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Entreprenariat dans les Pays les moins avancés : Un rapport relève la nécessité de changer de cap

Publié le jeudi 22 novembre 2018 à 00h42min

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Entreprenariat dans les Pays les moins avancés : Un rapport relève la nécessité de changer de cap

La Conférence des nations unies sur le commerce et le développement a publié son rapport 2018 sur les pays les moins avancés. Cette année, c’est l’entreprenariat qui est au centre du document. Le Burkina Faso à travers Ouagadougou a été à l’honneur en accueillant le lancement officiel du rapport dont le thème est « L’entreprenariat au service de la transformation structurelle : Changer de cap ». C’était le 19 novembre. Il ressort essentiellement que les pouvoirs publics des pays pauvres doivent soutenir en priorité les entreprises dynamiques et adopter des politiques pour les aider à prospérer, créer des emplois et à transformer l’économie.

Le Burkina Faso a été choisi pour accueillir le lancement du rapport 2018 de la Conférence des nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), en raison du thème de cette année : l’entreprenariat. Il ressort que le « Burkina Faso est l’un des rares pays les moins avancés à avoir travaillé de manière stratégique en matière d’entreprenariat ». Le ministre de la jeunesse, de la formation et de l’insertion professionnelles qui a présidé le lancement du rapport a d’ailleurs reconnu que la création d’emplois décents pour la population en forte croissance reste l’un des défis majeurs du gouvernement. « C’est pourquoi nous avons opté de faire de la promotion de l’auto-emploi, une alternative à la lutte contre le chômage des jeunes », a expliqué le Dr Smaila Ouédraogo.

smaila ouedraogo

« L’entreprenariat au service de la transformation structurelle : changer de cap », c’est le thème du rapport 2018 qui concerne 47 pays désignés par l’Organisation des nations unies comme étant pays moins avancés. Le rapport examine les conditions nécessaires à la création et au développement des entreprises à fort impact dans ces pays dont la plupart sont en Afrique subsaharienne, certains en Asie et plusieurs Etats insulaires. Le rapport 2018 de la CNUCED révèle que plusieurs caractéristiques structurelles de l’économie des PMA tendent à affaiblir l’entreprenariat et la croissance des entreprises.

Il s’agit du manque de financement, d’infrastructures et d’institutions, la pauvreté, les obstacles à l’avancement des femmes, le cout élevé de l’immatriculation des sociétés et la présence de risques politiques, économiques et environnementaux importants. Ces entraves ont pour conséquences de faire des sociétés de ces pays, des micro-entreprises ou de petites entreprises, et 58% des entreprises formelles ont 20 employés ou moins.

En outre, dans les PMA, 3 entreprises sur 4 subissent des coupures d’électricité, ce qui occasionne des couts supplémentaires, en particulier pour les micro-entreprises et les petites entreprises. Les pesanteurs socio culturels sont également une réalité qui freine l’émergence d’entreprises viables. 32 PMA ont des lois qui interdisent aux femmes d’exercer certaines professions.

En ce qui concerne l’utilisation d’internet, les inégalités entre hommes et femmes sont plus marquées dans les PMA (14,1% des femmes utilisent internet contre 21% des hommes) que dans les autres pays en développement et les pays développés. Pour ce qui concerne la facilité de faire des affaires, 32 des 47 PMA se situent dans un niveau inférieur, ce qui indique un environnement peu favorable aux entreprises.

Un entreprenariat par nécessité et le rôle de l’Etat

Le rapport note aussi que dans les PMA, les rares personnes qui se lancent dans l’entreprenariat le font par nécessité. Dans les 47 pays, « Les jeunes entrepreneurs sont en moyenne 1,7 fois plus nombreux à se dire entrepreneurs par choix plutôt que par nécessité, alors que 2,8 fois plus nombreux dans les pays en développement ». Ce type d’entreprenariat impliquent des activités de petite échelle et à faible valeur.

Un travail indépendant (qui représente 70% de l’emploi total), de micro-entreprises et petites entreprises informelles dont les perspectives de survie, de croissance et la propension à innover sont faibles. Les politiques entrepreneuriales servent le plus souvent à pallier le chômage et à remédier à des inégalités structurelles.

Pour changer la donne, la CNUCED invite les pouvoirs publics des PMA à encourager les entrepreneurs et les entreprises établies qui exploitent les possibilités de créer des emplois, des produits et des services novateurs, et de mener des activités dynamiques ayant un effet de transformation et d’entrainement sur l’ensemble de l’économie. « Pour favoriser le développement des entreprises qui comptent dans la perspective d’une transformation économique en profondeur, il faut changer de cap. Les pays doivent dépasser l’approche consistant à créer un environnement propice aux affaires, à remédier aux défaillances des marchés et à soutenir les petites entreprises », peut-on lire dans le rapport 2018.

C’est un document de travail, a relevé le ministre en charge de la jeunesse, de la formation et de l’insertion professionnelles qui, selon lui, permet d’avoir un diagnostic sur la situation de chaque pays en Afrique. Pour lui, le Burkina Faso a opéré d’importantes reformes dans le domaine de l’entreprenariat, parce que conscient que « seuls les emplois formels, de l’administration publique ne peuvent venir à bout des millions de personnes qui vivent sans emplois ». L’entreprenariat est donc un outil de lutte contre le chômage, « on peut s’auto-employer et être source de création d’emplois pour d’autres », a poursuivi Dr Smaila Ouédraogo.

Pour sa part, Bineswaree Bolaky, économiste à la division de l’Afrique, les PMA et les programmes spéciaux, le Burkina Faso qui est déjà doté d’une stratégie nationale pour la promotion de l’entreprenariat féminin, et une autre dans le cadre du développement de l’entreprenariat agricole est un bon élève.
De façon générale, elle explique que la CNUCED suggère une coordination et une cohérence entre les programmes de développement, des politiques industrielles et les programmes qui vont viser le développement de l’entreprenariat par choix.

Bineswaree Bolaky qui a présenté les grandes lignes du rapport 2018 a ajouté qu’il faut « dresser les obstacles auxquels les entrepreneurs par choix font face, aider les entrepreneurs à avoir accès à des financements dans la durée, des politiques publiques pour appuyer non seulement l’émergence, la création de nouvelles entreprises , mais aussi soutenir ces entreprises durant toutes leurs étapes de vie pour les aider à s’épanouir, à devenir plus grandes pour tirer les opportunités sur les marchés des exportations et autres qui proviennent de l’économie numérique ».

Le manque d’emploi dans le secteur formel conduisant l’entreprenariat par nécessité, elle a noté la nécessité de la mise en place des politiques industrielles, de développement pour créer plus d’emplois dans le secteur formel et absorber tous ces entrepreneurs par nécessité.
Une fois que cela est fait, on peut mettre des politiques plus ciblées sur les entrepreneurs par choix, qui veulent entreprendre pour innover, capable de provoquer plus de croissance économique, aider le Burkina Faso à avoir une économie plus moderne, compétitive.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 22 novembre 2018 à 02:09, par Substance Grise En réponse à : Entreprenariat dans les Pays les moins avancés : Un rapport relève la nécessité de changer de cap

    La concurrence déloyale de la part des agents de l’administration et des hommes politiques est le frein capital au developpement d’un vraix secteur privé entrepreneurial.
    En effet ces derniers not cultivé un système monopolistique.

  • Le 22 novembre 2018 à 08:35 En réponse à : Entreprenariat dans les Pays les moins avancés : Un rapport relève la nécessité de changer de cap

    Tout cela est bien beau mais sans des institutions fortes, l’entreprenariat ne peut pas se développer. Il faut une justice forte pour trancher les litiges dans le milieu des affaires. Une justice réellement indépendante et sans parti pris.

    Il faut aussi que l’Etat développe le concept de « préférence nationale » et soutienne les entrepreneurs nationaux par des mesures discriminatoires sur les produits importés. Les pays qui appliquent cela voient leurs entreprises se développer, générer des profits et résorber le chômage.

    Et enfin, pour mettre en application ces recommandations de la CNUCED, il va falloir déréguler beaucoup de secteurs d’activités économiques. Les textes qui encadrent l’exercice de certaines activités au BF sont trop rigides, inutilement coûteux , inadaptés aux réalités socio-économiques du pays et discriminantes pour ceux qui ne disposent pas de gros capitaux de départ. Mais quand on sait que ce sont ces mêmes institutions qui pointent du doigt qui nous imposent ces restrictions et lois....

  • Le 22 novembre 2018 à 10:29, par Lamberto En réponse à : Entreprenariat dans les Pays les moins avancés : Un rapport relève la nécessité de changer de cap

    Sujet Pertinent à plus d’un titre.
    Vivement que les choses bougent pour les entreprises existantes ayant au moins un an d’activités. Au Burkina-Faso, il existe un déséquilibre grave entre les promoteurs à la recherche de fonds et une entreprise qui est déjà sur le terrain. En effet, ces dernières sont là les laisser-pour-compte. A la fleur de l’age, elles sont fragiles et sujette à toute sorte de risque. Mais il n’existe pratiquement pas de structures de soutient Étatiques ou para-Étatiques pour les soutenir lorsqu’elle sont en difficulté. Résultat, elle ferment boutique par centaine chaque année.
    Par contre, il existe de multiples structures consacrées à l’octroiement de financement pour les nouveaux projets. Du reste, pour une large part, certains projets encaissent mais ne voient jamais le jour dans les faits et les auteurs n’en soient inquiétés.
    Dans cette situation, c’est l’Etat qui pêche par myopie et par laxisme. Prenons l’exemple sur les importants fonds débloqués pour soit disant financer les jeunes porteurs de projet dans le cadre du PNDES. Sans doute un coup d’épée dans l’eau du point de vue de l’impact réel en matière entrepreneuriale. Nous attendons de voir le bilan. Pendant ce temps, des entreprises actives depuis 1 an au moins ( jusqu’à plus de 5 ans), ne savent pas où aller pour trouver une aide temporaire afin de se relancer.

  • Le 23 novembre 2018 à 19:03, par jeunedame seret En réponse à : Entreprenariat dans les Pays les moins avancés : Un rapport relève la nécessité de changer de cap

    Rien ne peut marcher dans un pays d’égoïstes bornés et insatisfaits. Ceux-là mêmes qui chantent la promotion des entreprises ont des nouvelles alléchantes et sont les premiers à se virer les moyens tranquillement couverts. On a vu la magouille avec des ministres, personnalités et auteurs avec des dossiers de justice pendants, transfigurés et sagement effacés sans guérir les cœurs. Ce pays là ne veut rien de bon.

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