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« La CPI n’est pas du tout une institution qui vise à écraser les peuples… », Ambassadeur de France au Burkina, Xavier Lapeyre de Cabanes

Publié le lundi 8 octobre 2018 à 22h00min

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« La CPI n’est pas du tout une institution qui vise à écraser les peuples… », Ambassadeur de France au Burkina, Xavier Lapeyre de Cabanes

Le 17 juillet 2018 marquait le 20e anniversaire de l’adoption du Statut de Rome, traité fondateur de la Cour pénale internationale, qui vise à protéger les personnes contre le génocide, les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et le crime d’agression. Au Burkina, cette halte a eu un grand écho par l’initiative du Centre africain de droit international pénal et de droit humanitaire (CADIPH), de concert avec l’Institut supérieur de sécurité humaine (ISSH) et le soutien de l’Ambassade de France au Burkina. Ainsi, trois grandes activités ont eu lieu, les 3, 5 et 6 septembre 2018, dans les deux plus grandes villes du pays (Bobo et Ouaga).

« Nous avons jugé qu’il était important de commémorer ces 20 ans en Afrique francophone, notamment au Burkina Faso. Pour nous, c’est une occasion de faire venir des experts, parler non seulement des statuts et mécanismes de la CPI, mais aussi répondre à un certain nombre de questions que les intellectuels (et même les populations dans leur ensemble) se posent. C’est pourquoi la présence de ces éminents praticiens est une occasion d’échanges, de parler, de poser toutes les questions, sans tabou et de faire connaitre les activités de la Cour ainsi que la justice pénale internationale d’une manière générale », a campé Dr Emile Ouédraogo, directeur exécutif du Centre africain de droit international pénal et de droit humanitaire (CADIPH).

Première initiative d’envergure du CADIPH (créé en septembre 2017), cette instance commémorative a été une occasion d’introspection et de projections. Elle a été marquée par trois grandes activités auxquelles ont pris des experts venus également de la Haye, notamment Maître Xavier Jean Keïta, conseil principal du Bureau du Conseil public de la défense de la CPI ; et Dahirou Sant-Anna, conseiller en coopération internationale au Bureau du procureur de la CPI.

Ainsi, le 3 octobre 2018 s’est tenue une conférence publique à l’Université Nazi-Boni à Bobo-Dioulasso. Dans la soirée du 5 octobre, l’initiative a regroupé le corps diplomatique, des leaders politiques et des responsables d’institution, suivie, le 6 octobre, d’une conférence publique à l’ISSH sis à Ouaga 2000. Des activités qui ont toutes enregistré de l’engouement.

Dans une présentation générale, Dr Emile Ouédraogo a indiqué que le CADIPH, premier du genre en Afrique francophone, vise à combler un vide dans l’espace francophone africain à travers, entre autres, la formation et la diffusion du droit pénal international et du droit humanitaire. « Les différentes branches du droit international sont incontournables, en raison de la multiplication des conflits armés et des crises politiques particulièrement aiguës », justifie l’enseignant-chercheur à l’Université Nazi-Boni, Dr Emile Ouédraogo.

Dr Émile Ouédraogo

Le président du Conseil d’administration de l’ISSH, Dr Zacharia Tiemtoré, lui, a exprimé sa satisfaction de voir relever le challenge de parler de justice pénale internationale, et même mieux, de faire la promotion de cette juridiction pénale internationale dans un contexte où elle est objet à toutes les critiques.

« L’être humain n’est productif que s’il se sent en sécurité. (…). Si vous avez un comportement exemplaire, nous n’avez pas besoin d’être inquiet de quoi que ce soit. Aussi, vous serez bien contents d’avoir de la protection lorsque vous êtes torturés, lorsque vous avez subi des crimes (directement ou indirectement) et c’est en cela que la CPI est importante, en dépit de ce qui est dit sur elle (parfois des critiques pas bien-fondées) », défend le responsable de l’ISSH.

L’ancien ministre délégué en charge de l’Alphabétisation, M. Tiemtoré, est persuadé que dans un monde en proie à des destructions de toutes natures, il faut agir dans une quête permanente de dignité pour tous. L’être humain est capable du meilleur, indique-t-il.

Selon l’ambassadeur de France au Burkina, Xavier Lapeyre de Cabanes, si la CPI fait l’objet de critiques acerbes de la part des grandes puissances, c’est parce que leur puissance est mise à mal dans le droit international. Le diplomate dit préférer l’existence d’une justice perfectible que l’absence totale d’une institution internationale chargée de trancher les questions de justice.

« La CPI est un instrument unique au monde, une Cour permanente qui juge les crimes commis par des individus (dirigeants, opposants ou pas), crimes d’une exceptionnelle gravité. La Cour est actuellement assez attaquée, d’abord par les grandes puissances qui n’en veulent pas (les USA, la Russie, la Chine, qui n’ont pas voulu signer ce statut, en pensant que c’était risqué pour elles ; ce qui en dit long sur la façon de voir le monde et leur intervention dans le monde) et elle est également remise en cause par les dictateurs qui sont poursuivis par la CPI », expose Xavier Lapeyre de Cabanes.

Le Burkina Faso est un pays qui veut promouvoir la CPI, indique le diplomate. « Le Burkina a une démocratie jeune, et pour lui, c’est important qu’une Cour comme celle-ci puisse exister », scrute l’ambassadeur.
Le diplomate se dit également convaincu que, vue de l’Afrique, la CPI est un instrument merveilleux pour lutter contre les dictateurs qui tuent leur peuple. La CPI n’est pas du tout un instrument néo-colonial, réplique-t-il.

le représentant du ministre de la justice (haut)

« Ce n’est pas du tout une insitution qui vise à écraser les peuples, au contraire, c’est un instrument dans la main des peuples contre leurs dirigeants qui veulent violer la loi », souligne l’ambassadeur.
Pour le ministre de la Justice, des Droits humains et de la Protection civique, Garde des sceaux, président de la cérémonie (et représenté à l’activité), cette cérémonie commémorative traduit l’engagement indéfectible du CADIPH à vulgariser le droit international pénal et le droit humanitaire par la présentation de la justice pénale internationale en général et de la CPI en particulier. Le ministère de la Justice perçoit en la CPI, un signal fort de la communauté internationale face aux violations ignominieuses des droits de l’Homme.

Cliquez ici pour lire aussi : Justice : la Cour pénale internationale en débat à Ouagadougou, les 5 et 6 octobre prochains

O.L
Lefaso.net

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