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Procès du putsch : La contre-attaque des avocats du colonel-major Kiéré

Publié le samedi 17 novembre 2018 à 13h52min

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Procès du putsch : La contre-attaque des avocats du colonel-major Kiéré

Le tribunal militaire n’en a pas encore fini avec le colonel-major Boureima Kiéré qui est toujours à la barre. Mais l’accusé a quelque peu soufflé ce vendredi 16 novembre 2018, parce que ce sont ses conseils qui avaient la parole. Point après point, ils ont tenté de battre en brèche les arguments avancés par le parquet et les avocats de la partie civile pour enfoncer l’ancien chef d’état-major particulier de la présidence du Faso.

Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas pour les accusés. Après avoir été « cuisiné » depuis le lundi 12 novembre dernier par le parquet, et par la suite par les avocats de la partie civile, le colonel-major Boureima Kiéré a eu un moment de répit ce 16 novembre, au quatrième jour de son audition. Les avocats Mireille Barry, Dieudonné Bonkoungou et Michel Traoré ont tenté de faire tomber les lignes de défense des différentes parties qui chargent leur protégé.

Ainsi, pour Me Mireille Barry, son client, en missionnant le capitaine Gaston Ouédraogo pour chercher du matériel de maintien de l’ordre à la frontière avec la Côte d’Ivoire, ne l’a pas fait de façon clandestine. Mieux, l’armée a été mise au courant, et c’est elle qui a affrété un hélicoptère pour amener l’équipage sur les lieux. Etait-ce un accompagnement au coup de force en cours ? Lisant alors la déposition du chef d’état-major de la gendarmerie qui dit que le matériel de maintien de l’ordre devait entrer clandestinement pour l’usage des éléments du RSP, Me Barry note que ces déclarations sont aux antipodes de la vérité. Non seulement la mission a été cordonnée par le reste de l’armée, mais en plus, une fois le matériel arrivé, la gendarmerie et la police sont passées récupérer leur part au camp Naba-Koom. Cela fait dire à l’avocate que c’est un procès du RSP et non du coup d’Etat, sinon certaines personnes devraient également comparaître à la barre.

En tant que chef d’état-major particulier du président du Faso au moment des faits, le colonel Boureima Kiéré a avoué avoir reçu les appels des plusieurs personnalités. Le président du MPP à l’époque et actuel président du Faso, Roch Kaboré ; Salifou Diallo ; le président de l’UPC, actuellement chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré ; et plus loin le chef d’état-major particulier de l’Elysée (la présidence française). Toutes ces personnalités venaient aux nouvelles auprès du colonel-major. Certaines d’entre elles lui demandaient de dire au général Gilbert Diendéré de se raviser parce que le coup d’Etat ne saurait prospérer.

Roch Kaboré, lui, l’a appelé après l’affrontement qui a eu lieu à l’hôtel Laico. Le chef d’état-major particulier du président du Faso a alors appelé la gendarmerie pour qu’elle occupe les lieux. Tous ces éléments, selon Me Mireille Barry, concourent à disculper son client pour la raison que c’est parce qu’il était un interlocuteur crédible qu’il était contacté par ces personnalités.

C’est la même ligne de défense adoptée par Me Michel Traoré, l’autre avocat du colonel-major. Pour lui, son client n’a pas ordonné d’actes sur le terrain avant et pendant le coup d’Etat, il n’a fourni aucune aide logistique aux acteurs, et dans d’autres circonstances et conditions, il n’aurait pas signé la déclaration de proclamation du coup d’Etat qui, d’ailleurs, a poursuivi l’auxiliaire de justice, n’est pas l’élément déterminant du putsch. Ce qui est déterminant, à en croire l’avocat, c’est l’enlèvement et la séquestration des autorités de la Transition. « Aucun fait ne permet de dire qu’il s’est rendu coupable de l’infraction principale », a soutenu le conseil de Boureima Kiéré.

Mieux, Michel Traoré a rappelé que le commandant Aziz Korogo, chef de corps du RSP, lui-même, a avoué qu’il n’avait plus le contrôle de tous ses hommes. Alors, signer une déclaration même si l’on n’était pas pour le coup d’Etat, était la meilleure option à prendre, surtout que le colonel-major avait sa famille logée au Conseil de l’entente. Etre considéré comme un traitre aurait pu occasionner des conséquences fâcheuses. « Il a choisi le voie la plus sage. S’il répond devant vous, c’est parce qu’il est vivant », a ajouté l’avocat. Cette posture-là, l’auxiliaire de justice estime que beaucoup l’ont eue. Il cite le chef d’état-major général des armées, le général Pingrenoma Zagré, qui a annoncé Gilbert Diendéré en disant « Monsieur le président du CND » et lui a rendu les honneurs. Me Michel Traoré a aussi parlé des responsables de la gendarmerie et de la police nationale, qui sont passés au RSP à plusieurs reprises pour récupérer du matériel de maintien de l’ordre...

L’interrogatoire du colonel-major Boureima Kiéré se poursuivra le mercredi 21 novembre prochain. Et pour cause, Me Mathieu Somé a perdu sa mère, et l’enterrement aura lieu ce 18 novembre à Dano. Ses confrères qui veulent être à ses côtés en ce douloureux événement, ont sollicité la journée du 20 novembre, eu égard à la distance.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 17 novembre 2018 à 14:28, par Nabayouga En réponse à : Procès du putsch : La contre-attaque des avocats du colonel-major Kiéré

    Quel officier aura le courage , l’honneur et la dignité de reconnaître avoir fait le coup d’État le plus bête du pays. Un coup d’État qui malheureusement a occasionné des pertes en vies humaines. Que ces assassins du rsp assument et qu’ils paient durement leur forfait. Je crois pour ma part que 20 ans de prison ne serait pas de trop suivi d’une radiation des mitaires de l’armée .

  • Le 17 novembre 2018 à 17:35, par Un Burkinabê En réponse à : Procès du putsch : La contre-attaque des avocats du colonel-major Kiéré

    Je propose que l’on utilise l’histoire pour fixer la sentence de ceux qui seront jugés coupables. Les juges doivent impérativement utiliser les cas de coups d"Etat éventrés sous la révolution, sous le Front Populaire et enfin sous le CDP. Pour être juste on devrait même poser la question suivante à tous les 84 accusés : "Quelle sentence devraient recevoir les coupables du Coup d’Etat manqué de Septembre 2015".

  • Le 17 novembre 2018 à 22:57, par Sidwaya Sorgho Gomis En réponse à : Procès du putsch : La contre-attaque des avocats du colonel-major Kiéré

    Je suis d’avis avec vous internaute Nabayouga. Quel type d’officier dirige l’armée burkinabè ?

    On a l’impression que plus on monte en grade dans cette armée plus on est lâche.

    Contrairement aux sous officiers, où on a vu certains dire un peu leur part de vérité, depuis que le bal des officiers a commencé, pas un seul n’a reconnu quoi que ce soit. La question qu’on a envie de leur posé est la suivante : si d’aventure le coup d’Etat avait prospéré qu’auriez vous fait chers officiers de l’armée si fiers de vos galons ? Seriez vous restés en marge de la soupe au motif que vous n’aviez exécuté que des ordres ?

    Maintenant on comprend aisément le pourquoi des mutineries de 2011 où des officiers auraient détalé devant la furie des hommes du rang. On comprend aussi pourquoi depuis trois ans les djihadistes leur donne du fil à retordre.

  • Le 18 novembre 2018 à 05:04, par Sitting bull En réponse à : Procès du putsch : La contre-attaque des avocats du colonel-major Kiéré

    La dotation des forces de l’ordre se fait au rsp quoi ?

  • Le 18 novembre 2018 à 09:00, par YIRMOAGA En réponse à : Procès du putsch : La contre-attaque des avocats du colonel-major Kiéré

    Que le droit soit dit, quant à l’administration militaire, les lois vont d’appliquer Aux condamnés ? Les textes sont clairs à ce sujet ?
    Je souhaiterai une question soit posée aux prévenus ? S’ils regrettent la dissolution de leur machin de RSP ?
    de la, on saura qui est qui ? Chacun cite les indisciplinées , est ce pas eux tous par finir ?

  • Le 18 novembre 2018 à 10:32, par Baroudeur En réponse à : Procès du putsch : La contre-attaque des avocats du colonel-major Kiéré

    L’une des missions du Chef d’Etat-major particulier du Président est d’assurer la protection du Président du Faso et c’est qui justifiait le lot de matériel mis à leur disposition. Qu’a-t-il fait pour empêcher l’enlèvement puis la séquestration des autorités de la transition avec la proclamation du de coup d’état du CND ? je suis désolé de la justification des avocats. Qui lui a dit qu’il y avait du matériel à récupérer aux frontières ? Pourquoi n’a-t-il pas refusé ? Quand un ordre est manifestement illégal, on ne l’exécute pas. On ne doit pas lui apprendre ses petites notions en tant qu’officier supérieur. Nul n’est censé ignorer la loi. Qu’entend-on par fourniture de moyens ? Pourquoi s’est-il mêlé pour désigner une mission de récupération de matériel de maintien de l’ordre ? Qu’entend-on par aide et assistance ? Si réellement il désapprouvait le coup, il ne devrait pas participer à l’exécution de tous ses actes. Sa volonté était manifeste. En apposant sa signature sur tout document entrant dans le cadre du coup d’état, il assume sa responsabilité. Messieurs les avocats qu’est-ce que la notion de responsabilité ? Mieux encore dans sa propre déclaration, il a dû garder par devers lui de l’argent venu de la Cote d’Ivoire. Comment qualifie-t-on cet acte ? Il a concouru à la perfection du coup. C’est tout simplement parce que les choses ont tourné autrement. Sinon, il était au parfum des choses. Faisant un pas en arrière, on se rappelle que dans les crises à répétions du RSP, Le Colonel-Major Boureima KIERE a été imposé comme chef d’Etat-major particulier au détriment du jeune Commandant NIKIEMA. Evitez de distraire le peuple et faisons en sorte que ces actes ne se reproduisent plus jamais dans notre chère patrie. Vous avez joué, vous avez perdu. La vie continue.Sachez que l’histoire rattrape.

  • Le 18 novembre 2018 à 11:36, par Dedegueba Sanon En réponse à : Procès du putsch : La contre-attaque des avocats du colonel-major Kiéré

    C’est claire que la hiérarchie de l’armée a joué le jeu du CND, au début du putsch. D’ailleurs Golf avait dit qu’il avait toute la hiérarchie de l’armée avec lui. Et jamais personne ne l’avait contredit. Pire il semble même que cette hiérarchie ait tenté d’empêcher la révolte contre le RSP dans les casernes. Il a fallu que de jeunes officiers sans peur, prennent leurs responsabilité pour faire échec à cette bavure.

  • Le 18 novembre 2018 à 13:32, par Le financier En réponse à : Procès du putsch : La contre-attaque des avocats du colonel-major Kiéré

    Ayiii. C’est un procès du RSP et non du coup d’état. Maitre Barry, j’ai 3 questions : 1) qui a fait le coup d’Etat, 2) quelle est la position du RSP dans la hiérarchie militaire pour que se soit ces élements qui organisent la collecte de matériel, l’acheminement de la frontière ivoirienne et le partage entre les différents corps, 3) pourquoi cette soi disant aide est venue de la Côte d’Ivoire et non du Ghana, du Mali, du Niger, etc.
    Juger et condamner un coup d’état revient à juger les auteurs dont le RSP et leurs complices. Est ce que le fait de venir retirer des armes fait de quelqu’un un complice de ce coup d’état de pieds nikélés. Si on vous suit, cela suppose que tous les SG qui ont assuré les affaires courantes, sont complices, les fonctionnaires qui ont été requisitionnés pendant cette période sont complices. NON chère maitre faire son travail ou son devoir même en période d’exception ne signifie pas complicité. Mais vous defendez des personnes qui ont joué dans le mauvais camp et qui ont perdu, vous êtes les seuls à croire en leur innoncence. L’avocat du diable n’est pas forcement le diable. Si le coup avait marché, votre client ne vous aura jamais croisé, parce qu’il serait devenu un mogho puissant, intouchable vivant gracieusement sur le dos du peuple. Maitre si pendant, la periode du coup d’état, vous trouvez dans une situation où vous devriez présenter Diendéré, quel titre l’auriez vous donné. Eviter les plaidoiries mouta mouta. Le RSP a fait un coup d’état bête, qu’il en assume les conséquences.

  • Le 18 novembre 2018 à 16:14, par Nabiiga En réponse à : Procès du putsch : La contre-attaque des avocats du colonel-major Kiéré

    Merci compatriote Nabayouga d’avoir soulevé ce point. J’attends le jour où un de ces soi-disant commandos qui agissaient au Burkina comme étant en terre conquise, se présent devant les juges pour dire ’oui’, j’assume ; je suis responsable de tout ce dont on m’accuse’. À l’allure des choses, rien ne s’est passé au Burkina car jusqu’ici, aucun de ces peureux n’a admis avoir été impliqué ou encore avoir commis un tel ou tel délit. On n’assiste qu’à des dénégations en dénégations. Chacun cherche à se dédouaner or, lorsqu’ils étaient en affaire, ils étaient craint par la population. Le semble mention de RSP faisait trembler des gens. Vous n’étiez que des imposteurs qui se faisaient passer comme des braves commandos ; espèces des peureux sans corde vertébrale.

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