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Vente des journaux à la criée : Les "canards" marchent mieux jeudi et vendredi

Publié le lundi 25 juillet 2005 à 07h52min

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A l’occasion de son premier anniversaire, sidwaya plus a décidé de "fouiller" le monde des vendeurs de journaux à la criée. Activité à laquelle s’adonnent de nombreux jeunes à travers les artères de la ville de Ouagadougou.

En cette matinée ou un doux soleil inonde la ville de Ouagadougou le jeune Ismaël se faufile entre les véhicules pour vendre des journaux aux usagers de la route. Il faut livrer le journal, courir chercher la monnaie quand elle fait défaut, le temps que dure un feu rouge. Les coups de klaxons, de freins des engins à deux roues et des véhicules ne semblent pas l’effrayer. Encore moins les coups de gueule des usagers de la route. Il vend l’information. Menuisier de formation, Ismaël Ky dit vendre les journaux parce qu’ "il n’y a pas de travail". Debout aux abords du Rond-point des Nations-unies en plein centre ville de Ouagadougou, il tient dans sa main gauche un tas des quotidiens et hebdomadaires de la place.

Dans sa main droite, trois "canards" sont tenus de telle sorte que les titres sont lisibles à distance. De temps à autre, il faut faire bouger les jambes en les croisant et les décroisant pour tenir la position debout sans s’éreinter. Mais combien gagne ce jeune homme qui défie les 2 et 4 roues sur le bitume ? "Je gagne 25 F CFA sur chaque journal vendu qu’il soit quotidien ou hebdomadaire" explique-t-il. Une voiture klaxonne. Le passager, assis à droite du chauffeur hèle le jeune vendeur. Il fonce, évitant les engins qui freinent pour respecter le feu rouge. Le client prend deux journaux et lui remet 1000 F. Ismaël n’a pas de monnaie pour remettre 600 F au client. Il se tourne et entre en courant dans la station service d’à-côté en faisant le même gymnastique comme il y était parvenu auparavant. En un temps record, Ismaël revient et remet la monnaie. Tout à coup le feu passe au vert. Au lieu de faire marche arrière, il travers la voie du côté où la circulation est quasi-inexistante et, prend position de l’autre côté du bitume. Comme par enchantement. Sylvestre Ouédraogo exerce le même boulot. Tenant les journaux dans sa main gauche, il mange un gâteau à l’aide de la main droite. Brusquement un client qui a du mal à immobiliser son "char" crie "y’a-t-il le pays ?". La réponse et l’action de Sylvestre sont simultanées. "Oui ! " lance le jeune homme. Il fourre son gâteau dans sa poche, feint d’essuyer l’huile sur son pantalon et court vers le client. Les "jeux sont faits". L’homme revient prendre place sur le bord de la voie et continue de manger son gâteau. Tranquillement.

Le Pays et Sidwaya parlent...

en croire Ismaël Ky, les journaux se vendent bien les jeudi et vendredi. "Tous les quotidiens marchent bien le vendredi. Mais Sidwaya marche plus les jeudis à cause du conseil des ministres". Durant ces deux jours, le jeune Ky dit rentrer à la maison avec au minimum 1 500 F de bénéfice. Or, son ami et collègue vendeur qui vient de finir son gâteau estime qu’il gagne 10 F CFA sur chaque journal vendu. Il explique cela par le fait que c’est un "patron" qui met le journal à leur disposition donc, fixe sa commission. Pourtant M. Kafando Patrice du service commercial du groupe de presse "Le Pays" affirme que chaque vendeur a 20 F CFA sur le quotidien, 30 F CFA sur l’hebdomadaire et 70 F CFA sur le mensuel. Mais, pour être vendeur ou plutôt être un "patron" selon le mot du jeune sylvestre, il faut verser une caution de 15 000 F CFA aux Editions "Le Pays" selon M. Kafando. Cette commission, selon lui, est bénéfique dans la mesure où elle fait jouer la bonne foi des intéressés.

Quant à Mme Bandé des Editions Sidwaya, la commission versée à chaque vendeur est de 15 % sur le prix du quotidien donc 30 F CFA. Cependant, elle explique qu’il y a deux systèmes de vente. L’un consiste à deposer les journaux dans les kiosques, les boutiques etc. L’autre est la vente à la criée. Les grossistes du premier cas font leur versement après 3 semaines à un mois. Les détaillants, à la criée versent le fruit de leur vente dans la journée. Du côté des Editions "Le Pays", les souscripteurs viennent prendre les journaux tôt le matin, vers 4 ou 5 heures du matin. Pareil pour les autres organes.

...L’obs, observe.

La vente des journaux à la criée permet à Aloys Ganemtoré de résoudre ses soucis pécuniaires. Depuis près de 15 ans qu’il est installé dans son kiosque à journaux, et affirme que la somme récoltée de ce commerce a contribué pour beaucoup dans l’achat de sa mobylette. M. Ganemtoré sait qu’il gagne 15% sur les quotidiens et 20% sur les mensuels. Par jour, il dit vendre au moins 100 quotidiens. Nonobstant cet état de fait, tout n’est pas rose pour Ganemtoré surtout les lecteurs indélicats. "Est-il vrai que certains lisent les journaux sans les acheter ?".

L’homme qui remettait de la monnaie à un client lance "merci ! c’est ça notre gros problème. Chaque matin, il y a des gens qui viennent feuilleter les journaux. Quand on leur fait le reproche de lire sans acheter alors, c’est la bagarre" explique-t-il. Un client vient d’arriver. "Mon ami, ça va non ?" salut le bonhomme. "Oui, ça va et chez vous ?" pas de réponse. Il prend un journal qu’il tourne et retourne. M. Ganemtoré nous souffle à l’oreille "Tu vois non ?". L’homme en un tour de main feuillette l’observateur, ensuite le Pays et parcourt Sidwaya en un laps de temps. Il les dépose et se cherche sans dire "au revoir" au vendeur. Zut !

Les organes de presse, par le système de la vente à la criée permettent de résorber le chômage. Malheureusement, l’Observateur Paalga que nous avons approché pour connaître des modalités de cette activité ne nous pas donné de réponse. M. Ouédraogo Issouf allègue qu’il n’a pas été contacté à temps et informé par celui qui devait le faire en l’occurrence M. Kaboré Gabriel, tous agents de L’obs. "Pour des informations de ce genre, il me faut me préparer afin de vous dire des choses qui serviront vos lecteurs" a laissé entendre M. Ouédraogo. L’obs observe pendant que Joseph Nikièma, un client, pense que sans la presse il est difficile de s’informer. M. Nikièma se dit abonné à tous les journaux de la place quelque soit leur périodicité.

Daouda Emile OUEDRAOGO (ouedro1@yahoo.fr)
Sidwaya

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