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Travail des enfants sur les sites aurifères : Les acteurs à la recherche d’alternatives durables

Publié le mardi 20 novembre 2018 à 23h50min

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Travail des enfants sur les sites aurifères : Les acteurs à la recherche d’alternatives durables

La 3e édition du Salon international de l’enfant et de l’adolescent (SINEA), débutée le 15 novembre, s’est achevée dans la soirée du 19 novembre 2018 à Ouagadougou. Durant cinq jours, les participants ont abordé des thèmes relatifs à la protection de l’enfant et de l’adolescent. Au cours du panel organisé lors du dernier rendez-vous de l’édition, il a été proposé des alternatives durables en faveur du retrait et de la réinsertion des mineurs des mines et des carrières artisanales. C’est le ministre de la Jeunesse, de la Formation et de l’Insertion professionnelles, Smaïla Ouedraogo, qui a présidé la cérémonie.

A ce rendez-vous du donner et du recevoir, étaient présents plusieurs acteurs impliqués dans la protection de l’enfant. A titre d’exemple, outre le ministère de la Jeunesse, on dénombrait des organisations telles que l’UNICEF, Terre des hommes, Educo et des structures décentralisées.

A l’origine de cette rencontre, un constat amer qui fait état de la présence d’un grand nombre de mineurs sur les sites d’or. En effet, il ressort de cette analyse que depuis que l’or est exploité au Burkina Faso, plusieurs mineurs sont utilisés comme main-d’œuvre à moindre coût. Selon les statistiques présentées à la suite d’une étude sur le terrain, les conditions de vie des enfants dans les mines et les carrières artisanales sont alarmantes. Ainsi, il ressort que « près de la moitié des enfants n’ont pas accès à des services de santé, plus de 60% ne sont jamais allés à l’école, 31% vivent sans leurs familles et ils mangent peu, boivent peu, dorment peu ».

Selon l’ONG Terre des hommes, structure œuvrant dans la protection des enfants, « les sites de Kietenga, Pousghin, Kagtanga et Nobsin enregistrent plus de 500 enfants. Ce dernier site représente 31%, soit 715 enfants dont 285 filles ». Elle conclut dès lors que ce sont des violations de droits humains et plus particulièrement des droits des enfants. Pour preuve, cette ONG avance que ces quatre sites ont enregistré 2 325 enfants entre septembre 2017 et octobre 2018, dont l’âge est compris entre 0 et 17 ans.

Après cet exposé, les spécialistes à la table ronde ont reconnu d’emblée que le phénomène est réel et qu’il faut proposer des solutions. Pour Seydou Touré, ingénieur géologue, « les enfants quittent l’école pour les mines ». Pour endiguer le fléau, il propose la mise en place de coopératives sur les sites en vue d’empêcher les enfants de creuser et de traiter l’or aux côtés de leurs parents.

De son côté, le directeur de la formation professionnelle, Larba Silga, regrette « le manque de formation professionnelle des jeunes à cause du coût par apport à la bourse des parents ». Toutefois, il a annoncé qu’à la rentrée prochaine, le département de la Formation professionnelle entend subventionner à hauteur de 87,5% les frais d’études des filières professionnelles pour soulager les parents. Aussi, les représentants du MENA n’ont pas caché leurs regrets quant à l’incapacité de l’école moderne d’assurer le plein emploi. Pour pallier cette insuffisance, ils comptent miser plus sur les domaines scientifiques et professionnels dans la formation des jeunes.

Pour le compte du secteur privé, c’est le vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie, Oumarou Yugo, qui a pris la parole pour suggérer des formations spécifiques pour les enfants issus des zones d’extraction d’or. Afin d’assurer leur réinsertion, il a proposé des formations en tourisme, en hôtellerie et en cuisine. Toutefois, il n’a pas manqué d’attirer l’attention des gouvernants sur la maîtrise des sites d’or qui, dit-il, « sont laissés aux mains des compagnies au détriment des populations ».

Dans ses réponses aux participants, Smaïla Ouédraogo a d’abord expliqué que « le fond du problème est la recherche du bien-être ». Ensuite, il a exprimé l’engagement de son ministère en ces termes : « Nous sommes prêts à considérer toutes les offres qui vont dans le sens de la formation professionnelle ».

Après plusieurs heures de débat, les participants se sont accordés sur trois points. Ils ont reconnu à l’unanimité l’existence des mineurs sur les sites miniers artisanaux. Aussi, les responsabilités de chacun ont été situées. En outre, des propositions ont été faites afin de freiner cette situation. Il ne reste qu’à mettre en application les mécanismes proposés à ce panel, à travers des actions conjuguées des structures impliquées dans la protection des enfants.

Edouard K. SAMBOE
samboeedouard@gmail.com
Lefaso.net

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