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Putsch manqué : « Si on était dans l’optique de l’affrontement, on n’aurait pas eu besoin de mercenaires pour ça » (Abdoul Aziz Korogo)

Publié le mercredi 7 novembre 2018 à 23h40min

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Putsch manqué : « Si on était dans l’optique de l’affrontement, on n’aurait pas eu besoin de mercenaires pour ça » (Abdoul Aziz Korogo)

3e jour de l’interrogatoire du Commandant Abdoul Aziz Korogo devant le tribunal militaire de Ouagadougou, ce mercredi 7 novembre 2018. La veille, l’accusé a déclaré à la barre qu’il n’était pas là pour "charger quelqu’un" mais pour "dire clairement ce qui s’est passé" les 16 septembre et jours suivants. "C’est ça l’homme. Quand on fait des choses, on assume", avait-il martelé.

A la barre ce mercredi, le Commandant Abdoul Aziz Korogo a souhaité ne pas répondre aux questions commençant par "Si" mais vouloir s’en tenir aux faits.

Revenant sur le désarmement du RSP, le Commandant Abdoul Aziz Korogo a déclaré qu’à la suite d’un blocage survenu le 27 septembre, il est allé voir la hiérarchie militaire pour demander une pause opérationnelle de 24h, le temps de résoudre le problème.

Il aurait également eu l’idée d’envoyer une délégation rencontrer le Mogho Naaba. De cette rencontre, le Commandant Korogo apprendra que le RSP chercherait à gagner du temps pour attendre l’appui de mercenaires et de djihadistes. Cette information l’aurait mis en colère contre la hiérarchie. "Je leur ai dit que ma médiation s’arrêtait là. Mais on m’a demandé de continuer et j’ai accepté", se souvient-il.

"Avez-vous cherché à démentir cette information ?", demande Me Zaliatou Aouba, avocat de la défense.

"Il n’y a pas de démenti à faire mais c’est impossible. En aucun moment, je n’ai été saisi de mercenariat et de djihadisme. Je ne sais pas si les gens s’en rendent compte mais c’est trop fort pour moi. Franchement si on était dans l’optique de l’affrontement (avec les troupes loyalistes, ndlr) on n’aurait pas eu besoin de mercenaires pour ça", fait savoir le commandant Abdoul Aziz Korogo.

Depuis le début de son audition, le Commandant Abdoul Aziz Korogo a expliqué qu’avant et pendant le coup d’État, il a eu maille à partir avec certains éléments du RSP dont le sergent-chef Koussoubé Roger dit " Le Touareg", le soldat de première classe, Zongo Amado, le sergent-chef Zerbo Mohamed.

Il avait également souhaité ne pas revenir sur la question estimant que cela ne faisait pas honneur à l’armée. Toutefois, l’avocat de Mohamed Zerbo, Me Idrissa Badini, a voulu en savoir davantage.

"Quand j’ai pris le commandement, votre client Zerbo Mohamed et bien d’autres personnes, organisaient des réunions avec les moyens du corps (voitures, motos) sans l’autorisation d’officiers. Je les ai appelé pour comprendre et leur ai demandé de réintégrer les moyens du corps. Il n’y a pas eu d’exécution. Je suis allé voir le Chef d’État Major particulier de la présidence pour lui expliquer cet incident", a relaté le Commandant Abdoul Aziz Korogo.

Il a également noté avoir eu affaire au sergent-chef Zerbo Mohamed lors du désarmement auquel lui et d’autres s’opposaient.

Pour des avocats de la défense, c’est toujours le même refrain chez les officiers quand il s’agit d’indexer les éléments incontrôlés et indisciplinés du RSP. "Koussoubé Roger, Zerbo Mohamed, Sanou Ali, Poda Ollo, etc. On nous sort toujours les mêmes noms comme si c’était le tube de l’année des officiers", a déploré Me Idrissa Badini.

Quant à Me Alexandre Sanwidi, avocat de Koussoubé Roger, Zongo Amado (l’homme qui aurait menacé de tirer sur le Commandant Korogo) et Nafion Nébié), la présence d’éléments incontrôlés au sein du RSP, est le signe que le Commandant Abdoul Aziz Korogo n’était pas à la hauteur de la responsabilité à lui confiée. Il devait, selon lui, démissionner.

"Si un militaire, à sa première difficulté, dit qu’il va démissionner, alors il aura intérêt à retourner pour la formation militaire", a répondu l’accusé.

"Ce coup d’État n’est pas une affaire d’indisciplinés. Des gens ont fait des coups d’État, mais ce n’est pas dû à une indiscipline notoire", a déclaré Me Sanwidi Alexandre. Pour illustrer ses propos, il citera les coups d’État du Colonel Saye Zerbo, du Capitaine Thomas Sankara, du Capitaine Blaise Compaoré, du Général Honoré Nabéré Traoré, du Lieutenant colonel Yacouba Isaac Zida, de Sara Sérémé et du Général Lougué.

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