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Procès du putsch manqué : « Lota », le commerçant-politicien, à la barre

Publié le vendredi 5 octobre 2018 à 16h05min

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Procès du putsch manqué : « Lota », le commerçant-politicien, à la barre

Les auditions dans le cadre du procès du putsch manqué de 2015 se sont poursuivies ce jeudi 4 octobre 2018. À la suite du magistrat-militaire, le colonel Abdoul Karim Traoré, c’est Abdoul Karim Baguian dit « Lota » qui s’est présenté à la barre. Ce dernier, commerçant de profession et politicien de fonction, accuse ses adversaires politiques de l’avoir conduit devant le Tribunal militaire.

L’interrogatoire du colonel Abdoul Karim Traoré, magistrat-militaire, s’est poursuivi ce jeudi à la barre du Tribunal militaire. L’écrivain, qui dit s’être rendu au camp Naaba Koom II par simple curiosité pour rencontrer le général Diendéré, est resté droit dans ses bottes durant le temps de sa comparution.

Bien qu’il soit allé de son propre gré vers les putschistes, il ne reconnaît pas avoir appuyé, ni assisté ces derniers à poser des actes entrant dans le cadre d’un attentat à la sûreté de l’État. Au contraire, il souhaite qu’on lui reconnaisse le mérite d’avoir initié une médiation pour mettre un terme à ce carnage. Malheureusement, même la hiérarchie militaire ne l’a pas écouté.

Des aveux qui laissent dubitatif Me Ali Neya, l’un des avocats de l’accusation. « Quand on ne se reproche rien, on n’a pas besoin de prendre trois cabinets d’avocats pour sa défense », lance-t-il à l’accusé. Pour l’avocat, il n’y a pas de doute que le magistrat-militaire a soutenu le coup d’État et beaucoup de preuves l’accablent. En témoignent les SMS qu’il a échangés avec le général Diendéré, du genre « j’assume avec vous », sans compter les 5 millions de francs CFA qu’il a pris pour son mouton de Tabaski. Avant de quitter la barre, le magistrat-militaire dont l’un des avocats, Me Dieudonné Wili, a annoncé la sortie du livre sur le putsch manqué, dit avoir été victime de ce coup de force puisqu’il a perdu son frère lors des évènements. Tout en réaffirmant son amour pour sa patrie, il présente ses condoléances aux familles éplorées et prompt rétablissement aux blessés.

À la suite du colonel, est appelé à la barre Abdoul Karim Baguian dit « Lota », commerçant de profession et militant du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). L’homme, qui se qualifié de « politicien », est accusé de complicité de coups et blessures volontaires et de dégradations volontaires aggravées de biens. « Lota » plaide partiellement coupable. Il reconnaît avoir porté des coups sur la personne de Nicolas Kaboré, le 20 septembre 2015, à l’hôtel Laïco. Pour le reste, il s’en lave les mains.

Le 17 septembre 2015, l’accusé reconnaît avoir répondu à l’appel de l’ex-maire de l’arrondissement 11, madame Bikienga, pour un rassemblement au Rond-point des martyrs. Il y retrouve d’autres camarades tel que le député Salifou Sawadogo pour prôner l’inclusion, puisque des leaders de son parti, le CDP, avaient été écartés des élections qui se profilaient. Il dit s’être rendu au domicile du défunt Salifou Diallo pour faire libérer des jeunes qui s’y étaient rendus. Ce domicile, selon le parquet et les témoignages, a été incendié par des jeunes avec pour instigateur « Lota », le 18 septembre 2015. Ce que l’accusé réfute.

Mais le parquet dit douter de la bonne foi de l’accusé, car pendant la phase de l’instruction, il a tout renié en bloc. Et ne s’est ramolli que quand le juge d’instruction lui a fait visionner la vidéo le montrant entrain d’assener des coups à quelqu’un à l’hôtel Laico. Donc il est tout à fait normal qu’il nie les faits concernant l’incendie du domicile du défunt président de l’Assemblée nationale, alors que des témoignages l’accablent. À cela, l’accusé répond que ce sont ses détracteurs politiques qui ont pris le temps de fabriquer des témoins pour le charger. Sinon, le 18 septembre 2015, il avait accompagné son ami transporteur à la frontière du Ghana, en passant par Pô. Son interrogatoire se poursuit ce vendredi 5 octobre 2018.

Marcus Kouaman
(kmagju@gmail.com)
Lefaso.net

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