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Burkina Faso : Si les familles politiques étaient contées

Publié le lundi 25 juillet 2005 à 07h39min

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De toutes les élections, l’élection présidentielle en démocratie semble, de loin, accaparer les esprits et susciter les débats les plus passionnés, sans doute parce qu’il s’agit de choisir un seul homme qui aura la lourde charge de conduire le destin de tout un pays.

Le Burkina n’échappe donc pas à la règle et c’est pourquoi l’échéance du 13 novembre 2005 sera une ligne d’horizon sur laquelle les yeux des hommes intègres seront braqués ; et les multiples manifestations d’intérêts pour une candidature au poste de Président du Faso continueront d’alimenter les débats.

Le fait que l’on enregistre déjà de nombreuses candidatures est de facto la manifestation d’un besoin patent ou latent d’alternance ici exprimé essentiellement par l’opposition politique, ou, du moins, par une certaine opposition au regard du grand écart réalisé par l’ADF/RDA et qui a fini par brouiller les cartes. En tout cas, dans le camp de la majorité et de la mouvance présidentielle, même l’idée de changement de candidat n’est pas effleurée. Qu’à cela ne tienne ! Si les différentes candidatures à la magistrature suprême se maintiennent, c’est un choix qui s’offre aux électeurs qui, eux, seront en position de réaliser ou non l’alternance en termes de projet de société.

Le hic, c’est qu’au Faso comme dans la plupart des pays en développement, il n’y a objectivement pas mille projets de société. Dans la centaine de partis politiques, un bon nombre peuvent tout au plus être considérés comme de simples cadres d’expression. Par contre, il est vrai que les choix de politiques de développement ou de la gestion des affaires de l’état pourraient se faire autrement selon que c’est telle ou telle équipe inspirée par tel ou tel modèle de société.

Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, Israël, entre autres, ont choisi de polariser leur scène politique entre une droite et une gauche, entre conservateurs et libéraux, etc. La France, grande nation des débats devant l’Eternel, a opté pour un balancier qui oscille entre une extrême-gauche, une gauche, des Verts, un centre-gauche, un centre, un centre-droit, une droite et une extrême-droite. L’Afrique noire francophone n’a pas résisté à la tentation de s’inspirer de ce pluralisme en oubliant cependant parfois le supplément d’âme qu’est l’idéologie.

Si les familles politiques burkinabè étaient contées, on retrouverait sûrement ces zébrures de l’Hexagone ; mais la classe politique qui ne fait pas de l’idéologie ou du projet de société son domaine de définition a fait perdre au pays la chance de regroupements crédibles pour la conquête et la gestion du pouvoir. En effet, les alliances de circonstance, parfois contre-nature, en ne pérennisant pas les forces de propositions, ne rassurent pas les citoyens. Dans ce contexte, la possibilité de l’alternance fout le camp.

Et pourtant tout le monde sait qu’au Faso, toutes teintes comprises, il y a des communistes, des socialistes, des sankaristes, des Verts et des libéraux, en somme cinq grandes familles qui auraient permis de faire l’économie de la kyrielle de partis dont les congrès remplissent à peine une salle de conférences. Tout compte fait, pour réaliser des rassemblements il faut des rassembleurs. Les assembleurs d’aujourd’hui pourraient l’être demain s’ils en font une vocation.

Journal du jeudi

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