une nouveauté au Burkina. Il y’ a plus de 20 ans que l’ONEA a utilisé un électrolyseur pour la 1ère fois et depuis lors je crois qu’il continue d’en utiliser et d’en installer dans plusieurs villes. Il me semble que cette technologie soit plus adaptée aux grandes villes où les volumes d’eau produits quotidiennement sont très importants.

    2- Le traitement par pastille de chlore est une technique de chloration tout aussi efficace que l’électrolyseur dont parle l’article et en plus bien adapté aux petits réseaux,

    3- L’électrolyseur à énergie solaire présente le gros inconvénient de ne pas être fonctionnel en l’absence de soleil (la nuit par exemple ou quand le ciel reste couvert plusieurs jours comme au mois d’août) ou pire de fonctionner avec des performances moindres (le débit de chlore injecté dans l’eau peut être inférieur au débit nécessaire pour traiter convenablement l’eau et ça c’est plus grave parce que quand ça ne fonctionne pas du tout le fontainier sait qu’il y a problème et ce qu’il faut faire),
    4-Le sel "consommé" par l’électrolyseur pour produire le chlore n’est pas le sel gemme de cuisine ; pour un bon fonctionnement de l’électrolyseur avec de bonnes performances, il faut utiliser du sel fabriqué pour cela ; avec le sel de cuisine que l’on trouve partout comme le dit l’article, l’appareil ne fonctionnera pas correctement et sera physiquement vite amorti ;

    5-Avec un électrolyseur il faut utiliser une pompe doseuse ce qui contribue à complexifier davantage l’installation et l’exposer à plus de risques de panne c’est à dire à des risques de distribution d’eau non traitée et d’interventions fréquentes d’un maintenancier : le travail du fontainier s’en trouve plus compliqué

    En somme, WATA, c’est sûr que ça peut être une bonne solution mais c’est aussi sûr que ce n’est pas forcément adapté à tous les cas de réseau de distribution d’eau ; l’enjeu c’est de réaliser un optimum entre le coût d’investissement, le coût d’exploitation et l’efficacité.

    Attention donc à ne pas se laisser fasciner par la 1ère technologie "nouvelle" que l’on rencontre. Une solution qui semble artisanale peut être plus optimale qu’une technologie qui semble moderne.

    Ensuite, évitons de mêler nos têtes couronnées (visibles sur la photo) à des choix hasardeux auxquels ils ne comprennent pas forcément grand chose.

  • Le 17 décembre 2018 à 16:45, par Le vigilant du Sahel En réponse à : Accès à l’eau potable : WATA, la « solution révolutionnaire » d’Antenna

    Tout à fait d’accord avec l’internaute Sidwaya Gomis. dans les années 2000, la société Vergnet avait tenter une expérience semblable à Houndé en installant un système de chloration, mais l’expérience a tourné court. En réalité, il nous manque des ressources humaines de qualité et de l’énergie. Même le solaire n’est pas une solution durable. N’importe qui apporte sa technologie et on applaudit à tout rompre. A quand une technologie inventée par des Burkinabè ? C’est la seule alternative crédible à même de nous sortir des sentiers battus.

  • Le 18 décembre 2018 à 17:17, par Burkinavant En réponse à : Accès à l’eau potable : WATA, la « solution révolutionnaire » d’Antenna

    Hé Burkinabé,

    Quelqu’un vient vous proposer quelque chose, et vous le recevez ainsi. Ces messieurs travaillent sous le regard du ministère de l’eau. Là ou ils ont offert gratuitement le dispositif et ils ont dit qu’il est en expérimentation, c’est l’ONEA qui est opérateur. Çà veut dire qu’ils veulent du sérieux,et trouver la solution avec les burkinabé
    Si vous pouvez les approcher et leur donner vos différents appuis je suis sur qu’on trouvera la solution ; la science est universelle, elle va se construire avec les burkinabé certes, mais pas sans les autres.
    Tout le monde sait que la problématique de traitement de l’eau des AEPS est une réalité !!!!!

  • Le 18 décembre 2018 à 17:19, par Burkinavant En réponse à : Accès à l’eau potable : WATA, la « solution révolutionnaire » d’Antenna

    AIE,

    Quelqu’un vient vous proposer quelque chose, et vous le recevez ainsi. Ces messieurs travaillent sous le regard du ministère de l’eau. Là ou ils ont offert gratuitement le dispositif et ils ont dit qu’il est en expérimentation, c’est l’ONEA qui est opérateur. Çà veut dire qu’ils veulent du sérieux,et trouver la solution avec les burkinabé
    Si vous pouvez les approcher et leur donner vos différents appuis je suis sur qu’on trouvera la solution ; la science est universelle, elle va se construire avec les burkinabé certes, mais pas sans les autres.
    Tout le monde sait que la problématique de traitement de l’eau des AEPS est une réalité !!!!!

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