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Relations sino-burkinabè : Bilan satisfaisant après six mois de coopération

Publié le mardi 11 décembre 2018 à 23h51min

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Relations sino-burkinabè : Bilan satisfaisant après six mois de coopération

Le 24 mai dernier, le Burkina annonçait la rupture de ses relations diplomatiques avec Taïwan pour se tourner dorénavant vers la République populaire de Chine. Six mois après, l’axe Ouagadougou-Pékin se porte bien. Dans l’interview ci-après, le point focal de la République populaire de Chine au Burkina Faso, Karim Démé, fait le bilan des six mois de relations entre les deux pays.

Lefaso.net : Il y a six mois de cela, le Burkina faisait le choix de la République populaire de Chine au détriment de Taïwan. Selon vous, quelles sont les raisons qui ont prévalu à ce choix ?

Karim Démé (K.D.) : Il faut reconnaître que la République populaire de Chine fait partie des pays du G5, donc les plus puissants du monde. Dans plusieurs domaines, « l’Empire du milieu » occupe une place de choix. Sur le plan économique, la République populaire de Chine est la première puissance mondiale. Ce rang lui confère un certain nombre d’atouts, de privilèges dans presque tous les domaines.

L’industrie par exemple (…) se porte bien et est très florissant. Le pays attire tous les hommes d’affaires et investisseurs du monde. A la dernière édition de cette foire [foire de Guangzhou, ndlr], tenue du 15 octobre au 4 novembre derniers, plus 150 hommes d’affaires étaient au rendez-vous avec à la clé de fructueuses rencontres B2B.

Sur le plan scientifique, la Chine occupe la deuxième place dans le monde depuis plus d’une dizaine d’années. Vous l’aurez remarqué, les appareils électroniques étaient très chers et le citoyen moyen ne pouvait se les procurer. Mais aujourd’hui, faites le constat vous-même. Presque tout le monde peut se payer un petit téléphone portable, les foyers s’achètent facilement des postes radio et/ou téléviseurs. Bref, cette avancée technologique de la Chine est palpable et a participé à l’amélioration des conditions de vie des populations de nos villes et campagnes.

Sur le plan diplomatique, la République populaire de Chine est aujourd’hui un acteur indispensable de la marche du monde. Elle est membre permanente du Conseil de sécurité des Nations unies. A ce titre, son point de vue compte sur les grands dossiers du monde en lien notamment avec les conflits et guerres. L’Empire du milieu occupe une place stratégique dans le monde et dispose d’une forte relation diplomatique et dynamique avec presque tous les pays du monde.

Lefaso.net : Qu’est-ce que le Burkina Faso gagne concrètement en renouant ses relations diplomatiques avec la République populaire de Chine ?

K.D. : Le Burkina Faso gagne beaucoup avec la République populaire de Chine. Je vous cite juste quelques exemples concrets en seulement six mois de coopération :
- Dans le domaine de la santé, la République populaire de Chine a fait don d’un grand hôpital à vocation sous-régionale, d’un coût global estimé à plus de 100 milliards de F CFA. Les travaux de ce centre de santé de référence vont débuter en 2019 à Bobo-Dioulasso.

Toujours dans cette rubrique, Wang Yong, chef de la mission médicale chinoise, et son équipe de huit médecins sont au Burkina Faso depuis juillet dernier. En moins de six mois, ils ont soigné 700 hommes et femmes à l’hôpital de Tengandogo et à l’hôpital de l’Amitié de Koudougou. Ils ont assisté avec succès à des interventions chirurgicales de 60 patients.

- Les experts agricoles chinois conduits par Liang-Xiaoping ont formé, dans onze régions du Burkina Faso, plus de 300 cultivateurs pour améliorer quantitativement et qualitativement la production agricole. La Chine entend ainsi doubler la production du riz et du mil dans les trois prochaines années.

- Au ministère en charge de la Formation professionnelle, l’équipe de l’assistance chinoise est conduite par monsieur He Yuexun. Environ 830 apprenants des centres de formation professionnelle bénéficient de leurs enseignements.

- Les hommes d’affaires gagnent aussi leur compte dans cette coopération dynamique. Courant octobre-novembre derniers, plus de 150 acteurs de l’économie burkinabè sont allés découvrir les énormes potentialités qu’offre la République populaire de Chine. C’est à l’occasion de la foire de Guangzhou.

Dans la même lancée, en novembre dernier, une délégation de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso a participé à l’exposition internationale d’importation de la Chine à Shanghai. A cette occasion, les produits « made in Burkina » ont suscité un grand intérêt pour les hommes d’affaires chinois.

- Depuis le début de la reprise des relations diplomatiques, le volume des produits importés du Burkina Faso a triplé et atteint aujourd’hui plus de 71 millions de dollars, soit environ 42 milliards de F CFA.

- 30 journalistes issus des médias publics et privés séjournent présentement en formation de trois semaines en Chine. L’objectif affiché étant de découvrir l’Empire du milieu, mais aussi se perfectionner.

- Sur le plan de la sécurité, un apport important est attendu de nos partenaires chinois.

Lefaso.net : Quelle est la vision du développement de la République populaire de Chine ?

K.D. : De mon point de vue, cette vision du développement de la République populaire de Chine tire sa sève nourricière dans le discours de son Excellence Monsieur le président Xi Jinping lors du Forum sur la coopération sino-africaine de Beijing, le 3 septembre 2018.

Lefaso.net : Déclinez-nous les principes de cette coopération chinoise.

K.D. : Dans la coopération, la Chine est attachée aux principes de sincérité, d’amitié et d’égalité.

Dans la coopération, la Chine est attachée aux principes des intérêts communs et de la primauté de l’amitié.

Dans la coopération, la Chine est attachée aux principes du pragmatisme, de l’efficacité et du développement pour le peuple. La Chine se donne pour mission d’apporter une nouvelle et plus grande contribution à l’humanité. Elle entend travailler main dans la main avec les autres pays pour construire une communauté de destin pour l’humanité, développer des partenariats à travers le monde, renforcer l’amitié et la coopération et explorer une nouvelle voie du développement des relations entre Etats fondées sur le respect mutuel, l’équité, la justice et la coopération gagnant-gagnant, de sorte à rendre le monde plus pacifique et plus sûr et à assurer une vie meilleure à tous.

Lefaso.net : Quel est l’apport de la Chine dans la gouvernance mondiale face aux enjeux de la mondialisation ?

K.D. : Face aux enjeux de notre époque, la Chine prendra une part active à la gouvernance mondiale en poursuivant le principe dit « consultations, coopération et bénéfices pour tous ». La Chine est un bâtisseur de la paix mondiale, un contributeur au développement dans le monde et un défenseur de l’ordre international.
La Chine poursuit la voie de l’ouverture et de la coopération gagnant-gagnant, défend avec détermination une économie mondiale ouverte et le système commercial multilatéral, et s’oppose au protectionnisme et à l’unilatéralisme. Celui qui s’isole sur une île déserte n’a pas d’avenir.

Lefaso.net : Dites-nous les fondements sur lesquels la Chine compte s’adosser pour construire le destin Chine-Afrique ?

K.D. : Dans le but de construire une communauté de destin Chine-Afrique encore plus solide dans cette nouvelle ère, la Chine entend travailler en étroite coopération avec l’Afrique pour mettre en œuvre en priorité « huit initiatives majeures » dans les trois ans à venir et au-delà, à savoir : l’initiative pour la promotion industrielle, l’initiative pour l’interconnexion des infrastructures, l’initiative pour la facilitation du commerce, l’initiative pour le développement vert, l’initiative pour le renforcement des capacités, l’initiative pour la santé, l’initiative pour les échanges humains et culturels et enfin l’initiative pour la paix et la sécurité.

Avec de telles initiatives, je peux vous assurer que le destin de l’Afrique ainsi que du Burkina Faso changera d’une manière drastique d’ici trois ans.

Lefaso.net : La République populaire de Chine est un grand pays, un pays industrialisé. Comment compte-t-elle aider le pays des Hommes intègres dans sa marche vers le développement ?

K.D. : Cette aide peut se faire à travers le renforcement des compétences des cadres de l’administration publique et privée ; l’octroi des bourses de formations aux jeunes burkinabè qui seront formés dans les meilleures universités chinoises et dans les filières porteuses ; la construction des grandes infrastructures telles que des routes, des ponts, des barrages, des usines de transformation des produits locaux, le réseau ferroviaire, des centrales d’électricité de grande capacité et l’appui à la réalisation d’autres projets de développement que l’Etat va juger prioritaires.

Lefaso.net : Taïwan était sur plusieurs chantiers de développement. La République populaire de Chine devrait faire mieux. Comment doit-elle agir sur le terrain pour atteindre cet objectif ?

K.D. : Bien sûr que la République populaire de Chine fera mieux que sa province Taïwan. Faites le constat vous-même, en six mois de relations, les lignes ont bougé. La Chine intervient sur de grands projets structurants (…). Pour mémoire je vous rappelle que l’évaluation de la contribution de Taïwan pour le Burkina Faso selon les sources du ministère des Affaires étrangères est estimée à 270 milliards en 24 ans de coopération.

Au niveau sectoriel, l’Empire du milieu est bien présent aussi bien dans les départements de la santé, de la formation professionnelle que dans l’agriculture. Tous les secteurs de développement verront la touche des Chinois pour peu que le pays en exprime le besoin.

Lefaso.net : Pour espérer voir le Burkina Faso comme la République populaire de Chine en termes de développement, quels conseils pouvez-vous donner aux différents acteurs ?

K.D. : Si vous permettez, je ne parle pas comme un donneur de leçons. Je pense modestement que nous devrions travailler dur et dans la discipline. L’Etat doit connaître les priorités de développement du pays ; les décideurs doivent élaborer des textes de lois qui encadrent davantage le commerce et les affaires et l’ensemble de la population doit être sensibilisé à la nécessité de bâtir un Etat moderne et prospère où tout le monde gagne son compte.

Lefaso.net : Dites-nous quel est votre message aux Burkinabè qui doutent de cette coopération ?

K.D. : C’est d’abord un mot de remerciement à la presse et au peuple burkinabè qui a accueilli avec enthousiasme cette nouvelle coopération. Je tiens à les rassurer que la République populaire de Chine travaillera aux côtés du peuple burkinabè pour mériter sa confiance légendaire. Nous nous donnons rendez-vous dans six mois, encore pour évaluer le chemin parcouru. Je profite de l’occasion pour vous annoncer que le 17 décembre, SEM Li Jian, ambassadeur de la République populaire de Chine, donnera un point de presse à 16h à l’ambassade, à Ouaga 2000.

Lefaso.net

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