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Dérives sociales au Burkina : L’Etat prend le taureau par les cornes

Publié le vendredi 22 juillet 2005 à 07h44min

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Le Burkina traverse une époque de mutations socio-économiques importantes. Traditions et modernité se livrent un duel à mort sous l’arbitrage des religions et du système éducatif et politique qui peu ou prou apportent de l’eau au moulin de l’une ou de l’autre.

Pour les tenants de la tradition, les vieilles bonnes habitudes d’éducation des enfants foutent le camp. Exit les réprimandes, les punitions corporelles, les privations de nourriture, voire les bastonnades... d’une certaine époque censées ramener l’enfant sur le droit chemin. Bonjour l’insolence du style rasta, rap, hip hop et je ne sais plus quel autre genre musical à la mode. Style de contestation s’il en est, importé outre atlantique, transposé dans un contexte social différent, ses ravages sont visibles dans les dérives comportementales des jeunes et même de moins jeunes.

A qui la faute ? Aux médias, au système éducatif, à la mondialisation et au système libéral avec ses idéaux permissifs. De là, le pas est vite franchi pour accuser les pouvoirs publics de ne rien faire face aux dérives sociales qui gangrènent la vie au Burkina.

Pour les tenants de la modernité, il faut rompre avec les habitudes obscurantistes séculaires. Elles ont pendant trop longtemps constitué une chape de plomb posée sur les épaules d’une jeunesse qui ne demande qu’à libérer ses énergies créatrices en faveur du progrès. Comment entreprendre quand le collectivisme traditionnel fait de tout bien immobilier ou mobilier un patrimoine familial ? La prospérité individuelle est encore perçue comme un crime de lèse égalitarisme social surtout quand elle doit bousculer un système gérontocratique séculaire.

"Bi song ya buud faan biiga", dit l’artiste. "L’enfant qui réussit est le fils de tout le village". C’est lourd à porter et quand on veut se débarrasser d’un tel poids le risque est grand de passer d’une extrême à l’autre.

C’est connu, l’exode rurale a une part importante dans la délinquance juvénile et l’exode rural est souvent l’expression d’un rejet des traditions qui motive que le jeune s’extirpe de son environnement social contraignant pour se nourrir de nouvelles ambitions pour sa vie. Hélas, l’aventure dans au moins 50% des cas n’est pas couronnée de succès. L’école de la rue dans les centres urbains conjuguée aux déceptions connues au village produit un cocktail détonnant du genre prostitution, alcoolisme, toxicomanie, banditisme, trafic en tout genre...

Ces dérives sociales, selon les puristes de la morale ne sont pas toujours punis à la hauteur de leur ravage sur la société. Pour donner un signe fort de la volonté des autorités de combattre énergiquement ces maux qui affectent la jeunesse burkinabè des opérations "coup de poing" sont initiées depuis le mois de juin dernier. Le ministre de la Sécurité en concertation avec le Bureau burkinabè des droits d’auteurs (BBDA), la commission nationale de lutte contre la fraude et la presse a donné un bon coup dans la fourmilière.

Les receleurs d’œuvres d’art piratées, les fabricants clandestins d’huile et surtout les mineurs noctambules, prostitués ou fréquentant les débits de boisson ont fait les frais de ce regain de répression salutaire des dérives socio-économiques au Burkina .

Les forces de l’ordre et toutes les structures d’inspection et de contrôle ont plus que jamais saisi le taureau par les cornes. Surtout qu’il ne le lâche pas de sitôt, que leur regard se tourne vers la vente de boissons frelatées, les produits alimentaires périmés, la drogue, etc. Croissance et développement économiques, modernité et ouverture sur le monde ne riment pas forcément avec délinquance juvénile et dérives sociales.

Djibril Touré
L’hebdo

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