Des dizaines de tonnes de vivres ont été détournées de leur destination initiale, à savoir les populations affamées de l’Oudalan, sur un total de 239 tonnes offertes gracieusement par une mécène. L’affaire implique des personnes, et non des moindres, de la province de l’Oudalan. Le pot aux roses a été découvert le 4 juin dernier, lorsque la police a arraisonné un camion chargé de 200 sacs de mil et sortant de Gorom-Gorom. Renseignements pris, le chargement appartiendrait à un haut responsable de la province. L’affaire n’ira pas loin. Mais la gendarmerie la déterrera et la mènera jusqu’à son terme.

Les vivres détournés ont été vendus à des commerçants. On cite le cas de vivres vendus à Dori à un commerçant pour un coût de 1 750 000 FCFA. D’autres stocks ont été placés sur les marchés de Déou et Markoye. On estime à près de 6,5 millions de FCFA le fruit de la vente du mil détourné. Un complice de l’opération, sans doute grugé par les autres membres de la bande, a avoué les faits.
Gorom-Gorom n’est pas à son premier cas de malversations sur des vivres.

En cette période de crise alimentaire, certains y ont vu une source d’enrichissement (illicite). Les vivres du gouvernement à prix social avaient déjà fait l’objet de pratiques mafieuses. La mauvaise organisation de la distribution a entraîné un grand mécontentement au sein de la population. Un homme est même mort à la porte du magasin de vivres, probablement de faim. Toutes ces affaires ont créé une crise de confiance entre l’Administration et la population.

Celle-ci avait d’ailleurs projeté de marcher pour manifester sa déception. Pour l’instant, on ne peut que féliciter la détermination de la gendarmerie et de certaines personnalités de la province et même de la région du Sahel pour que toute la lumière soit faite sur ces détournements. Il est inacceptable que de telles pratiques aient cours au détriment de populations en difficulté.

Par Mahorou KANAZOE
Le Pays