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Situation sécuritaire au Burkina : Une préoccupation à la loupe de Free Afrik

Publié le jeudi 29 novembre 2018 à 00h24min

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Situation sécuritaire au Burkina : Une préoccupation à la loupe de Free Afrik

« Terrorisme : pourquoi ? Que faire ? ». C’est autour de ce thème que l’institut Free Afrik a tenu, vendredi, 23 novembre 2018 à Ouagadougou, un panel sur l’insécurité au Burkina.

Pour décortiquer le thème, l’institut Free Afrik a fait appel à des spécialistes de la question. Il s’agit de l’expert en sécurité, Sadou Sidibé ; du chercheur Mahamoudou Savadogo ; et du chercheur Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, directeur exécutif de Free Afrik.

Le ton des communications a été donné par Sadou Sidibé. Celui-ci va d’abord expliquer que les facteurs du phénomène terroriste au Burkina sont endogènes et exogènes. Dans le premier volet, l’ancien secrétaire général du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation relève les facteurs politiques (corruption, incivisme défiance de l’autorité de l’Etat...), les facteurs socio-économiques (chômage, pauvreté, crises liées au foncier...) et ceux socio-culturels. En ce qui concerne les facteurs exogènes, l’expert a présenté le contexte international, notamment sous-régional, notamment avec la situation au Mali voisin.

Dans une cartographie globale de la situation nationale, Mahamoudou Savadogo a relevé que l’occupation rapide de la région de l’Est par les groupes mal intentionnés trouve aussi son explication dans le fait qu’elle est la deuxième région la plus pauvre du pays.
Ce qui a constitué un terrain favorable pour les ces forces du mal qui se sont ainsi positionnées comme défenseurs des populations. Aujourd’hui, alors que les zones de chasse sont toujours interdites d’accès aux autochtones, les groupes terroristes, eux, contrôlent des sites d’or situés dans la zone.

Le directeur exécutif de Free Afrik, Ra-Sablga Seydou Ouédraogo

Le troisième intervenant, le directeur exécutif de Free Afrik, Dr Ra-Sablga Ouédraogo, note que les facteurs internes sont plus déterminants (même si les facteurs exogènes, tels que les enjeux géo-stratégiques du Sahel ou la crise libyenne, peuvent aussi expliquer le phénomène). Dr Ouédraogo revient ici sur l’ère Compaoré où, selon lui, le Burkina était présenté comme refuge pour des groupes terroristes.

Toujours sur les facteurs endogènes, il identifie entre autres la désorganisation de l’administration ; la désarticulation de l’armée et du système de renseignement après la chute de l’ancien président Blaise Compaoré ; le problème de commandement et le manque d’équipement des Forces de défense et de sécurité ; la frustration et le sentiment d’injustice des populations du Sahel et de l’Est qui ont l’expression d’être des oubliées et des exactions dont elles sont victimes de la part de ceux qui sont censés les protéger.

Le directeur de Free Afrik déplore également un débat public de « mauvaise qualité » qui ne donne pas la priorité au défi sécuritaire qui, pourtant est, selon lui, le plus grand auquel le Burkina doit faire face.

Au même moment, compare-t-il, le montant alloué chaque année au titre des Fonds communs au ministère de l’Economie, des Finances et du Développement est en constante hausse (atteignant près de 60 milliards F CFA en 2017), alors que la part des dépenses militaires dans les dépenses publiques sont, quant à elles, en chute libre depuis 2015. Elles étaient évaluées à 5% de l’ensemble des dépenses en 2017, alors qu’elles s’élèvent à 17% au Mali.

Ce qui, de son avis, crée un hiatus entre le discours politique qui érige la lutte contre le terrorisme en grande cause nationale et la réalité du budget qui laisse transparaître que vaincre le fléau n’est pas la première des priorités des gouvernants.

C’est pourquoi il estime qu’une partie de la solution implique la construction d’un élan national pour la défense et la sécurité, la réforme et la mise à niveau des Forces de défense et de sécurité ainsi que la refonte du débat public pour donner la priorité au plus important.

L’expert Sadou Sidibé propose, lui, l’élaboration d’une stratégie nationale de prévention et de lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent, le renforcement des capacités organisationnelles et opérationnelles des Forces de défense et de sécurité, notamment au niveau des frontières, la restauration de l’autorité de l’Etat ainsi que la mise en place de programmes pour répondre aux besoins des communautés à la base, l’implication des chefs coutumiers, œuvrer à donner du sens à l’identité nationale.

Rappelons que Free Afrik est un institut à but non-lucratif dédié aux activités de formations, de recherches et d’études économiques pour l’Afrique (https://free-afrik.org/).

OL
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Vos commentaires

  • Le 29 novembre 2018 à 06:20, par AMADOU En réponse à : Situation sécuritaire au Burkina : Une préoccupation à la loupe de Free Afrik

    Vous avez tout dit l’armée n’existait que par le RSP. Une milice au service d’un homme. Et ce qui devrait arriver arriva. Le RSP est mort avec la fuite de son mentor mais aussi par ses exactions. L’armée est à refaire

  • Le 29 novembre 2018 à 07:33, par AMADOU En réponse à : Situation sécuritaire au Burkina : Une préoccupation à la loupe de Free Afrik

    Vous avez tout dit l’armée n’existait que par le RSP. Une milice au service d’un homme. Et ce qui devrait arriver arriva. Le RSP est mort avec la fuite de son mentor mais aussi par ses exactions. L’armée est à refaire

  • Le 29 novembre 2018 à 08:33, par Sarko En réponse à : Situation sécuritaire au Burkina : Une préoccupation à la loupe de Free Afrik

    Monsieur Ra le Sabalga, tu veux justifier l’ argent que tes bailleurs de fonds t’ on alloué sinon je ne vois rien de nouveau dans tout ce qui a été dit . C’ est du déjà entendu . Maintenant que la parole est libre chacun bombe la poitrine pour nous dire qu’ il est expert et vient pomper l’ air aux gens . Ce n’ est pas la faute aux agents du MINEFID si tu n’ as pu t’ inscrire comme assistant à l’ université de ouagadougou . Dans aucun pays du monde , les dépenses militaires inscrites dans le budget ne sont réelles . Comment un pays qui reçoit beaucoup d’ aides publiques peut il augmenter drastiquement ses dépenses soit disant militaires ? J’ invite les agents du MINEFID a jeté un regard sur les déclarations fiscales de cet ancien militant bourgeois de l’ ANEB..

    • Le 29 novembre 2018 à 14:53, par Hum En réponse à : Situation sécuritaire au Burkina : Une préoccupation à la loupe de Free Afrik

      Sarko,
      et pourtant Ra-sablga est bel et bien assistant en sciences économiques à l’UFR-SEG de l’Université Ouaga 2 depuis plusieurs années.
      Il y enseigne, entre autres, l’économie bancaire.
      Même si vous détestez la personne, évitez de mentir de façon aussi éhontée. De plus, ne nous prenez pas pour des nez percés.

    • Le 29 novembre 2018 à 16:12, par Fasolibre En réponse à : Situation sécuritaire au Burkina : Une préoccupation à la loupe de Free Afrik

      Au vu de votre pseudo, j’aurais pu me taire sur votre post sauf qu’il contient des contre-vérités. Pourquoi tant de haine et de calomnies ? Dr Rassablga est pourtant bel et bien enseignant chercheur à l’Université de Ouaga. Il faut bien se renseigner avant de s’exprimer. Si c’est un ancien de l’ANEB, c’est tant mieux.

  • Le 29 novembre 2018 à 09:43, par TANGA En réponse à : Situation sécuritaire au Burkina : Une préoccupation à la loupe de Free Afrik

    Je vous arrête tout de suite quand vous affirmez que dans l’est du pays c’est la pauvreté qui a porté les populations à croire aux envahisseurs. NON !
    Si tel était le cas, qu’est ce que ces envahisseurs ont donné ou proposé aux autochtones ?
    Mes chers, les envahisseurs comme leur nom l’indique viennent d’ailleurs. Ce sont des bandits payés pour déranger le pays afin que les dirigeants acceptent les bases étrangères, la concession des permis d’exploitation et autres.

  • Le 29 novembre 2018 à 10:18, par Neekre En réponse à : Situation sécuritaire au Burkina : Une préoccupation à la loupe de Free Afrik

    Monsieur Sarko, pourquoi cette colère et cette haine qui transparaissent dans vos commentaires ? Ainsi donc Dr Rasablga est aigri parce qu’il n’a pas pu s’inserer à l’UO ? Ainsi , il fut un ancien militant bourgeois de l’ANEB ?
    Alors dans le debat de fond sur le sujet, vous dites quoi ? On a besoin de contributions pour aller de l’avant.
    Dr Rasablaga a certainement des defauts, mais ce n’est pas un adepte de la courte echelle et de la facilité.

  • Le 29 novembre 2018 à 13:36, par le soucieux En réponse à : Situation sécuritaire au Burkina : Une préoccupation à la loupe de Free Afrik

    Les experts oublient de dirent que la majeur de la population du sahel aime la courte échelle. Des populations qui ne veulent pas travailler et gagner leur pitance à la sueur de leurs fronts. Même leurs intellectuels, ils préfèrent s’assoir et bavarder en avançant des thèses comme ce sont eux qui connaissent tout. Regardez aux niveau des carrefours et yaars, c’est eux et leurs enfants. Vous ne pouvez pas éduquer ou enseigner vos enfants à la mendicité et vouloir le développement de vos localités. Rien que des égoïstes en puissance dans la société. C’est douloureux, mais il faut le dire quand même. Merci pour votre dévouement pour trouver une solution à la sécurité de notre pays. A l’allure ou nous partons tous, il faudrait que nos FDS réagissent et disent crument les choses afin qu’une solution soit trouvée. Quand on écoute le jugement du coup d’état, sachez que vos populations discernent et vous regardent. Mettez les compteurs à zéro et on reparts de plus belle. Courage à tous et que Dieu nous guide et bénisse le Faso.

  • Le 3 décembre 2018 à 03:44, par Togs sida En réponse à : Situation sécuritaire au Burkina : Une préoccupation à la loupe de Free Afrik

    Félicitations aux organisateurs de ce panel. Il est vrai que le débat sur la crise terroriste qui frappe nos pays est bien pauvre. Et pour cause : la recherche sur la question est encore à ses débuts en Afrique et beaucoup de prétendus experts parlent avec certitude de ce qu’ils ne savent pas. Malheureusement, en Afrique, beaucoup de nos chercheurs n’ont pas accès aux résultats de la recherche qui se fait dans d’autres parties du monde sur les questions sécuritaires tels que le terrorisme même quand ces résultats sont ouverts au public. Un seul article dans une revue scientifique respectable qui traite de ces questions avec la rigueur scientifique voulue vous coutent facilement 40 à 50 dollars. Félicitations encore aux panelistes mais prenons le temps de bien nous former sur ces questions dont nous parlons trop rapidement avec certitude. Merci.

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