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Geneviève Zabré, lauréate du concours international « Ma thèse en 180 secondes » : Un sacre qui honore le Burkina Faso

Publié le mercredi 17 octobre 2018 à 23h30min

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Geneviève Zabré, lauréate du concours international « Ma thèse en 180 secondes » : Un sacre qui honore le Burkina Faso

Le 27 septembre 2017 avait lieu à Lausanne en Suisse, la finale internationale du concours « Ma thèse en 180 secondes » organisé par L’Agence universitaire de la Francophonie (AUF). La lauréate, Geneviève Zabré, docteure au sein du laboratoire de physiologie animale de l’Université Ouaga I Pr-Joseph-Ki-Zerbo, a été primée parmi 18 candidats venus de nombreux pays. Dans cet entretien qu’elle a accordé à votre journal Lefaso.net, elle revient sur le concours, mais également sur la pertinence de sa thèse « Utilisation des plantes médicinales dans la lutte contre le méthane émis par les ruminants : cas des ovins » qui a séduit le jury. Lisez plutôt !

Lefaso.net : Vous avez été lauréate du concours international « Ma thèse en 180 secondes », pouvez-vous revenir sur cette finale ?

Geneviève Zabré (G.Z.) : La finale s’est bien passée de façon générale. Elle s’est tenue à l’Université de Lausanne, le 27 septembre dernier. C’est un concours qui a regroupé 18 pays dont le Burkina Faso et ce sont 18 doctorants évidemment dans les domaines de la recherche, pas forcément du monde scientifique. Il y avait pas mal de thématiques, des littéraires, des scientifiques, etc.

Lefaso.net : A votre avis, qu’est-ce qui a fait pencher la balance de votre côté lors de cette finale ?

G.Z. : Ce que je pourrais dire, c’est que c’est d’abord un coup de cœur ; c’était ma diapositive. Le jury, après délibération, m’a fait savoir qu’il avait beaucoup aimé ma diapositive, parce qu’elle présentait le problème : il y avait le mouton, il y avait la bombe et il y avait la planète qui pleurait.
En regardant ma diapositive, ils ont tout de suite compris ce dont je vais parler. Et en bas, il y avait une solution qui n’était rien d’autre qu’une plante médicinale que j’avais matérialisée et qui éliminait ces bactéries qui faisaient pleurer la planète. Donc en gros, disons que ma diapositive a été pour beaucoup.

Ils ont aussi aimé le côté humour, parce qu’ils disent que j’ai réussi à les captiver, j’ai réussi à leur transmettre le message de façon simple et ils ont bien compris le message.

Lefaso.net : Qu’est-ce qui vous a motivée à vous intéresser à ce thème, notamment l’utilisation des plantes médicinales dans la lutte contre le méthane émis par les ruminants, les ovins en l’occurrence ?

G.Z. :
Vous savez comme moi qu’aujourd’hui, on ne fait que parler de changement climatique. L’élevage contribue énormément au réchauffement climatique, parce que les animaux émettent du méthane. Le méthane n’est rien d’autre qu’un gaz qui est produit dans la panse du mouton et qui est rejeté dans l’atmosphère lorsque le mouton rote.
En fait c’est un phénomène naturel, le mouton n’a pas trop le choix, il est obligé d’émettre ce gaz dans l’atmosphère. Ce gaz va se cumuler avec les autres gaz à effet de serre que nous avons dans l’atmosphère et va contribuer à réchauffer davantage notre climat.

Pourquoi j’ai choisi ce thème ? Nous avons nos plantes médicinales, nos plantes locales qui sont déjà connues et utilisées par les éleveurs. Moi je teste l’efficacité de ces plantes sur les nématodes gastro-intestinaux. Et je me suis dit, si nous sommes dans un contexte de réchauffement climatique, pourquoi ne pas tester ces mêmes plantes sur les bactéries méthanogènes qui contribuent au réchauffement climatique ? Voilà un peu ce qui m’a attirée vers ce thème.

Lefaso.net : Pouvez-vous résumer en quelques mots votre thèse ? Que doit-on en retenir ?

G.Z. : Ce qu’il faut retenir, c’est très simple. Nos plantes médicinales ont la capacité de réguler les gaz à effet de serre libérés dans l’atmosphère et du coup réduire le réchauffement climatique.

Lefaso.net : Après cette reconnaissance sur le plan international, quelle est la suite ?

G.Z. : Ce concours n’est pas qu’un simple concours, c’est une formation, c’est aussi un partage d’expériences. Et ça a été aussi l’occasion pour moi de collaborer avec d’autres chercheurs qui venaient d’autres universités et d’autres pays.
Avec l’Université Félix-Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire, on a gardé un bon contact et bientôt on verra comment travailler ensemble dans le domaine des plantes médicinales. Il y a mon collègue du Cameroun qui travaille aussi sur les plantes médicinales, mais dans le soin des maladies. Dans un futur proche, on espère valoriser ces collaborations.

Lefaso.net : Quelles sont vos perspectives ?

G.Z. : Je souhaiterais faire un post-doctorat pour confirmer in vivo le travail que j’ai fait sur le méthane, parce que c’était un travail in vitro. Ce serait bien de pouvoir le confirmer in vivo. Déjà, je sais que ces plantes ne sont pas toxiques, je les ai testées sur les souris de laboratoire, jusqu’à 2 500 milligrammes par kilogramme de poids corporel. Donc ces plantes ne sont pas toxiques par voie orale. Et dès lors que ce n’est pas toxique, je pense qu’on pourrait les valoriser pour les éleveurs.

Lefaso.net : Quel est votre ressenti aujourd’hui en tant que lauréate du concours international « Ma thèse en 180 secondes » ?

G.Z. : C’est un sentiment de joie, mais aussi de reconnaissance, parce que derrière ce travail, ce n’est pas moi, c’est un travail d’équipe. Ce texte, c’est vrai que je l’ai écrit, mais on a travaillé ensemble, surtout dans le laboratoire de physiologie animale, tous les doctorants ont apporté quelque chose. Disons que ce sont de petites pièces collées qui ont finalement donné un beau texte apprécié par le jury. Donc c’est véritablement un travail d’équipe.

Lefaso.net : Un dernier mot ?

G.Z. : Un mot de fin, c’est de remercier l’AUF (Agence universitaire de la francophonie) pour les formations. Avant tout on a été formé. Avant même la finale nationale, pendant la finale nationale et après la finale nationale, on a eu pas mal de formations. Je voudrais remercier aussi l’IRD, ainsi que le Pr Bonzi. Elle a beaucoup œuvré pour que les femmes sortent de leurs coquilles, parce que ce n’était pas évident que les femmes puissent participer. Je tenais vraiment à lui dire merci.

Merci également aux autres partenaires, l’ambassade de France, le FONRID. Je remercie aussi mes encadreurs, parce qu’en fin de compte, le travail, c’est eux. J’ai un directeur et un co-directeur de thèse, donc c’est l’occasion pour moi de leur dire merci pour tout l’accompagnement qu’ils m’ont apporté. Merci aussi aux autres doctorants qui m’ont encouragé de quelque manière que ce soit.

Pacôme Zongo
Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 17 octobre 2018 à 20:23, par Nobga En réponse à : Geneviève Zabré, lauréate du concours international « Ma thèse en 180 secondes » : Un sacre qui honore le Burkina Faso

    Toutes nos félicitations ! Que Dieu Tout Puissant t’accompagne dans la suite de tes futurs travaux. Cela va motiver et libérer non seulement les femmes mais également les autres chercheurs burkinabè.

  • Le 17 octobre 2018 à 21:41, par Mafoi En réponse à : Geneviève Zabré, lauréate du concours international « Ma thèse en 180 secondes » : Un sacre qui honore le Burkina Faso

    L’exemple,la bravoure de cette dame c’est que Thomas Sankara voulait inculquer à chaque Burkinabè à savoir compter sur soi-même et dans la dignité.En effet malgré que ces criminels qui nous gouvernent depuis 30 ans ont cassé délibérément notre système éducatif parcequ’ils ont la possibilité avec le pillage de nos ressources d’envoyer leurs rejetons en Europe,il arrive malgré tout que des compatriotes très courageux à l’exemple de Mme Geneviève Zabréà se distinguent positivement à force de travail et de persévérance.Bravo Mme Geneviève Zabré

    • Le 18 octobre 2018 à 08:22, par Ka En réponse à : Geneviève Zabré, lauréate du concours international « Ma thèse en 180 secondes » : Un sacre qui honore le Burkina Faso

      Oui Mafoi tu as tout dit : Surtout ce que désirait le visionnaire et fils du continent Africain qui était Thomas Sankara : celui qui savait que tout le potentiel vital mondial était dans notre continent, et il fallait se réveiller comme les chinois pour être parmi les premiers. C’est pourquoi il avait commencé à dire au peuple Burkinabé, ‘’’consommé ce que vous produisez qui fera avancer le Burkina,’’’ comme la découverte de cette jeune femme qui pourra en parti nous prolongé la vie avec le problème climatique qui est très sérieux mondialement.

      Malheureusement Mafoi, le mal en Afrique, c’est l’égoïsme de ses dirigeants de pacotille sans vision à long terme. Ayant côtoyer le visionnaire Thomas Sankara de Tananarive a Pô, jusqu’à son dernier souffle au Conseil de l’Entente, il disait que la meilleure façon de distribuer les richesses de notre continent, c’est de permettre aux populations de cogérer leurs terres avec ceux qui ont la capacité de les mettre en valeur comme nos plantes médicinales dont la première plante poussé en Afrique est utilisée partout par les usines des produits pharmaceutique pour la quinine et autres, sans oublié qu’il y a d’autres plantes comme celles que vient découvrir cette jeune femme.

      Ayant été un conseiller technique au développement auprès de Thomas Sankara et d’autres régimes de notre pays, j’ai toujours fait savoir d aux décideurs que Dieu dans sa bonté infinie a doté l’Afrique de toutes les richesses, un sous-sol scandaleusement riche, un sol vaste et fertile et bien arrosé, un climat superbe d’été permanent, un soleil généreux, et enfin un peuple jeune et travailleur. Le seul problème, ce sont des hommes politiques, cupides et d’une pauvreté et misère d’esprit à nul autre comparable. Voici où se trouve le vrai problème de l’Afrique.

      Depuis des siècles, toutes découvertes et changement global sont en faveur de l’Afrique. Mais le mal qui nous ronge avec nos hommes politiques, empêchent l’Afrique de tirer les meilleurs opportunités de ces changements. Lorsqu’on parlait de biocarburants quand j’étais étudiant à paris dans les années 1970, l’Afrique était la mieux placée. De même en matière d’énergie solaire, l’Afrique est encore mieux placée. Avec la ruée vers les terres dont les chinois raffolent, l’Afrique présente encore les meilleurs atouts. Si nous avions des Gouvernants soucieux du devenir de leurs peuples, il y a ici matière à développer avec les terres et aussi à la protégé avec des jeunes compétences comme cette jeune femme avec sa découverte, comme il y en a partout à travers le continent. Oui Mafoi, les impérialistes et leurs valets d’assassins ont éliminé le visionnaire Thomas Sankara qui devait rendre le continent parmi les continents le plus puissant du monde. Je dis Bravo à ma jeune fille G. Zabré

  • Le 18 octobre 2018 à 01:12, par Scientismus En réponse à : Geneviève Zabré, lauréate du concours international « Ma thèse en 180 secondes » : Un sacre qui honore le Burkina Faso

    Felicitations. mais "..pas tous du monde scientifique...", ca veut dire quoi ? Comment vous definissez donc le mot "science" ? Quand on parle du monde scientifique, il y a tous ceux qui font la recherche,litteraires comme sciences plus ou moins exactes. Ils se fondent sur une approche, et de facon plus etroite, sur une method(ologie. C’est dommage que beaucoup des scientifiques relevant des disciplines comme la geologie(Professeur Nidawa, vous etes a l’ ecoute ?), al biologie, la phsysique, les maths, etc., manquent terriblement de culture generale. La recherche scientifique, c’est toute recherche qui se fonde sur l’ observable, les 5 sens, pas forcement la biologie, les maths, la chimie, la physique, etc. la recherche scientifique nous permet de ne rien avancer que nous ne pouvons pas prouver. Et on n’a pas besoin de faire cette preuve necessairement une vitro, car l’ objet de la recherche n’ est pas toujours le meme.En sciences humaines( deja c’ est science), on ne peut pas se permettre de faire la recherche experimentale. Peut- on mettre des jeunes enfants nes la meme annee les uns dans une prison pendant dix ans, et les autres les laisseer en liberte, pour permettre aux philosophes de "theser" sur les effets de la liberte ? Pour permettre aux sociologues de tirer leurs conclusions ?

    • Le 18 octobre 2018 à 12:38, par @Scientismus En réponse à : Geneviève Zabré, lauréate du concours international « Ma thèse en 180 secondes » : Un sacre qui honore le Burkina Faso

      Félicitations, Mme Zabré mais je suis d’ accord avec l’intervenant. Une thèse est déjà scientifique. Sinon, les auteurs ne seraient pas là- bas aussi. Il y a une problème dans la mentalité de nos “scientifiques”. Arrêtez ça. Décolonisez vos mentalités. Nidawa se foutait trop des sciences humaines et sociales.

    • Le 18 octobre 2018 à 14:34, par salif En réponse à : Geneviève Zabré, lauréate du concours international « Ma thèse en 180 secondes » : Un sacre qui honore le Burkina Faso

      Mon très cher Scientismus vous avez répondu à votre question. Vous dites qu’en sciences humaines on ne peut pas se permettre de faire des expériences comme en sciences exactes. Ce qui veut dire qu’il y a une différence. Donc il y a science et science. c’est pourquoi pour faire simple elle a parlé de scientifiques et de littéraires.

      • Le 18 octobre 2018 à 20:54, par Scientismus En réponse à : Geneviève Zabré, lauréate du concours international « Ma thèse en 180 secondes » : Un sacre qui honore le Burkina Faso

        Donc, si moi je suis un chercheur en linguistique, je ne suis pas un scientifique ? Apprends a mieux reflechir. Relis ce qu’ elle a dit. La notion de scientifique n’ est pas claire dans sa tete et elle est meme obscure dans la votre. Reconnaitre ses limites honore l’ humain. Perseverer dans l’ erreur revele le diable en vous. "La finale s’est bien passée de façon générale. Elle s’est tenue à l’Université de Lausanne, le 27 septembre dernier. C’est un concours qui a regroupé 18 pays dont le Burkina Faso et ce sont 18 doctorants évidemment dans les domaines de la recherche, pas forcément du monde scientifique. Il y avait pas mal de thématiques, des littéraires, des scientifiques, etc." Conitnuer cete pauvre guerre de "il y a science et science". Si cet imperialisme mesquin de votre discipline vous donne l’ impression d’ exister, continuez.Sinon, une publique d’ un psychologue ou d’ un geographe ou d’ un litteraire est bel et bien scientifique. N’ en deplaise votre complexe mal place. Comment a= t= ondonc pu comparer des mangues a des oranges, des chercheurs non scientifiques a des chercheurs scientifiques ?

  • Le 18 octobre 2018 à 06:14, par Atrap Le Moize En réponse à : Geneviève Zabré, lauréate du concours international « Ma thèse en 180 secondes » : Un sacre qui honore le Burkina Faso

    Je tire mon chapeau à cette esclave aux orteils écartés et mangeuse d’arachides ! Bravo ! Tu fais honneur aux africains et particulièrement à notre chère patrie. C’est de cette façon que nous devons conquérir le respect des autres au lieu d’exceller dans les pitreries de tous genres sur Facebook et autres réseaux sociaux. Bel exemple à suivre par beaucoup de jeunes au lieu de chercher des raccourcis pour s’enrichir. Encore, toutes mes félicitations et que Dieu te bénisse ; je suis fier de toi.

  • Le 18 octobre 2018 à 07:51, par HUG En réponse à : Geneviève Zabré, lauréate du concours international « Ma thèse en 180 secondes » : Un sacre qui honore le Burkina Faso

    Courage et félicitation à vous. Thomas SANKARA sera fier de vous car il aimait ces genres de personnalité. Vous avez fait la fierté de mon chers pays le Burkina Faso. Malheureusement beaucoup d’intellectuels de mon pays mettent leur intelligence au cachot pour pouvoir bénéficier des avantages mesquins. Encore félicitations à vous et surtout longue vie à vous.

  • Le 18 octobre 2018 à 21:06, par bamos En réponse à : Geneviève Zabré, lauréate du concours international « Ma thèse en 180 secondes » : Un sacre qui honore le Burkina Faso

    Mes freres c est ca on appelle vrai docteur.Elle a fait ses preuve et tout le monde comprend et en meme temps sa these est exploitable.Mais souvent on voit des gens qui soutennent on ne comprend rien.C est docteur un tel,docteur ceci.C est cette dame qui est vrai docteur au Burkina. Le citoyen lamda comprend ce qu elle a fait comme travail.

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