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Rumeurs sur le départ du ministre de la Défense : « Je n’ai pas posé de conditions pour entrer dans le gouvernement, je ne vois pas comment je peux en poser pour quitter », dixit Jean-Claude Bouda

Publié le lundi 8 octobre 2018 à 23h59min

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Rumeurs sur le départ du ministre de la Défense : « Je n’ai pas posé de conditions pour entrer dans le gouvernement, je ne vois pas comment je peux en poser pour quitter », dixit Jean-Claude Bouda

Suite à notre publication du vendredi 5 octobre 2018 faisant état de rumeurs sur un possible départ du ministre charge de de la Défense nationale, celui-ci a tenu à réagir. Dans cette interview qu’il nous a accordée à son cabinet dans l’après-midi du 8 octobre, Jean-Claude Bouda, donne sa version sur cette question. Au cours de ce même entretien, le ministre est revenu sur les propos qui lui sont prêtés sur la définition de l’infanterie et parle aussi de la situation sécuritaire du Burkina.

Lefaso.net : Quelle est votre réaction face aux rumeurs faisant état de votre départ de la tête de la Défense nationale ?

Jean-Claude Bouda : J’aimerais tout d’abord déplorer ce qui s’est passé. Du point de vue de l’équilibre de l’information, on aurait pu m’approcher pour avoir ma version des faits. Chose qui n’a pas été faite.

Vous parlez des rumeurs de mon départ, moi aussi, j’entends cela comme vous. Je crois que c’est surtout l’opposition politique, qui au cours de sa marche, a réclamé haut et fort que nous soyons limogés. J’ai constaté aussi que le chef de file de l’opposition, à toutes ses sorties, s’en prend au ministre de la Défense que je suis ; ce n’est pas nouveau. Je pense que dans une République, quand on sert un pays, dans tous les cas, à un moment ou à un autre, on est bel et bien obligé de partir ; le problème n’est pas à ce niveau.

Avez-vous posé des conditions pour quitter le ministère ?

Une République fonctionne avec des règles, ce n’est pas la République de Gondwana quand même. Comment pourrais-je poser des conditions pour quitter le gouvernement ? Je n’en ai pas posées pour entrer, donc je ne vois pas comment en poser pour en quitter. Mais je reconnais et je remercie le Président du Faso pour m’avoir fait confiance en me nommant à deux reprises (ministère de la Jeunesse et de la Défense nationale). Je pense que c’est une très bonne confiance, surtout que le poste de la Défense est stratégique. Si d’aventure, il venait à me changer, je pourrai dire que j’ai pu servir mon pays à un très haut niveau et c’est avec beaucoup d’honneur que je l’ai fait.

Compte tenu du contexte actuel où le Burkina Faso subit beaucoup d’attaques terroristes, comment s’organisent les opérations sur le terrain, même sans entrer dans les détails ?

Je voudrais tout d’abord m’incliner très respectueusement devant la mémoire de tous les braves soldats qui sont tombés à cause de ces attaques meurtrières et ces balles assassines des lâches terroristes. Je voudrais aussi souhaiter un prompt rétablissement à tous ceux qui ont été meurtris dans leur chair par des blessures au cours de ces attaques. Je vous rassure que c’est avec beaucoup de douleur que nous vivons cette situation. C’est une guerre qui nous a été imposée. Malheureusement, elle a son lot de décès, de désolation et crée une psychose au sein de la population ; mais je peux vous rassurer que les forces armées nationales ne croiseront pas les bras face à cette situation.

Je ne rentrerai pas dans les détails, mais dans les jours à venir et comme on l’a toujours fait, des opérations seront menées pour combattre ces terroristes. Nous ne sommes pas seuls dans cette lutte, vous avez vu très récemment le commandant de la force conjointe du G5 Sahel qui a annoncé qu’à leur niveau des opérations seront organisées très bientôt pour ramener la paix, la stabilité et la quiétude dans nos différents pays.

Toujours dans ce contexte, quel message avez-vous à l’endroit des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) ?

Je tiens tout simplement à leur dire qu’ils ont fait le choix du métier des armes ; ce n’est pas un choix facile, car ils ont choisi de défendre la patrie au prix du sacrifice suprême. C’est vrai, nous vivons de moments difficiles. Je leur demande de garder le courage, de rester déterminés et de rester engagés. Cette lutte contre le terrorisme, nous allons la gagner. Vous savez, le mal n’a jamais triomphé sur le bien. C’est dur, mais qu’ils sachent qu’ils ont tout le gouvernement, tous les honnêtes citoyens avec eux, et tout sera mis en œuvre pour que leur mission puisse s’accomplir avec beaucoup d’efficacité.

Quant à l’ensemble des Burkinabè, quel message avez-vous à leur endroit ?

Au peuple burkinabè de manière générale, je reconnais très sincèrement que je suis très peiné face à cette situation où nous enregistrons des blessés, des morts, des victimes innocentes. Je comprends la douleur des populations, mais je voudrais simplement leur demander qu’il faut que nous restions unis et solidaires. Ce n’est pas le gouvernement ou un parti qui est attaqué mais plutôt la nation qui est attaquée. Nous devrions faire preuve d’union sacrée, parce que c’est ensemble que nous viendrons à bout de cette barbarie.

Je voudrais profiter encore dire qu’aujourd’hui, nous sommes surtout victimes des engins explosifs improvisés, des mines artisanales. C’est pourquoi, j’appelle les populations à la collaboration. S’ils voient des individus suspects en train de creuser, qu’ils signalent cela aux Forces de défense et de sécurité. C’est une guerre du renseignement.

Il y a eu, il y a quelques jours, cette polémique à propos de la définition du « infanterie », au cours de votre audition à l’Assemblée nationale, Monsieur le ministre, qu’en est-il au juste ?

Nous étions auditionnés à l’Assemblée, au cours d’une séance plénière à huis clos. Il s’est agi de faire le point sur la situation sécuritaire, les mesures que le gouvernement compte prendre pour lutter contre le terrorisme et de voir comment l’ensemble des forces de défense et de sécurité, avec le peuple, peuvent s’organiser pour venir à bout de ce phénomène. Au cours de cette séance, nous avons enregistré plus d’une cinquantaine d’intervenants, et chacun a posé en moyenne deux à trois questions donc nous avons enregistré plus de cent cinquante (150) questions. La séance a commencé à 10h et nous avons fini à 17h. Il n’y a jamais eu une question qui a été posée sur l’infanterie. C’est au détour d’une réponse qu’on a demandé pourquoi les jeunes étaient les plus exposés, les plus victimes. Nous avons expliqué que dans toutes les armées du monde, ce sont les jeunes qui sont les plus aguerris, qui ont plus d’endurance, qui mènent les missions de reconnaissance et qui sont aux avant-postes. Et là, j’ai donné la définition de l’infanterie qui est tirée du mot « infantere », en italien dont tout le monde connaît le sens, jeune soldat fantassin. Dans ma définition, j’ai été complété par le Chef d’Etat-major général des armées. En quoi cela peut-il devenir un sujet de polémique ? Nous n’étions pas dans un débat d’étymologie et de sémantique. Quand on détache une phrase de son contexte, c’est vrai qu’on en fait toute les interprétations. Et ce qui me surprend, c’est une séance à huis clos ; peut-être que les journalistes ont la faculté d’être dans les huis clos. Voici une polémique inutile, qui n’apporte rien au fond des débats qui touchaient à la sécurité de notre pays. On ne va pas quand même m’apprendre le français. C’est vraiment insulter mon intelligence que d’avoir fait courir cette rumeur-là !

Propos recueillis par Cryspin Masneang Laoundiki
Lefaso.net

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